Dax : thermalisme et tourisme

20 août 1970
07m 12s
Réf. 00256

Notice

Résumé :

Station thermale réputée, Dax accueille dans ses établissements thermaux de nombreux curistes. Célèbre également pour ses fêtes patronales, la ville redouble d'efforts pour attirer les visiteurs, consciente que le tourisme constitue une deuxième source de richesse. Rencontre avec Max Moras, maire de Dax, et avec le directeur de l'office de tourisme.

Date de diffusion :
20 août 1970
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Éclairage

Dax, sous-préfecture des Landes, n'est pas encore la première cité thermale de France en 1970 mais elle compte bien profiter de cette période faste, où la France est en plein essor, pour valoriser son potentiel. La ville peut s'enorgueillir, il est vrai, d'un riche passé, puisque, à l'époque romaine elle représentait la seule agglomération digne de ce nom en Aquitaine. Chef-lieu de cité des Tarbelli, elle devient tout naturellement évêché au IIIe siècle. C'est une "ville-pont" entre plusieurs pagi, une ville-marché, un point stratégique sur la route des Espagnes.

L'origine du thermalisme est aussi ancienne que la ville, comme l'atteste le toponyme émanant du syntagme latin Ad aquis, "aux eaux". Les fouilles menées depuis la fin du XIXe siècle ont d'ailleurs permis de mettre au jour de nombreuses substructions et du mobilier abondant et varié, tout l'équipement d'un castrum dont une partie des remparts d'origine est encore visible de nos jours. Témoin d'un lointain passé thermal, la source dénommée "Fontaine chaude" ou "Nèhe" [1] conserve des aménagements antiques exceptionnels dont rendent compte les différents sondages archéologiques [2], accréditant la thèse de Camille Jullian selon laquelle l'empereur Auguste, accompagné de sa fille Julia, y venait lui-même se soigner.

Huit siècles après Pierre de Saint-Paul, premier maire de Dax en 1189, Max Moras est à la tête d'un agglomération dont la population a décuplé depuis la Révolution. Elle est devenue, à la fin du XIXe siècle, un nœud ferroviaire sur l'axe Paris-Irun et Paris-Dax-Tarbes, favorisant le renouveau du thermalisme. C'est l'époque où l'hygiénisme pousse les édiles à démolir le château fort et abattre l'enceinte gallo-romaine de façon à "ouvrir" la ville. Dans l'Entre-deux-Guerres, on édifie de grands ensembles  art déco, dont l'Atrium et l'hôtel Splendid construits par l'architecte girondin Roger-Henri Expert.

Aménagée pour accueillir une clientèle aisée, la ville reçoit effectivement les plus grands noms du monde politique et artistique de France et d'Europe. Mais cette époque est révolue et, dans les années 1950 il faut s'adapter. C'est un fait sur lequel insiste Max Moras : "La ville fait tous ses efforts pour faire plaisir à tous". Si, en ces années encore faciles des Trente Glorieuses, l'État-Providence assure toujours avec générosité le remboursement de soins thermaux, faisant croître de façon exponentielle la fréquentation des établissements de soins, les responsables avertis préfèrent déjà jouer ici sur deux tableaux, le thermalisme mais aussi le tourisme.

La situation privilégiée de Dax, entre Océan et Pyrénées, à une centaine de kilomètres de l'Espagne est en effet un atout majeur pour le tourisme qui, dans ces années d'aménagement de la côte aquitaine, se développe de façon parfois anarchique, dans les stations balnéaires. Dax se fait donc l'interface entre la zone côtière et l'arrière-pays dont on commence à promouvoir le patrimoine, à Arthous ou dans la Grande Lande, par exemple. D'où l'intérêt d'accentuer, à défaut de durée, la semaine des "fêtes patronales", accessibles à tous, moment privilégié où la cité "prend conscience d'elle-même".

