Du bas de laine à la gestion
Notice
Reportage sur la gestion d'une exploitation agricole à Saint Sever dans les Landes. Rencontre avec trois exploitants.
Éclairage
Les années 70, dans les Landes et plus particulièrement en Chalosse dans le Sud-Adour, marquent la fin d'une première révolution agricole dont les points forts sont la culture intensive du maïs hybride, la mécanisation et la fertilisation des terres.
Les causes et les conséquences en sont nombreuses :
- une formation professionnelle acquise dans les centres publics ou privés d'enseignement agricole. L'obtention du Brevet d'Apprentissage Agricole donne droit à une subvention supplémentaire de la dotation d'installation J.A. (jeune agriculteur) qui facilite leur installation comme chef d'exploitation. Un jeune qui a suivi une formation initiale et continue maîtrise parfaitement les notions de revenu, de marge brute ou nette, de financement, d'amortissement...
- une action de vulgarisation dévolue à la Chambre d'Agriculture grâce aux GVA (2).
- l'implantation dans l'environnement agricole d'un réseau dense de Coopératives agricoles, SICA (3), de négociants en engrais et produits phytosanitaires, de dépôts de marques de machinisme agricole. Le nombre de conseillers agricoles, de techniciens, de représentants... qui démarchent le milieu agricole devient très important.
-parallèlement on assiste à l'agrandissement des exploitations agricoles favorisé par l'abandon du métier par beaucoup de jeunes « paysans » attirés par un appel de main d'oeuvre de l'industrie et des services.
- la SAU (4) moyenne des exploitations passe en quelques années de 15 à 30 ha.
-les défrichements accordés alors assez généreusement ont augmenté considérablement les superficies agricoles disponibles.
- le développement du Crédit Agricole qui dispose dans chaque canton d'un bureau.
- on pourrait ajouter que les mariages d'un agriculteur avec une jeune fille issue d'un autre milieu deviennent, sinon courant du moins en rupture avec la pratique de la génération précédente. On assiste aussi à une augmentation sensible du célibat des paysans.
Les années 60 et 70 dans les Landes sont marquées par une deuxième révolution agricole, celle du « gras ». La production de volailles grasses oies et canards prend un essor considérable La filière gras va faire en quelques années de notre département le premier en France avec plusieurs millions de canards gras gavés au maïs et la quasi-disparition de l'oie. Une ferme qui produisait pour le marché local 50 canards gras en 1950 est passée en 1980 à plusieurs milliers.
En 1970, la spécificité de l'agriculture de Chalosse par rapport à celle de la Grande lande (grandes exploitations céréalières) est de rester familiale. La femme aide son mari sur l'exploitation mais n'a pas encore de statut (associé, aide familial, salarié), les enfants travaillent avec leurs parents. Le salariat est très peu développé, la polyculture la règle et chaque ferme conserve sa parcelle de vigne pour la consommation familiale. Vont se faire jour très rapidement, des spécialisations sur deux ou trois spéculations : maïs, production laitière, gavage de volailles à foie gras. Vingt ans plus tard on assistera à des mutations profondes qui vont dessiner dans cette région des Landes, l'agriculture des années 2000.
(1) FDSEA : Fédération Départementale des Syndicats d'Exploitants Agricoles, branche départementale de la F Nationale DSEA
(2) GVA Groupement de Vulgarisation Agricole devenu plus tard GDA, G de Développement A mis en place par la loi d'orientation agricole de Pisani en 1962
(3) Syndicat d'Intérêt Collectif Agricole
(4) Surface Agricole Utile