Tourcoing : tournage du film Le Brasier

20 décembre 1989
01m 34s
Réf. 00002

Notice

Résumé :

Éric Barbier tourne à Tourcoing dans salle du Fresnoy la reconstitution d'un bal avec 300 figurants pour son prochain film Le Brasier sur la communauté polonaise et les mines. Interviews du réalisateur Éric Barbier sur le travail de préparation du film et du comédien Jean-Marc Barr.

Date de diffusion :
20 décembre 1989
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

L'aventure de ce film peut être qualifiée d'exceptionnelle. Eric Barbier a à peine 30 ans lorsqu'il réalise Le Brasier, son premier long métrage, qui fut historiquement le premier film français à approcher la barre des 100 millions de francs de budget de production.

Jeune réalisateur sortant de La Fémis, il est lauréat du prix Victor Hugo, dont le but est d'aider le cinéma français à se renouveler en offrant une aide à un jeune réalisateur afin de produire un teaser de 15 minutes pour son projet de long métrage. Cette aide lui permettra de travailler avec Jean-François Lepetit, le producteur de Trois hommes et un couffin, et de convaincre les financeurs puisqu'il reçoit les plus importantes aides au développement du film et avance sur recette du CNC (Centre National de la Cinématographie).

L'idée d'Eric Barbier était d'abord de faire un film sur un boxeur remontant sur le ring pour nourrir sa famille, d'après un roman de Jack London. Ce dernier situait son action dans une banlieue industrielle américaine. Le monde de la mine a semblé être celui qui conviendrait le mieux pour décrire le même type de contexte en France. Eric Barbier part donc écrire à Montceau-les-Mines, où il rencontre beaucoup d'anciens mineurs et travaille son sujet. Il ne cache pas l'influence de Germinal dans son travail d'écriture : "Quand on regarde ce qui a été écrit sur la mine, à un certain moment tout converge vers Germinal. Zola a parlé des mineurs, des grèves, de tout" (1).

Ce type de projet est à contre courant dans le cinéma français. Depuis la fin des années soixante-dix, on ne réalise plus de grandes fresques sociales comme le réalisateur l'ambitionne ici. En ce sens, le film fait événement, d'autant plus qu'il est tourné au moment des fermetures des mines dans le Nord-Pas de Calais. Le tournage se déroulera non seulement en région (comme l'indique ce reportage) mais aussi en Pologne, en Belgique et à Paris.

Le film s'ancre cependant dans une tout autre période historique : de 1931 à 1934, jusqu'au moment de l'expulsion des Polonais . Mais ne peut-on pas y voir la similarité des deux époques avec leur contexte de graves crises économiques conjuguées au le désarroi social de ces travailleurs ?

Ce n'est cependant pas la préoccupation principale d'Eric Barbier qui désire d'abord mettre en scène sa fascination pour l'univers de la mine. Il apporte un soin tout particulier à la reconstitution et à l'image de son film. Son souhait est d'offrir au spectateur une représentation quasiment mythique de la mine : les scènes du fond sont très sombres "pour ne pas faire une image proche de la télévision". Le décor devient expressionniste : des flashs lumineux sur quelques visages, des images-choc comme les plans de la cage descendant à très grande vitesse...

Le film ne rencontrera pas le succès public attendu (80 000 entrées Paris). L'accueil critique est également mitigé. Tout en reconnaissant les talents du jeune réalisateur, on reproche à son film d'être trop léché, trop calculé, trop froid : "Dans Germinal, la mine dévoreuse d'hommes finissait également par devenir le personnage principal du livre. Mais Zola prenait soin de la peupler d'une foule de personnages vivants" (2) . Quelques années plus tard, Claude Berri avec son Germinal, parviendra à enthousiasmer les habitants du Nord-Pas de Calais et atteindra les 5.8 millions de spectateurs en France .

(1) Les Cahiers du Cinéma, n°440, février 1991

(2) Télérama, n°2142, janvier 1991

La revue du Cinéma, n° 469, mars 1991.

Estelle Caron

Transcription

Intervenant 1
17 sur 1, deuxième.
Gérad Dupagny
Derrière ce film, il y a notamment l’heureux producteur de 3 Hommes et un couffin . Et pour son premier long métrage, Eric Barbier a décidé de frapper haut et fort. 20 semaines de tournage dont une semaine entière au Fresnoy, une immense salle de Tourcoing où 300 figurants ont participé toute la journée à la reconstitution d’un bal.
Eric Barbier
C’est un projet qui s’est fait vraiment grâce aux gens du Nord, et ce n’est pas de la démagogie que je dis ça, parce qu’on a travaillé depuis très longtemps sur ce film, c’est-à-dire depuis 3-4 ans et qu’on a rencontré beaucoup de mineurs, d’anciens mineurs. On a beaucoup, rencontré beaucoup de gens qui sont responsables, des gens qui nous ont expliqué comment ça s’était passé à cette période.
Gérad Dupagny
Eric Barbier, pas très bavard sur son film, a passé plus de 3 ans à préparer Le Brasier qui se situe dans les années 30. La vie est rude, la misère quotidienne. La communauté polonaise, venue très nombreuse, travailler dans la mine, n’est pas toujours vue d’un bon œil par certains Français.
Jean Marc Barr
Ce n’est pas happy ending comme tous les autres films, c’est un film qui raconte ce qui s’est vraiment passé pendant cette époque-là. Les expulsions des polonais, les mineurs dans le Nord-pas-de-Calais quoi.
Gérad Dupagny
Il y a un peu du Zola dans ce film, un peu ce style ?
Jean Marc Barr
Et bien Zola, il a tout donné pour le film, Zola dans son écriture, dans les détails, le film est Zola, tout à fait.
Gérad Dupagny
Les conflits sociaux, amoureux, ethniques s’entrecroisent dans ce film aux allures de grande fresque. Sa durée, 2 heures 20, l’interprète féminine principale, la belle Maruschka Detmers.
(Musique)