La Mayenne, le département le plus sportif

La pratique sportive régulière, individuelle ou collective, se conçoit au choix soit comme une activité de loisir, soit comme une compétition. Dans ce cas, la rivalité se joue d’abord entre les sportifs mais peut aussi se jouer entre les territoires. Jusqu’en 2010, il n’existait pas de statistiques officielles et les départements pouvaient choisir à leur guise les critères qui leur étaient les plus favorables pour prétendre au titre de département le plus sportif de France. Ainsi les Ardennes et les Hautes-Alpes revendiquaient-elles simultanément cette appellation, sans qu’il soit possible de les départager. La situation est plus claire depuis 2011 : le ministère des Sports publie des données précises sur le nombre de licenciés des fédérations sportives, par département et par discipline. Dans ce contexte, la Mayenne compte alors 165 licenciés pour 1000 habitants, ce qui lui vaut la 3e place, après la Savoie (184) et les Landes (175), mais très loin devant Paris (77) et la Seine-Saint-Denis (73) qui ferment la marche.

Il faut cependant nuancer ces chiffres et tenir compte de deux phénomènes : d’une part un sportif licencié dans plusieurs fédérations est compté plusieurs fois et, de ce fait, fausse le total ; d’autre part bien des sportifs se livrent à la pratique sportive sans être licenciés. Si l’on estime que 85 % des judokas sont licenciés, seuls 50 % des footballeurs, 5 % des cyclistes et à peine 1 % des randonneurs le sont. Une activité considérée comme un loisir et qui nécessite peu d’équipements peut très bien se pratiquer à titre privé, hors de tout club ou fédération. Comme le constate le journaliste dans ce reportage daté de 2014, au-delà du nombre de licenciés, d’autres indicateurs doivent entrer en considération : le nombre d’infrastructures, d’associations et d’événements sportifs. La multiplication des critères permet des statistiques plus équilibrées… et plus favorables à la Mayenne ! En 2014 toujours, les Pays de la Loire apparaissent comme la région comptant le plus de licenciés pour 1000 habitants (150), loin devant la moyenne nationale (125). Le reportage l’indique dans le titre mais ne le mentionne pas explicitement : la Mayenne (170) est alors le département le plus sportif de France.

En complément de ces chiffres, les sports pratiqués méritent d’être cités. Philippe Henry, président de la communauté de communes du pays de Château-Gontier, rappelle dans le reportage que près de 70 disciplines sont accessibles dans son territoire, doté de tous les équipements nécessaires.

Dans le domaine du sport individuel, l’hippisme (voir la vidéo Course hippique féminine à Nuillé-sur-Vicoin) est une valeur sûre en Mayenne, qui brille grâce aux jockeys Jean-Baptiste Bossuet ou Olivier Peslier, aux chevaux comme Ténor de Bauné ou Queila Gédé, et aux événements comme les Trois Glorieuses de Craon. Le cyclisme (voir la vidéo Retour des frères Madiot à Renazé après Paris-Roubaix) est lui aussi très populaire à travers les passages du Tour de France, le Critérium international de Laval, les Boucles de la Mayenne ou encore la Ronde mayennaise, porté par des champions comme Jacky Durand, Alain Meslet, Vincent Jérôme ou les frères Groussard et Madiot. Jean-Claude Bouttier et Jordy Weiss se sont illustrés dans la boxe. La Montée historique du Montaigu, les 100 km de Laval (devenu le Laval Urban Trail), le Marathon des Écluses et le Trail des fous sont de fameux événements de course à pied. On peut enfin citer Antoine et Laurent Béghin et le championnat d’aviron de La Haie-Traversaine, le motocross international d’Ahuillé et le motocross des Nations d’Ernée ainsi que la championne de tennis de table Solène Legay.

Dans le domaine des sports collectifs, le Stade Lavallois (voir la vidéo Ambiance avant le match de football Laval/Kiev) a brillé par son épopée européenne de 1983 au stade Francis-Le-Basser tandis que le tournoi des Mille-Pattes promeut le basket en milieu scolaire.

Depuis le reportage, le conseil départemental de Mayenne poursuit son soutien aux activités sportives pour contribuer à l’attractivité du territoire et au cadre de vie. Il devient ainsi en 2018 l’un des sponsors du skipper Maxime Sorel (voir la vidéo Polémique autour du financement du bateau V and B-Mayenne), inaugure en 2021 l’Espace Mayenne qui accueille la même année l’arrivée d’une étape du Tour de France 100 % mayennaise, s’engage aux côtés d’une quinzaine de sportifs et d’une trentaine de communes dans un label "Terre de jeu" en vue des JO de Paris 2024. La Mayenne ne s’endort pas sur ses lauriers et s’efforce d’entretenir ses belles performances sportives.

Études nationales

• Jean-Pierre Augustin, Philippe Bourdeau et Loïc Ravenel, Géographie des sports en France, Paris, De Boeck Sup, 2008.
• INJEP, Données géocodées issues du recensement des licences et clubs auprès des fédérations sportives agréées par le ministère chargé des sports, Paris, Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), 2011-2017, consulté le 26 avril 2021.
• Mathieu Garnier, « Comment le sport métamorphose la France, en deux cartes interactives », Slate, 13 novembre 2014.
• Patricia Croutte, Jörg Müller et Sandra Hoibian, Baromètre national des pratiques sportives 2018, Paris, Institut national de la jeunesse et de l'éducation populaire (INJEP), 2019.

Études régionales

• Delphine Legendre et David Martineau, Les Pays de la Loire : une région très sportive, malgré quelques disparités territoriales, Nantes, Insee, 2014, coll. « Analyses Pays de la Loire », n° 5.
• « La Mayenne sur le podium des départements les plus sportifs », Ouest-France, 13 janvier 2021.
• Michel Dloussky, « Un lieu à découvrir 100 km autour de Laval », L’Oribus, juin 2018, n° 102, p. 49-56.