Concours national de la Résistance et de la Déportation
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Résumé
A quelques jours du concours national de la Résistance et de la Déportation, reportage au lycée Ambroise Paré de Laval dont aucun élève n'y participe. Ceux qui sont interviewés assurent ne pas en avoir été informés mais ne se disent pour autant pas favorables à ce type d'épreuve, estimant discutable le principe du prix et privilégiant plutôt l'action politique pour changer le monde.
Date de publication du document :
01 nov. 2022
Date de diffusion :
05 mars 1982
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Contexte historique
ParProfesseur certifié d'histoire-géographie au collège Volney, Craon (Mayenne)
Le Concours national de la Résistance et de la Déportation a été créé en 1961 par le ministre de l’Éducation nationale Lucien Paye. Il a ainsi poursuivi, unifié et officialisé les initiatives d’un certain nombre d’associations d’anciens combattants et d’anciens déportés. Dès le début, ce concours s’appuie sur l’enseignement de l’histoire. La remise des prix se fait aux niveaux départemental et national.
Notre reportage est réalisé en 1982 dans l’enceinte du lycée Ambroise Paré à Laval. Celui-ci est installé dans l’ancien couvent des ursulines (construit entre 1620 et 1626). Il devient lycée de garçons en 1848. En 1982, le concours s’adresse aux « classes de 3e, de 1re et de terminale » et le thème pour les lycéens est : « La déportation et les camps de concentration figurent parmi les pièces maîtresses et les symboles redoutables de la domination national-socialiste. Où ? Pourquoi ? Comment ? ». Le président du jury national est alors Louis François (résistant, déporté, inspecteur général de l’Éducation nationale) et il le reste de 1963 à 1993 ! Il n’existe alors que deux façons de participer : l’option collective et l’option individuelle. L’épreuve individuelle se déroule le jeudi 11 mars 1982, c’est-à-dire six jours seulement après la diffusion de notre reportage ! On le voit, les journalistes locaux collent à l’actualité. Ce n’est pas vraiment un « marronnier » car même si le concours est annuel, on n’en parle que très rarement dans la presse papier ou audiovisuelle au moment des épreuves. Le seul moment où il est question de ce concours c’est lors de la remise des prix. Aussi, notre vidéo est rare car elle ne s’intéresse pas aux vainqueurs mais aux élèves qui ne participent pas et elle permet de connaître l’opinion générale des lycéens lavallois au début des années 1980. Et leurs arguments sont recevables : ils sont contre les « concours », contre les « prix » (en effet, depuis une dizaine d’années, l’Éducation nationale a mis fin aux « classements », aux « cérémonies de remises des prix » aux meilleurs élèves). Par ailleurs, même s’ils ne contestent pas l’enseignement de l’Histoire, ils ont l’idée d’améliorer le « présent » (cas de la Pologne en 1980-1982) et d’aller de l’avant (agir dans les domaines où l’on peut encore être utile).
Les professeurs du lycée Ambroise Paré à Laval ne sont pas visibles dans ce reportage. Le proviseur avance qu’ils ont précédé les intentions des lycéens et qu’ils ne leur en ont même pas parlé ! Alors, qu’en pensent les professeurs d’une façon plus générale ? Ceux qui sont persuadés que le concours apporte beaucoup aux élèves ont assez d’arguments pour persuader les collégiens de 3e et les lycéens de participer. Ainsi, en Mayenne l’étude de la Seconde Guerre mondiale peut s’appuyer sur des sorties aux archives départementales de la Mayenne (grâce aux actions du service éducatif) ou au Mémorial de la Déportation à Mayenne (grâce à une exposition permanente et à diverses expositions temporaires comme « Destins brisés, itinéraires de Juifs en Mayenne 1939-1945 » en 2021-2022) voire à la rencontre d’anciens résistants ou déportés. À l’opposé, d’autres enseignants préfèrent ne pas participer. Ils sont nombreux et leurs arguments sont très variés : manque de temps pour finir le programme, nombreuses sollicitations par de multiples concours ou spectacles, surcroît de travail… De plus, les enseignants choisissant les candidatures individuelles doivent trouver des élèves à la fois volontaires (les passionnés) et à l’aise dans la construction et la rédaction de travaux assez difficiles, ce qui n’est pas évident ! De plus, les professeurs remarquent que certains élèves s’engagent dans de nombreux projets (dans plusieurs matières), participent à des clubs le midi et finissent par manquer… de temps !
Au niveau national, les soutiens et les partenaires sont nombreux : Direction des Patrimoines de la Mémoire et des Archives (coorganisatrice), Fondation de la Résistance, Fondation Charles de Gaulle, Fondation pour la Mémoire de la Shoah, Chemins de Mémoire, Musée de la Résistance nationale, Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Union des déporté d’Auschwitz, Musée de l’ordre de la Libération, Musée de l’Armée, Mémorial de la Shoah, USC Shoah Foundation, Fondation de la France Libre, Mémorial du Mont Valérien, Archives nationales, INA, ECPAD…
Le thème de l’année scolaire 2021-2022 est « La fin de la guerre. Les opérations, les répressions, les déportations et la fin du IIIe Reich (1944-1945) ». Le travail peut prendre les formes suivantes : un devoir en classe, un travail en groupe à travers un mémoire, une œuvre littéraire ou artistique, un diaporama ou encore un travail audiovisuel. On le voit, les mises en formes sont plus variées qu’en 1982. Cela permet la participation de plus de jeunes collégiens et lycéens.
