Et viva la banda !

24 septembre 1994
12m 07s
Réf. 00318

Notice

Résumé :

Orchestres de tradition espagnole, les bandas animent les ferias et les corridas dans le sud-ouest de la France. A Parentis, rencontre avec les membres de Los Pegaillouns qui nous livrent leur amour pour les bandas, tandis qu'à Paris le journaliste Alex Duthil nous propose une approche historique et sociale de cette forme musicale intimement liée à la tradition tauromachique.

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Date de diffusion :
24 septembre 1994
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Éclairage

Les bandas de musique font intimement partie des fêtes landaises. Issues d'une tradition héritée des fêtes de Pampelune, elles regroupent souvent les membres les plus jeunes des harmonies ou des écoles de musique municipales.

Elles portent la plupart du temps un nom à consonance espagnole ou gasconne et se distinguent par un habillement coloré spécifique à chacune d'entre elles. Essentiellement formées de cuivres et de percussions, leur répertoire comprend en majorité des rythmes venus d'Espagne, du Pays basque ou des Landes. Mais elles proposent de plus en plus des répertoires variés, allant de la musique traditionnelle de type paso doble, fandango, jota, arin arin ; jusqu'aux mélodies blues ou jazz, en passant par des rythmes latino et salsa ou encore des airs de variétés.

Les bandas sont en général chargées d'assurer l'animation musicale des fêtes dans les rues et aux terrasses des cafés ou des bodegas, et parfois dans les arènes en alternance avec les harmonies municipales. Leur rôle est d'entraîner le public à danser et chanter avec eux. Dans les fêtes les plus importantes, comme à Dax, un moment particulier est réservé au défilé de toutes les bandas, qui animent par ailleurs une messe spéciale (voir La banda Los calientes de Dax).

De nombreux rassemblements regroupent régulièrement ces fanfares, en France comme en Espagne ou même en Belgique. Elles ont également une compétition annuelle, le "Festival européen de bandas y peñas", organisé à Condom dans le Gers.

