Maïsadour et la filière OGM

22 juin 1998
02m 34s
Réf. 00140

Notice

Résumé :

A Mont-de-Marsan, la coopérative Maïsadour étudie différentes variétés de maïs transgéniques capables de résister aux insectes. Or de telles cultures en plein champ auraient des répercussions sur l'ensemble de la filière agricole, notamment sur les élevages de poulets.

Date de diffusion :
22 juin 1998
Source :
France 2 (Collection: JA2 20H )

Éclairage

C'est à partir de 1996 que les cultures d'OGM ont dépassé le stade expérimental pour se retrouver en plein champ et depuis elles ont connu une croissance rapide et régulière, atteignant 148 millions d'hectares en 2010, essentiellement dans trois pays : les Etats-Unis, le Brésil et l'Argentine qui, à eux trois représentent plus des trois-quarts des superficies cultivées en OGM dans une trentaine de pays au total. La moitié de ces surfaces est ensemencée en soja et le tiers en maïs, le reste en cultures diverses comme le coton. Déjà plus de 80% du soja produit dans le monde est un soja transgénique et 30% du maïs. Les modifications apportées à ces semences porte essentiellement sur deux aspects : la résistance aux herbicides et aux insectes, certaines semences combinant les deux.

Il est clair que cette évolution obéit simplement à une logique économique, pour le plus grand profit de quelques grandes firmes produisant ces semences : il est assez significatif de constater que la même firme (Monsanto) qui produit un herbicide très puissant et couramment utilisé (le Roundup) est la même qui "fabrique" des semences de maïs résistantes à ce même herbicide, gagnant ainsi sur les deux tableaux. Par la logique de la concurrence dans un marché mondialisé, des acteurs plus petits, comme les coopératives de producteurs, qui fournissent elles-mêmes des semences, sont conduites à se lancer dans cette production, privilégiant ainsi le court terme aux dépens d'une réflexion plus approfondie sur les dangers d'une telle pratique.

Dangers qu'il n'est guère possible d'ignorer : la recherche à tout prix de matières premières bon marché conduit les éleveurs à s'approvisionner dans des pays où les OGM sont largement dominants. Par ailleurs, il est clair que, dans peu d'années, il ne sera pas possible de trouver du soja non OGM, soja qui est amplement utilisé par les éleveurs, de gros bétail comme de volaille. Qu'il le veuille ou non, le consommateur, souvent sans le savoir, vu les carences de l'étiquetage, se nourrira (et se nourrit déjà) d'OGM.

Francis Brumont

Transcription

Joël Meunier
Voilà, vous êtes dans la banque.
Journaliste
Une chambre froide blindée, la banque à la coopérative Maïsadour, c’est l’entrepôt de 50 000 semences de variétés différentes, le fruit de 60 ans de sélections et de croisements.
Joël Meunier
Alors, la source, elle est là-haut.
Journaliste
Et là, prêt à produire sitôt le feu vert de la ministère de l’Agriculture, plusieurs variétés de maïs transgéniques.
Joël Meunier
C’est un enjeu économique parlant en terme commercial, s’il y a un marché pour les transgéniques, le devoir et la raison d’être de Maïsadour est d’être dedans.
Journaliste
Aujourd’hui, le maïs transgénique est soigneusement isolé. Une serre pour la culture, des sachets pour contrôler le mariage du pollen et des soies, d’où naîtra l’épi.
Jean-Louis Léglize
Le pollen tombe automatiquement sur les soies. Et le processus de fécondation peut, à partir de ce moment-là peut commencer.
Journaliste
Pour la coopérative, le génie génétique permet de développer un maïs résistant aux fléaux des récoltes, un marché porteur.
Jean-Louis Léglize
Nous essayons de développer particulièrement la résistance aux insectes. C’est quand même… On considère que c’est peut-être aussi intéressant d’avoir des plantes qui sont directement résistantes à des maladies.
Journaliste
Première utilisation du maïs, l’alimentation animale, Bernard Tauzia se défend aujourd’hui d’utiliser du maïs génétiquement modifié pour nourrir ses poulets élevés au grain. Mais il faut une distance de 500 m pour éviter que le pollen d’un champ ne vienne féconder les plantations alentours. Impossible donc de garantir son maïs si demain, son voisin plante du transgénique.
Bernard Tauzia
La règlementation l’interdit, on fera ce qu’il faut pour ne pas qu’il en fasse. Mais si la règlementation l’autorise. Tout est question de loi quoi.
Journaliste
Que les poulets mangent du maïs transgénique, c’est donc une question de temps. Mais à part le maïs, les poulets, même les poulets fermiers, mangent déjà jusqu’à 20 % de tourteaux de soja américain transgénique. Il faut donc que la mention figure sur l’étiquette.
Georges Beaujard
Nous serons amenés à étiqueter les aliments destinés aux volailles comme susceptibles de contenir des organismes génétiquement modifiés. Non pas à cause du maïs puisque, je l’ai déjà dit, le maïs, on n’a pas de culture dans les Landes de génétiquement modifiée, mais à cause des sojas.
Journaliste
Plus on se rapproche du client, plus les professionnels se défendent d’utiliser de tels aliments au nom de la qualité. Pourtant à très court terme, poulets mais aussi canards et foies gras seront transgéniques.