Car la fête, à Dax, est une seconde nature. Depuis le Moyen Âge et jusqu'en 1950, ont lieu, deux fois par an, des foires aux bestiaux dans la grande tradition des comices agricoles. Prétextes à réjouissances, ces rassemblements donnent naissance à des jeux spontanés autour de vaches et taureaux [3] à l'instar de ce qui se fait de l'autre côté de la frontière, à Pampelune. Si d'aucuns assurent que l'origine du nom des Tarbelli se trouve dans la racine prélatine tarv-, « taureau », la tauromachie est effectivement à Dax, plaza de toros, plus qu'une tradition.

Et grâce à l'heureux mélange des cultures qui se croisent en ce carrefour antique, où sourd une eau bienfaisante, se pérennise la vocation de la ville devenue, à la fin du second millénaire, première cité thermale de France quand Vichy et d'autres villes d'eau s'enfoncent dans la crise ; se perpétue aussi la feria qui rassemble chaque année des milliers de hestaires [4], aux alentours du 15 août, jour de l'Assomption, et donc vraie fête patronale de la paroisse qui se trouve sous la protection de Notre Dame depuis le Moyen Âge...

[1] Nom prélatin d'une divinité bienfaisante attestée dans toute la Rhénanie (matronae Boudunneihae, Mahlinehae, matronae Veteranehae etc.)

[2] BOYRIE-FENIE, Bénédicte, Les Landes. Carte Archéologique de la Gaule, pré-inventaire archéologique publié sous la responsabilité de Michel Provost, Paris : Académie des Inscriptions et Belles Lettres, Ministère de la Culture et de la Francophonie, Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, 1995, 192 pages.

[3] Les jeux taurins sont attestés la première fois dans un texte de 1450 concernant les fêtes traditionnelles de la Saint-Jean, à Saint-Sever.

[4] Mot gascon, très prisé de nos jours, pour désigner un "fêtard", celui qui fait la fête (hèsta).

