La crypte Saint Girons
Notice
En plein coeur de la Chalosse, à Hagetmau, se trouve la crypte de Saint Girons, qui se trouvait autrefois dans une église du XI siècle. Elle a été construite à la mémoire de St Girons, son sarcophage y aurait reposé des siècles auparavant. La crypte est marquée par de nombreuses sculptures en état de conservation très intéressant représentatives des XII et XIIIème siècles. Depuis 1840, ce monument figure dans l'inventaire des monuments classés historiques. La partie supérieure de la crypte pourrait devenir une salle d'exposition, après des rénovations et une valorisation du lieu (jeu de lumières etc...). Reportage à l'intérieur de la crypte, avec de nombreux plans des 14 châpitaux sculptés, et interview du secrétaire général de la mairie d'Hagetmau, J.Charles Daudou.
Éclairage
Hagetmau (Ffagetmau en 1291), au cœur de la Chalosse, occupe une place privilégiée sur un axe reliant le Marsan au Béarn, emprunté quelques siècles après l'érection du premier édifice religieux par les pèlerins cheminant vers Saint-Jacques-de-Compostelle par la voie de Vézelay (1).
Car c'est bien parce que Hagetmau est situé sur un itinéraire, probablement très ancien, menant vers l'Espagne, que Charlemagne s'y arrêté alors qu'il partait, en 778, prêter main forte à Soliman ibn al-Arabi, gouverneur de Barcelone, en lutte contre l'émirat de Cordoue. L'entreprise était périlleuse et franchir les cols pyrénéens tenus par les Vascons n'était pas sans risques, le retour d'une armée réduite après l'embuscade de Roncevaux devait le prouver (2).
Quoi de plus naturel donc, dans le contexte de l'époque, que de se mettre sous la protection d'un saint, en l'occurrence celui qui avait réussi à convertir peu ou prou les terres païennes de Gascogne au christianisme ? Quoi de plus normal aussi que de chercher à protéger les saintes reliques ? Et même à faire bénéficier de leurs vertus thaumaturges d'autres lieux de culte ? C'est ainsi que le futur empereur fit transporter une partie des restes du saint à Bordeaux où le trésor de l'église Sainte Eulalie conserve encore le précieux dépôt. Mais Mgr Delannoy, évêque d'Aire et de Dax en 1897, obtient du curé de Sainte Eulalie la restitution d'une partie des reliques sacrées tandis que l'église Saint-Girons de Monein, en Béarn, en conserve une autre partie (3).
À Hagetmau, en ce XXe siècle finissant, foin de reliques plus ou moins authentiques ! La préoccupation majeure est de transmettre à la postérité ce magnifique legs, miraculeusement préservé, vestiges d'une prestigieuse abbaye nichée au cœur de ce qui fut une sombre hêtraie (4).
(1) Hagetmau est situé sur l'un des 4 grands chemins jacquaires, la voie de Vézelay, appelée aussi via lemovicensis parce qu'elle passe par Limoges, descendant ensuite vers Périgueux, Sainte-Foy-la-Grande, La Réole, Bazas, Captieux, Roquefort, Mont-de-Marsan, Saint-Sever et Hagetmau.
(2)http://www.histoire-fr.com/carolingiens_charlemagne_1.htm
(3) La recherche effrénée des reliques de la part des communautés chrétiennes devait fatalement conduire à la fragmentation et à la dispersion des corps saints. S'appuyant sur les affirmations de théologiens comme Grégoire de Nazianze selon lesquels la puissance des martyrs résidait autant dans le moindre fragment de leurs restes que dans leur corps tout entier, les clercs orientaux furent les premiers à démembrer les corps des serviteurs de Dieu, de façon à en faire profiter le plus grand nombre possible d'églises, et ceci malgré une disposition du code théodosien (438) qui interdisait de déplacer les corps des défunts ou de violer leur intégrité. Mais, à partir du IXe siècle, on vit affluer à Rome quantité d'évêques et d'abbés francs qui, par l'achat ou le vol, se procuraient - au mépris des anciennes règles - de précieux restes, en particulier dans les Catacombes, pour les emporter en France ou en Allemagne. Ces pillages systématiques, à l'occasion desquels furent mises en circulation quantité de fausses reliques, ne devaient plus s'interrompre avant le XIe siècle et furent même accrus par l'évolution des usages liturgiques, puisque l'habitude se prit alors en Occident d'insérer des reliques dans tous les autels où était offert le sacrifice eucharistique. Ainsi, même la plus modeste église de village se devait d'en posséder, ce qui contribua à accélérer le processus de démembrement et de dispersion des corps saints.
(4) En gascon Hagetmaur, selon certaines occurrences, désigne une "hêtraie" de couleur sombre, donc touffue, un lieu boisé en relation, dans la tradition la plus ancienne, avec les lieux de culte primitifs.