Le gascon à l'école
Notice
Depuis la rentrée de septembre 2000, l'école de Montfort-en Chalosse propose, outre l'enseignement traditionnel, un enseignement bilingue français-gascon, dès la maternelle. Une vingtaine d'enfants, âgés de trois à cinq ans, viennent ainsi d'être inscrits dans cette section pilote dans les Landes.
Éclairage
Depuis la promulgation de la loi Deixonne en 1951 [1], la transmission des langues régionales se fait aussi par l'intermédiaire de l'Éducation nationale. Çà et là, un peu partout en France, des heures destinées à cet enseignement sont attribuées dans les collèges et les lycées. Les professeurs, souvent encore locuteurs naturels, complètent leur emploi du temps par des "heures complémentaires" consacrées à la préparation, à terme, d'une épreuve facultative au baccalauréat. Le succès de cette initiative n'est pas négligeable ; bon nombre d'enfants nés au sortir de la guerre peuvent ainsi renouer les liens ténus qui les rattachent à leur culture familiale.
Si l'enseignement secondaire est complété, assez rapidement, par un parcours universitaire destiné à former des étudiants pouvant se présenter, depuis 1992, au CAPES de langues régionales, on oublie, en amont, de préparer les élèves au niveau du primaire. Dans le domaine occitan, en Béarn en particulier, c'est le milieu associatif qui prend alors, en 1980, l'initiative de créer des écoles bilingues où l'apprentissage se fait, avant tout, par immersion ; elles prennent le nom de calandretas relevant du même champ sémantique que calandron, "apprenti" [2].
Suivant les lieux, avec plus ou moins de succès, une politique linguistique cohérente de la transmission de cet héritage, précieux mais menacé, se met ensuite en place sous l'égide de l'Éducation nationale. Les premières écoles bilingues, pour la Gascogne, sont créées en Béarn, en 1980, avec le soutien du CAPOC (Centre d'Animation Pédagogique en Occitan) et de l'association Òc Bi [3] qui, à l'instar de Bai au Pays basque, promeut un enseignement précoce de l'occitan, dans sa variante gasconne, dans les Pyrénées-Atlantiques et dans les Landes. Après Lasseube (La Seuva), Asson (Asson), Bedous (Bedós), Coarraze (Coarrasa), Lagor (Lagòr), Morlaàs (Morlaàs), Oloron (Auloron), Mazerolles (Maseròlas) et Bordes (Bòrdas) en Béarn, s'ouvre enfin, en septembre 2000, la section bilingue de Montfort-en-Chalosse (Monthòrt) dans les Landes. Le maire Maurice Gassie, Patrick Guilhemjoan, certifié d'anglais et d'occitan, et Claire Bernet, parent d'élève, sont les chevilles ouvrières de cette réalisation.
Le 26 et le 27 septembre 2010, on fête donc, à Montfort, le dixième anniversaire de cette école ouverte à une autre culture qui compte 45 d'élèves apprenant notre langue.
[1] La loi Deixonne relative à l'enseignement des langues et dialectes locaux date du 11 janvier 1951. Elle fut la première loi française autorisant l'enseignement des langues régionales de France, le basque, le breton, le catalan et l'occitan dans un premier temps.
[2] Cf . Site des Calandretas.
[3] Associacion per lo bilinguïsme francés-òc dens l'ensenhament public.