Bibliographie
Sites internet :
- archives.lamayenne.fr
- archives-nationales.culture.gouv.fr
- cheminsdememoire.gouv.fr
- ecpad.fr
- charles-de-gaulle.org
- france-libre.net
- fondationresistance.org
- museedelaresistanceenligne.org
- fondationmemoiredeportation.com
- fondationshoah.org
- enseignants.lumni.fr
- memorialdelashoah.org
- memorial-des-deportes-mayenne.fr
- mont-valerien.fr
- education.gouv.fr
- musee-resistance.com
- musee-armee.fr
- ordredelaliberation.fr
- reseau-canope.fr/cnrd/
- memoiresdedeportations.org
- sfi.usc.edu/french/
Échanges avec de nombreux enseignants entre 1983 et 2022.
Transcription
(Cliquez sur le texte pour positionner la vidéo)
Marie-Aimée Ide
Et nous en arrivons maintenant à notre page spéciale avec un reportage avant toute chose.Le 11 mars, soit jeudi prochain, se dérouleront les épreuves d’un concours annuel sur le thème de la déportation.Ce concours qui s’adresse aux terminales et aux troisièmes voit régulièrement baisser le nombre des participants.Nous sommes allés au lycée Ambroise Paré à Laval, un lycée qui ne présente jamais de candidat.La première question posée aux élèves : pourquoi vous n’avez pas participé à ce concours ?
Inconnue 1
Je n’étais pas au courant.Moi franchement je n’étais pas au courant.
Inconnue 2
Parce qu’on n’était pas au courant.Non non, pas du tout.Je pense que…
Marie-Aimée Ide
Et vous auriez été au courant, vous auriez participé au concours ?
Inconnue 1
Je ne sais pas.
Inconnue 3
Ben disons que faire la dissert’, non parce qu’il faut être vachement solide nerveusement.
Inconnu 4
Ca paraît trop une épreuve qui veut comparer des candidats et des candidates, ce n’est pas le sens du tout de ce que l’on veut faire, hein !C’est le principe du concours même !
Marie-Aimée Ide
Est-ce que c’est pour ça que l’information n’a pas circulé ?
Inconnu 4
Ca n’a pas circulé systématiquement depuis 10 ans.
Marie-Aimée Ide
Elle n’a pas circulé ?Non.Il y a eu un blocage systématique ?
Inconnu 4
Il y a eu un blocage oui, qui est au niveau des enseignants.
Marie-Aimée Ide
Donc, c’est…
Inconnu 4
Et d’ailleurs, je crois que les enseignants sont très conscients que les élèves n’auraient pas du tout… Ils auraient pris ça comme un concours de dessin, un concours de beaux-arts, c’est le principe même du concours, hein.
Inconnue 2
Je crois que je ne suis pas trop d’accord avec le principe du concours à partir du moment où il y a des prix parce que je pense que si on fait un concours comme ça, c’est beaucoup plus par motivation en fait que pour avoir un prix.Et je trouve que c’est un peu une aberration de donner des prix pour une chose comme ça.
Marie-Aimée Ide
Est-ce que vous pensez que les jeunes de votre génération sont obligés de se souvenir de ce qui s’est passé entre 39 et 45 ?
Inconnue 1
Non, ils ne sont pas obligés !Ce n’est pas une obligation, pas du tout.Je pense que c’est un besoin.Pas un besoin mais ils se sentent concernés en fin de compte…
Inconnue 3
C’est quand même une nécessité.
Inconnue 1
Parce qu’avec la crise en ce moment, on ne sait pas ce qui nous attend dans quelques années.
Inconnu 5
On a beau écrire là-dessus, ce n’est pas ça qui fera changer les choses puisqu’on n’a qu’à regarder le monde à notre époque.Bon ben il y a beaucoup de gens encore qui sont en camp de concentration ou déportés donc écrire, ce n’est pas qu’il faut.
Marie-Aimée Ide
Qu’est-ce qu’il faut ?
Inconnu 5
Ben c’est une autre action.C’est à un autre niveau, c’est au niveau des gouvernements par exemple.Ce n’est pas au citoyen, au petit citoyen d’écrire, ou à un lycéen.
Marie-Aimée Ide
Mais vous ne croyez pas que l’action d’un citoyen plus celle d’un autre citoyen plus celle d’un autre encore risque de faire avancer les choses ?
Inconnu 5
Ben ça montrera que le problème vraiment sensibilise les gens mais l’action, elle ne sera pas là.C’est aux gouvernements eux-mêmes, même s’ils sont l’expression d’une volonté du peuple.Pour l’instant on ne le remarque pas trop puisqu’il y a encore l’existence de ces camps.
Inconnu 6
Il faut aussi aller de l’avant, quoi.Ne pas toujours parler de ce qui s’est passé parce que ça ne fait pas tellement avancer les affaires.Il faut plutôt essayer d’agir dans le moment présent.
Marie-Aimée Ide
C’est-à-dire que vous êtes plus sensibilisé aux problèmes de la Pologne qu’au problème de la déportation ?
Inconnu 6
Ben certainement, oui.Parce que c’est maintenant qu’on peut agir pour faire quelque chose.Ce qui a été fait a été fait donc c’est très difficile de revenir en arrière.
Marie-Aimée Ide
Vous pensez que vous pouvez avoir une action positive à ce niveau-là ?
Inconnu 6
Oui.
Marie-Aimée Ide
Au niveau de l’amélioration de la situation des choses dans le monde ?
Inconnu 6
Ben c’est très difficile mais enfin, comme c’est nous qui ferons le monde de demain, je pense que, tout du moins prévoir dans l’avenir de faire quelque chose.
Marie-Aimée Ide
Vous êtes optimiste ?
Inconnu 6
Oui, je pense qu’il faut être optimiste.On ne peut pas…
Marie-Aimée Ide
Est-ce que dans l’ensemble, vous êtes optimistes ?
(Silence)
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