Bénédicte Boyrie-Fénié

Transcription

(Musique)
Journaliste
A l’est de la Nationale 10, se reflétant dans l’Adour, se présente Dax. Avec ses 21 000 habitants, elle constitue la sous-préfecture du département ainsi que le siège de l’évêché des Landes. Raconter l’histoire de la ville serait bien long car elle s’enorgueillit d’un passé riche et glorieux. Notons simplement cette anecdote qui a fait de Dax une station thermale réputée. Un légionnaire de Jules César possédait un chien si perclus de rhumatisme, qu’il décida de le noyer dans l’Adour. La bête réussit à gagner le rivage, s’englua dans la boue tiède du ruisseau qui s’écoulait de la fontaine chaude, mais en sortit quelques jours après complètement guéri. La nouvelle parvint à Rome et au fil des années, les curistes devenaient plus nombreux. Dax avait trouvé sa vocation.
Max Moras
La ville de Dax est traditionnellement par vocation une station thermale, chacun le sait. Vous êtes du reste ici devant l’un des hôtels de la société. Vous avez pu voir les établissements thermaux. Et vous savez que, à Dax, c’est le rhumatisme qui essentiellement est soigné et je dois dire avec fruit, c’est la vérité mais je ne fais pas cette réflexion par complaisance de Maire, je le dis encore une fois parce que c’est vrai.
Journaliste
Pour guérir, le curiste suit un régime difficile. Les traitements commencent à cinq heures le matin et durent trois semaines. Donc, après avoir subi pendant un quart d’heure à la température de 38° son bain de boue, le curiste est mis dans une cabine de sudation où il reste 15 à 20 minutes. La fatigue est importante et il faut que son corps revienne à une température normale. Il reste pour cela pendant près de deux heures dans une salle de relaxation. Le curiste se dirige ensuite vers la piscine où l’eau est à 37°. Dans l’une, il subit un massage sous l’eau durant un quart d’heure à l’aide d’un jet d’une pression de 3 kg 500, dans l’autre piscine, alors, il fait des mouvements pour se rééduquer. Parallèlement, les établissements thermaux traitent les accidentés du travail, les traumatisés de la route. Dans cet établissement, on compte actuellement 400 curistes qui, une fois leurs traitements terminés, iront se reposer dans un des nombreux jardins de la ville. Les efforts qu’elle fait sont d’ailleurs très grands et on compte beaucoup sur l’avenir.
Directeur de l'office du tourisme de Dax
Le thermalisme actuellement est en train de se transformer sur Dax du fait que nous avons une particularité sur la ville au point de vue thermal, c’est que nous avons plusieurs établissements thermaux. Jusqu’à maintenant, chaque établissement thermal allait rechercher la boue dans les différents endroits sur les barthes de l’Adour. Il y a maintenant une transformation, c’est que les bassins de culture de la boue, puisque la boue doit être mise dans un bassin de culture pendant un certain nombre de mois, va être pris par la ville. Et ensuite, cette boue sera vendue aux établissements thermaux de manière à ce que l’on ait une boue absolument impeccable au point de vue du traitement.
(Musique)
Journaliste
Autre visage, autre style, Dax en fête. C’est une des nombreuses distractions que peut s’offrir le curiste ou encore le touriste. Les fêtes durent huit jours à Dax et provoquent chez tous enthousiasme et joie. Il faut bien avouer aussi que c’est une source supplémentaire de fatigue pour celui qui veut profiter de tout. La ville dans ce domaine aussi fait de gros efforts car c’est pour elle sa deuxième source essentielle de richesse.
Max Moras
Les fêtes patronales se portent comme chaque année très bien. Nous cherchons à faire plaisir à tous, c’est-à-dire qu’il y a des spectacles de grande qualité, comme tous ceux qui sont donnés aux arènes, mais ces spectacles étant relativement onéreux, nous pensons à tous ceux qui ne peuvent pas s’offrir ces réjouissances. Et c’est la raison pour laquelle, et nous commençons même par cela, nous donnons tous les jours des spectacles gratuits et des spectacles, je ne sais pas si vous les avez vus, mais qui sont capables de satisfaire des gens exigeants et qui paieraient leurs places.
Journaliste
Pensez-vous que la tradition soit gardée ?
Max Moras
Sûrement, d’autant que tout le monde y est intéressé, tout le monde vit, chacun vit sa ville, chacun vit ses fêtes. Et vous pouvez constater qu’il y a beaucoup d’animations et que vraiment, Dax prend conscience d’elle-même tout à fait au moment de ces fêtes patronales. C’est pourquoi, ceci correspond à un sentiment, à quelque chose de spontané. Et je pense que les fêtes patronales de Dax ne sont pas prêtes de s’éteindre et de diminuer d’intensité.
(Musique)
Journaliste
Les arènes étaient combles mardi. Pensez, on affichait El Cordobes, de quoi faire vibrer le cœur des profanes qui viennent de très loin pour découvrir les plus grands matadors espagnols. Thermalisme, tourisme, les deux principales richesses de Dax. La conclusion à ce sujet reste au Directeur de l’Office du tourisme et il ne manque pas d’optimisme.
Directeur de l'office du tourisme de Dax
Au point de vue touristique, nous sommes en train de relancer le tourisme parce que, jusqu’à maintenant, la ville s’occupait principalement du thermalisme. Or, maintenant, nous pensons que, au point de vue touristique, il faut se lancer, surtout que nous sommes quand même dans une ville qui est située à 20 km de la Nationale 10. Donc, une halte possible au cours du trajet des personnes qui vont soit sur la côte basque soit en Espagne, ce qui est quand même important. Et d’autre part, je pense que c’est un centre, si vous voulez, où le touriste peut venir, peut s’installer à Dax, pour prendre une chambre surtout que nous avons de nombreux hôtels. Nous en comptons à peu près 60 actuellement hôtels. Nous avons énormément de meublés. Donc, il est possible pour le touriste de s’installer et ensuite de rayonner dans les environs, ce qui, je crois, est très important.