François Bordes

Transcription

(Musique)
(Bruit)
Alex Dutilh
Les bandas ne se prennent heureusement jamais au sérieux, c’est des musiques de fête, c’est un esprit de fête, ils sont là pour s’amuser, nous amuser quoi. C’est, et le nom va avec.
Pierre Gorry
Le nom de Pegaillouns, c’est un nom patois qui veut dire en fait les petits fous. Un peg en patois, c’est un fou. Et un pegailloun, c’est un petit fou, c’est un diminutif.
(Bruit)
Intervenant
C’était si vous voulez une ceinture d'effort. Parce qu’on, elle était plus large et on l’a portée pour éviter les coups de cornes des vachettes autrefois. Et nous, on l’a diminuée un tout petit peu.
Alex Dutilh
Cette espèce de, de faux costume qu’ils ont, qui sont ces vestes de toiles bicolores ou tricolores et cetera, qui sont la couleur de la banda ou de la ville dont ils viennent et cetera, est un faux uniforme parce qu’en même temps il y a, il y a beaucoup de désordres. C’est-à dire qu’ils ne marchent pas au pas, ils sont pas alignés, mais il y a, y a une volonté d’être comme si on était aligné, comme si on marchait au pas et ce petit décalage-là qui fait toute la différence quoi.
(Musique)
Alex Dutilh
La naissance des bandas en France est complètement liée à la féria de la San Fermin de Pampelune. Et c’est euh, tout simplement je pense, des aficionados, des gens qui aimaient bien faire la fête et qui sont revenus de Pampelune avec l’idée d’avoir des musiques aussi festives pour accompagner les férias du Sud.
Journaliste
C’est du folklore ou c'est de la culture pour vous ?
Pierre Gorry
Ah, pour moi c’est de la culture bien sûr. Du folklore non. C’est quelque chose qui vit, c’est quelque chose qui vit tout le temps, des, il y a tout le temps des morceaux nouveaux qui sortent, toujours, toujours très, très, enfin très fidèles à un certain folklore bien sûr, mais toujours nouveaux. Donc c'est vraiment une culture.
Eric Badets
Oh, les bandas quand même, ça existe depuis euh, dans les Landes c’est depuis une trentaine d’années mais c’est, il y avait quand même, avant les bandas y avait les fanfares et harmoniques faisaient les fêtes et tout ça. Et nous, on est, on a juste été prendre de la musique du côté des Pyrénées et la reporter ici. Mais cette musique-là, elle est, elle est très, très vieille, le fameux Paquito Chocolatero que tout le monde réclame, a été écrit en 1937 par exemple. Donc c’est, [incompris] tout ça ce sont de très vieux morceaux qu’on réarrange nous-mêmes, qu’on prend les morceaux et on les arrange pour notre formation. C’est peut-être pour ça aussi qu’on a, qu’on a cette sorte d’homogénéité musicale et de puissance parce qu’on arrange les morceaux nous-mêmes pour notre formation.
(Bruit)
(Musique)
(Bruit)
(Musique)
Eric Badets
Le rock’n’roll ne passera pas. Non non, ils aiment ça, et si on faisait un sondage justement à l’école de musique, puisque bon, je pense que 80, 80 à 85% des enfants qui vont à l’école de musique, c’est pour venir jouer avec nous. On est très content.
Alex Dutilh
On est dans une période, je dirais plutôt de morosité générale, contexte économique, social et cetera, les fêtes sont un moyen de, sont une soupape de sécurité, c’est le, c’est le couvercle de la marmite qu’on soulève, et les bandas dans ce cadre-là font partie du paysage.
Eric Badets
Les bandas ne mourront jamais, et tant qu’il y aura la fête, de toute manière, y aura des bandas. Tant qu’il y aura les taureaux, les corridas, les, tant qu’y aura San Fermin, y aura des bandas.
(Bruit)
(Musique)
(Bruit)
(Musique)
Alex Dutilh
On a vu apparaître des bandas dans toutes les villes, que ce soit Parentis, que ce soit Pouillon, que ce soit Mugron et cetera, qui sont des villes où il y a des petites arènes et une tradition de taureaux au moment de la féria. Les bandas sans tradition tauromachique, c’est un contresens. Une bandas à Bruges ou à Liverpool, ça peut pas exister quoi.
(Bruit)
Paco
Depuis l’âge de 14 ans, j'avais décidé d'être électricien et puis les conjonctures ont permis que je puisse travailler sur Parentis donc je suis heureux puisque je bosse à Parentis, j’ai mes loisirs à Parentis, que rêver de mieux.
Journaliste
Alors la banda justement, qu’est-ce que c’est, c’est un loisir ?
Paco
Oui, oui. C’est un loisir, c’est une passion, c’est beaucoup de choses, c’est presque une deuxième famille en quelque sorte oui.
Alex Dutilh
Dans le village, ils ont une fonction sociale d’être les amuseurs publics entre guillemets, c’est le, c’est les clowns du roi, donc il y a un côté comme ça sociologiquement valorisant. Y a aussi une fonction plus inconsciente je pense mais qui est la fonction initiatique que jouent les bandas pour les adolescents dans le village. C’est là qu’ils apprennent à être adultes dans, on les autorise à sortir plus tard, à pas d’heure parfois avec un alibi qui est le fait de faire de la musique alors que quand, s’ils avaient pas ça, peut-être que leurs parents seraient plus réticents à les laisser sortir. Ils sortent pour la bonne cause, ils font la découverte de l’alcool, de la séduction du sexe opposé, que ce soit fille dans les bandas ou garçon dans les badas, et cetera. Il y a le prestige du musicien qui joue dans cet aspect-là. Et puis le dernier aspect sociologique important, je pense c’est le brassage de populations parce que dans les bandas, on fait pas de différence ni d’opinion politique, ni de niveau socioéconomique, je veux dire il y a des chômeurs, y a des étudiants, il y a des gens de professions libérales, y a des manoeuvres, y a des gens qui travaillent à la voirie, et tous ces gens-là se créent des relations d’amitié profonde et d’amitié vraie. C’est un ciment social dans un village, je pense aussi.
(Musique)
(Bruit)
Pierre Gorry
J’ai 17 ans d’années de banda je pense.
Journaliste
Et devant ?
Pierre Gorry
Et devant, je n’en sais rien. Autant que, autant que je pourrai en avoir.
Paco
Essayer de continuer la musique le plus longtemps possible, et après faire autre chose, c’est-à dire s’occuper de, de ce qu’il y a tout autour de la banda, la nuit des bandas, préparation des fêtes. Il y a énormément de boulot et pour les jeunes, pour leur donner quelques conseils que nous avons acquis en plusieurs années de fêtes.
Pierre Gorry
Oh, disons que personne ne quitte vraiment la banda. Je pense que on reste toujours attaché à la banda.
(Musique)