Le remembrement à Rennes-en-Grenouilles

Dans ce long reportage de 8’02 diffusé lors du JT Le Mans soir du 31 octobre 1983, on présente la commune de Rennes-en-Grenouilles située à l’extrême nord du département de la Mayenne et de la région Pays de la Loire, dans le parc régional Normandie-Maine. Alors on parle des changements de la vie quotidienne dans une petite commune d’environ 150 habitants : exode rural, désertification, fermeture de l’école, arrivée du téléphone, de la télévision, des poulaillers géants. Il y a aussi quelques données historiques. Mais le vrai sujet traité par les journalistes est le remembrement et son déroulement dans la commune…

En quoi consiste un remembrement ? D’une manière simple, c’est un regroupement de parcelles de terre afin de constituer un domaine agricole d’un seul tenant. Les géographes vont plus loin : c’est une opération foncière visant à transformer un parcellaire morcelé pour faciliter la motorisation de l’agriculture, parfois associée à une modernisation des réseaux. On veut obtenir ainsi une utilisation plus rationnelle, plus rentable des sols et diminuer les risques d’accidents. On doit par exemple empêcher les vaches de traverser une route quatre fois par jour ! Les remembrements ont débuté dans les années 1950 et ont été associés à une mécanisation importante du travail. Aussi, de nombreuses haies et de nombreux bosquets ont disparu. Ce ne fut pas sans conséquences sur l’environnement. Pour certaines personnes, les « jardiniers de la nature » seraient devenus des « industriels de l’agriculture ». Le paysage de bocage serait-il en train de disparaître ? Cependant, le remembrement fut moins précoce en Mayenne qu’ailleurs : en 1979, 23,5 % du territoire mayennais était remembré contre 52 % en Bretagne.

À Rennes-en-Grenouilles, le remembrement semble avoir créé, voire réveillé, certaines inimitiés ! Deux voisins s’affrontent par te truchement de la caméra. L’un des agriculteurs paraît favorable aux transformations, l’autre s’y oppose en grande partie. Cette commune ne fut pas la seule à montrer des divisions entre ses habitants. Souvent, l’un des deux agriculteurs se dit lésé par la redistribution des terres : on lui prend une bonne terre et on lui attribue une terre sans intérêt… C’est le maire de la commune qui travaille sur le dossier local en suivant les textes de loi.

Fernand Boisgontier (en un seul mot contrairement à l’incrustation) a été maire de Rennes-en-Grenouilles durant pas moins de 30 années. Il était né en 1926 à Melleray-la-Vallée, autre petit village du nord de la Mayenne. Il fut propriétaire exploitant, conseiller municipal dès mars 1959, élu maire le 21 mars 1971. Il fut aussi vice-président du SIVM (syndicat intercommunal à vocations multiples) de Lassay. Il est décédé en mars 2008. Interviewé à la mairie devant un plan mural, il ne semble pas inquiet, malgré l’échec du remembrement amiable, car dans l’ensemble le remembrement officiel se passe bien (moins de 10 % de contestations). Mais la procédure est longue : plusieurs années ! Elle est menée par la direction départementale de l’agriculture (service du remembrement). Tout débute par la définition du périmètre concerné à l’intérieur de la commune. Malgré tout, il peut y avoir des parcelles d’une autre commune. Ne sont pas comprises les zones bâties ni les grandes propriétés d’un seul tenant. Des études d’impact sur l’environnement sont réalisées. Des dossiers administratifs (dont les décisions des commissions, les réclamations) sont complétés, ainsi que des dossiers techniques (série immuable de documents, comme des plans, un cahier de répartition…). En parallèle, on associe les procédures d’échanges à l’amiable de parcelles et les travaux liés. Effectivement, plusieurs années se sont écoulées lorsque l’on arrive à l’achèvement des travaux ! À Rennes-en-Grenouilles, le résultat officiel doit arriver le lendemain de la diffusion du reportage…

Site internet :

• paysages.pays-de-la-loire.developpement-durable.gouv.fr