Portrait de Maïté

18 avril 1989
02m 02s
Réf. 00291

Notice

Résumé :

Ancienne annonceuse de la SNCF, Maïté devient gérante d'un restaurant à Rion-des-Landes et connaît la célébrité grâce à son émission La cuisine des mousquetaires, aujourd'hui diffusée dans tous les pays de langue française, sur TV5.

Date de diffusion :
18 avril 1989
Source :
Thèmes :

Éclairage

Derrière ce prénom devenu célèbre depuis bientôt 30 ans, se cache en réalité une cuisinière qui a marqué l'histoire des émissions gastronomiques du Sud-Ouest et bien au-delà.

Marie-Thérèse Ordonez, originaire de Rion-des-Landes, s'est retrouvée projetée sur le devant de la scène médiatique la cinquantaine passée. Il ne faut pas chercher de grand nom d'établissement ni d'année de promotion d'une école hôtelière mais une femme simple et généreuse qui a littéralement conquis une partie de la planète des curieux et des gastronomes.

Pendant plusieurs années elle anime en effet deux émissions de télévision, l'une sur France 3, La cuisine des mousquetaires -à partir de 1983 - en compagnie de la non moins célèbre Micheline, co-animatrice et l'autre sur une chaîne câblée (Cuisine TV),  A table avec Maïté et Les 400 goûts.

Hasard opportun et rencontres transportent cette ancienne employée de la SNCF, alors jeune retraitée, cuisinière occasionnelle pour l'équipe de rugby locale, vers l'univers des célébrités télévisuelles. C'est en effet le rugby qui marque le début de sa carrière de véritable artiste comme sans doute la tonalité de sa cuisine roborative et simple car c'est au travers de ce milieu qu'elle se fera connaître.

Par la suite, Maïté signe une nouvelle façon non seulement de faire la cuisine mais aussi de se mettre à table, loin des assiettes peu garnies bien que joliment colorées, qu'elle ne goûte guère, de la nouvelle cuisine. Elle met à l'honneur les produits du Sud-Ouest, cette fameuse cuisine des mousquetaires que l'on imagine entre goût d'excellence et service généreux et naturel. Justement remarquée par un ton direct et sans artifice, elle séduit comme elle choque mais se rend célèbre du même coup dans le monde entier.

Les nouveaux supports la rendent encore plus célèbre car c'est en effet par milliers que CD, DVD, livres se vendent toujours, confortant un succès qui ne se dément pas jusqu'à ses chroniques radio et ses rôles dans des publicités des films et téléfilms.

Maïté incarnait pour beaucoup la cuisine de grand-mère, le souvenir de quelques sauces goûteuses, des odeurs de canards et d'Armagnac, et un inimitable accent chaleureux. Elle a alimenté débats et discussions de nombreux blogs, beaucoup de contributeurs ont rendu hommage à sa générosité, sa simplicité, et surtout l'envie qu'elle a donnée de s'essayer à ses recettes.

Un ton unique de naturel a fait de cette cuisinière une porte parole de la simplicité, la générosité et le partage convivial de la table gasconne, qu'elle propose toujours de retrouver dans son restaurant de Rion-des-Landes, même si elle est moins présente et peut bénéficier d'un repos plus que mérité.

Bibliographie générale :

- BARREAU Jacques, Les Hommes et leurs aliments. Esquisse d'une histoire écologique et ethnologique de l'alimentation humaine, Paris : Messidor/Temps Actuels, 1983, 381 p.

- COURTINE, Robert Jullien, La cuisine des terroirs. Traditions et recettes culinaires de nos provinces, Lyon : La Manufacture, 1994, 575 p.

- FLANDRIN, Jean-Louis et MONTANARI, Massimo (dir.), Histoire de l'alimentation, Paris : Fayard, 1996, 919 p.

- MONTAGNE, Prosper, Larousse Gastronomique, Paris : Larousse, 1938, 1088 p.

- TOUSSAINT-SAMAT, Maguelonne, Histoire naturelle et morale de la nourriture, Paris : Bordas, 1987, 592 p.

Bibliographie spécifique :

- CLAUSTRES, Francine, La cuisine landaise, Bordeaux : éditions Sud-Ouest, 1996, 128 p.

- CNAC (Centre National des Arts Culinaires), L'inventaire du patrimoine gastronomique, Aquitaine, Paris : Albin Michel, 1997, 322 p.

- Cuisine, alimentation, manières de tables dans le Sud-Ouest (19ème-20ème siècle), exposition, Toulouse, Centre des Cultures Régionales de Midi-Pyrénées, 1983, 228 p.

Malika Boudellal

Transcription

Journaliste
La star de la cuisine, c’est elle, c’est Maïté. Chaque mardi 12 heures 15, elle donne rendez-vous aux Aquitains et depuis quelques jours aux Belges, aux Canadiens, bref, aux pays de langue française desservies par satellite par TV5. Maïté connue internationalement, c’est fait depuis le 2 avril. Eh ben, cette Landaise de pure souche est en cuisine depuis peu. Son métier, c’était annonceuse à la SNCF, un métier dur, fatiguant, sur les voies ferrées, hiver comme été, des heures durant. Son rôle, avertir les ouvriers travaillant sur la voie de l’arrivée du train.
(Bruit)
Maïté
J’ai fait ça 22 ans. 22 ans, je partais le matin jusqu’au soir avec mon mari, voilà toute la journée. J’ai fait les chantiers depuis Ychoux ou plus loin jusqu’à [Pujo] presque Bayonne, Dax et tout ça. Enfin toutes sortes de parcours, ça dépend où est le chantier.
Journaliste
Retraitée de la SNCF, Maïté a trouvé sa véritable vocation, la cuisine. Depuis 6 mois, elle est gérante d’un restaurant ; sur sa carte, caille farcie au foie gras, pigeon flambé à l’armagnac, poule farcie ou faisan au sauternes. Des saveurs bien gasconnes, très loin de la nouvelle cuisine.
Maïté
Toute la bonne cuisine doit se mijoter.
Journaliste
Et la nouvelle cuisine, qu’est-ce que vous en pensez ?
Maïté
Mais non, c’est une horreur, c’est même honteux, parce que ça coupe toute la cuisine. On voit des choses, c’est servi dans des grandes assiettes, ils ne prennent même pas la précaution de le passer au beurre, ni rien. C’est affreux, vous sortez des boîtes, vous décorez, ça fait de la couleur, c’est du rouge, du vert, du jaune et du blanc, c’est très joli mais ça n’a aucun goût, c’est affreux.
Journaliste
La Cuisine des Mousquetaires, c’est une émission qui fait un malheur. Des milliers de lettres, 8000 recettes communiquées l’année dernière. Alors, entre la trompette de la SNCF et les fourneaux, Maïté a trouvé son bonheur, régaler les gourmands.
Maïté
C’est par satellite, pratiquement dans le monde entier, je me suis laissée dire, et ça a un certain succès. Alors, j’en suis fière quand même.