L'impact du thermalisme sur l'économie à Dax
Notice
Le thermalisme représente une part importante de l'économie dacquoise. Or depuis 2002 , la fréquentation des thermes est en baisse. La nouvelle directrice de la Compagnie thermale de Dax, Danièle Gey, envisage donc de diversifier l'offre pour attirer une nouvelle clientèle.
Éclairage
Les chiffres parlent d'eux-mêmes : le poids du thermalisme dans le seul département des Landes, en 2010, est de 169 millions d'euros. Cette somme, compte tenu de l'importance de Dax qui se maintient toujours en tête du peloton des 106 villes d'eaux en France, correspond en grande partie à ses propres bénéfices et à ceux de sa voisine Saint-Paul-lès-Dax. Les Landes comptent en effet, outre la "nébuleuse dacquoise" et la vingtaine d'établissements qui s'y rattachent, quatre autres petites communes de tradition thermale, Eugénie-les-Bains, fondée sous le Second Empire sous le parrainage de l'impératrice Eugénie de Montijo [1], Préchacq-les-Bains, Saubusse et Gamarde.
Cependant, partout les mêmes questions se posent face au fléchissement de la fréquentation (15 % de baisse à Dax) : comment redynamiser et attirer une clientèle diversifiée, qui ne vieillit plus comme jadis, partagée, en raison de l'évolution du niveau de vie et du tourisme de masse, entre une offre intérieure importante et des promotions alléchantes vers l'étranger ? Car si, pendant un siècle, une clientèle privilégiée "allait aux eaux", depuis la fin du Second conflit mondial, la donne a changé ; l'État-Providence des Trente Glorieuses a largement participé à la démocratisation de la balnéothérapie qui, malgré la crise, connaît un apogée au début des années 1990 mais tend à diminuer depuis 1993 pour des raisons diverses.
Malgré la création, en 1999, d'un Institut du Thermalisme à Dax, assurant la formation d'un personnel qualifié, fournissant information et documentation sur ce pôle majeur de l'économie locale et développant la recherche, il faut se rendre à l'évidence : les soins curatifs traditionnels ne peuvent seuls permettre de maintenir le chiffre d'affaires dégagé par la fréquentation de 73 989 curistes dans le département [2]. Aussi, le "plan thermal aquitain" prévoit-il deux grandes séries d'actions : la protection de la ressource "eau" associée à l'amélioration de la qualité des prestations et des soins dans le contexte du développement touristique de la ville.
On se doit donc de renouveler l'image de la station-phare du département, comme le souligne la directrice de la Compagnie thermale. Diversifier l'offre pour une clientèle qui assure 20% du chiffre d'affaires des commerçants de la ville est donc une priorité ; c'est bien ce que résume d'ailleurs l'un des multiples slogans de promotion de l'antique cité thermale véhiculé par la Toile : «"Station bien dans son temps, heureuse de vivre et festive dans l'âme, Dax possède tous les atouts pour qu'aux bienfaits physiques de votre cure s'ajoutent les bénéfices psychologiques d'un séjour 100% bien-être." [3]
Dans un contexte où le loisir prévaut, toute activité contraignante doit désormais comporter une part d'agrément. Comme l'enseignement qui se veut de plus en plus "ludique" [4], les soins liés au thermalisme, astreignants et fatigants, sont compensés ici par des activités agréables faisant oublier les soins. C'est l'origine du néologisme "thermoludisme" véhiculé par les organismes qui promeuvent cette thérapie.
Ça, les Dacquois l'ont bien compris, qui proposent des séjours conjuguant le nécessaire - ce qui ne peut pas ne pas être -, au plaisir, ce qui plaît, dans les Landes, fête et gastronomie, bien sûr...
[1] Eugénie de Montijo est l'épouse de Napoléon III. Elle est à l'origine du nom de cette petite station thermale proche d'Aire-sur-Adour, que les Landais continuent d'appeler, en gascon, Las Aigas, "Les Eaux".
[2] Chiffres de 2005.
[3] Site Landes merveilleuses. Bric à brac service.
[4] Adjectif tiré du latin classique ludus à la fois "jeu" et "école"...