Les élections municipales de 1983 : Mont-de-Marsan, trois candidats en lice pour le 2ème tour

10 mars 1983
02m 33s
Réf. 00412

Notice

Résumé :

A Mont-de-Marsan, trois listes sont encore en course pour le deuxième tour des élections municipales : la liste d'Union de la gauche du docteur Philippe Labeyrie, celle du RPR conduite par madame Marie-José Chiron et enfin celle du maire sortant, Charles Lamarque-Cando.

Date de diffusion :
10 mars 1983
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Éclairage

En 1983, les élections municipales constituent un test électoral national pour la gauche arrivée au pouvoir en 1981. Les socialistes connaissent d'importantes difficultés gouvernementales, les réformes anticrise entreprises par le gouvernement Mauroy ne donnent que des résultats médiocres. L'opinion affiche son mécontentement et les sondages sont particulièrement négatifs. Dans les Landes, la gauche dispose cependant d'une large confiance de l'opinion. A Mont-de-Marsan, le premier tour est l'objet d'une confrontation tripartite qui risque de menacer la gauche, jusqu'alors hégémonique dans la commune.

Depuis la Libération, la ville a été dirigée par des maires de centre gauche. Robert Besson, radical-socialiste, a administré la cité entre 1947 et 1962, mais en jouant sur divers types d'alliances plutôt tournées vers le centre. En 1958, le maire soutient de Gaulle et bascule à droite. Malade, il ne se représente pas en 1962. Charles Lamarque-Cando lui succède sous l'étiquette SFIO. Ce vieux militant socialiste de la Troisième République, ancien résistant, principal responsable de la SFIO de l'après-guerre pactise avec les centristes, depuis le milieu des années 1960 pour conserver sa majorité. Réélu en 1971 et 1977, il s'est éloigné de la gauche socialiste, se montrant particulièrement critique envers le processus de l'unité qui conduit François Mitterrand à la tête du PS. A 82 ans, il se représente devant les électeurs.

Le candidat de l'union de la gauche est Philippe Labeyrie, jeune prétendant de 45 ans. Il appartient à la nouvelle génération de militants du PS qui accèdent aux responsabilités depuis la reconstruction du parti après le congrès d'Epinay. Pour la première fois depuis 1947, il propose aux électeurs de la ville une alliance socialo-communiste. Cette division des gauches laisse à la droite une chance inespérée dans une ville bien ancrée à gauche.

La droite est unie derrière Marie José Chiron et espère pouvoir bénéficier de cette division des gauches comme d'un contexte plus général qui lui est favorable. Le reportage présente les résultats d'un entre deux tours qui est donc très incertain entre Philippe Labeyrie (PS), Marie-José Chiron RPR-UDF-CNI et le maire sortant, Lamarque Cando (socialiste dissident), qui n'est que troisième. Le candidat du PS sera élu. Philippe Labeyrie conserve la mairie de Mont-de-Marsan jusqu'en 2008, date où il est battu par l'opposition de droite. Il sera élu en septembre 1983 sénateur, poste qu'il occupe toujours trente ans plus tard. Il est proche d'Henri Emmanuelli.

Laurent Jalabert

Transcription

Journaliste
A Mont-de-Marsan, le premier tour a été celui des surprises. C’est d’abord l’arrivée au-dessus de la barre de 5 % de la liste des jeunes, une liste qui s’est lancée dans la bataille électorale avec un seul slogan, les jeunes, c’est le pied. Une chose est certaine, ces 5 % de jeunes qui ont voté jeune ne se sont certainement pas reconnus dans l’une des trois autres grandes listes. Arrivée en tête avec 35,97 % des suffrages, la liste d’Union de la gauche du docteur Philippe Labeyrie a causé la deuxième surprise. Philippe Labeyrie estime avoir bénéficié d’une certaine lassitude des Montois envers leur maire, Charles Lamarque-Cando, maire depuis 20 ans. Pour la liste de la majorité présidentielle, il faut avant dimanche remobiliser l’équipe candidate et les électeurs afin de profiter de la division adverse. Deuxième au classement par points, la liste RPR conduite par madame Marie-José Chiron. Là encore, pour expliquer le score, on invoque la lassitude montoise pour la gestion du maire sortant. Mais si madame Chiron obtient 29,44 %, le maire sortant obtient 29,42 %, 2 % de moins, trois voix d’écart, autrement dit un score égal. Qui aurait pu être très différent dit-on et au RPR et chez le maire sortant. Au RPR, on accuse les pêcheurs à la ligne, trop nombreux dimanche. Chez monsieur Lamarque-Cando, on avait vendu la peau de l’ours et le maire d’affirmer "mes électeurs étaient tellement sûrs de ma réélection que certains, même de ma propre famille, ne se sont pas déplacés pour voter". Alors dimanche, pour la liste du docteur Labeyrie, il faudra confirmer. Pour le RPR, on retourne au combat après que la proposition d’union faite au maire sortant ait été refusée. Pour Charles Lamarque-Cando, enfin, peu importe le résultat car c’est l’honneur qui est en jeu. S’allier avec le RPR aurait, dit-il, été impossible moralement de même qu’est devenue impensable pour lui, pionnier du socialisme jaurésiste dans les Landes, une alliance avec la liste d’Union de la gauche. Se retirer enfin aurait été se déjuger et se désavouer aux yeux d’un électorat fidèle parmi lequel de nombreux militaires, des voix qui comptent à Mont-de-Marsan où 18 % de la population travaillent pour la défense nationale. Sérénité pour ne pas dire force tranquille, combat et honneur seront donc les trois mots d’ordre républicains de la bataille montoise dimanche. Dernier détail, madame Chiron, souffrante ce jeudi, n’a pu être filmée comme les autres candidats par notre équipe.