La gymnastique féminine avec le club de L'Espérance d'Harnes

08 février 1960
03m 21s
Réf. 00033

Notice

Résumé :

Reportage sur la gymnastique féminine à "l'Espérance" d'Harnes. Monsieur Leroy, moniteur de la section féminine et masculine composée de 130 membres, présente cette section qui a déjà eu deux internationales.

Type de média :
Date de diffusion :
08 février 1960
Source :

Éclairage

Fondée en 1888, la société de gymnastique "l'Espérance d'Harnes" inscrit ses finalités dans le contexte particulier de l'après guerre de 1870 : sentiment d'une "revanche" vis-à-vis de l'Allemagne, crainte de la dégénérescence de la race, nécessité de contribuer à la fortification des "corps patriotiques". C'est dire combien l'hygiénisme et la dimension militaire dominent alors l'agencement des exercices physiques, exclusivement réservés aux jeunes gens. Poursuivis dans l'entre-deux-guerres, cette lecture médicalisée de l'activité des sociétés de gymnastique n'a plus lieu d'être dans les années soixante. L'évolution des méthodes et des conceptions se traduisant alors par une sportivisation des pratiques dans les clubs civils.

Appartenant aux "sports de base" (avec la natation et l'athlétisme), la gymnastique proposée aux adultes associe formation physique générale et performance. Dans le cas de l'Espérance de Harnes, les quelque 130 licenciés, toutes catégories confondues (section masculine, féminine et pupilles) s'entraînent régulièrement en vue des compétitions fédérales, organisées par la FFG (Fédération Sportive de Gymnastique), issue en 1942 de la fusion de l'USGF et de l'UFSGF (sociétés masculine et féminine). Bénéficiant du soutien financier des Houillères et de la Municipalité, l'Espérance voit la sociologie de ses adhérents se modifier quelque peu dans les années soixante : si les effectifs masculins stagnent (la concurrence du football et d'autres sports collectifs est l'explication mobilisée par les dirigeants), la section féminine semble attirer davantage. Au plan national, on compte d'ailleurs en 1954 près de 27 000 gymnastes hommes pour 16 000 femmes (elles représentent aujourd'hui 80% des licenciés de l'USGF). Longtemps orientée vers l'éducation physique, la gymnastique féminine se tourne, dans les années soixante, vers la compétition, en développant des formes plus "modernes" de pratiques (utilisation d'engins, enchaînements en musique, etc.). Pour autant, la dimension ascétique des pratiques originelles et les valeurs véhiculées (ordre, discipline, sens de l'effort, assiduité) demeurent.

Olivier Chovaux

Transcription

(Musique)
Journaliste
Monsieur Leroy, l’Espérance de Harnes est l’une des plus importantes sociétés de gymnastique du bassin Houiller et même de la Ligue des Flandres de gymnastique. Et elle le doit à un animateur incomparable, Monsieur [Debac], qui malgré ces 71 ans, reste un apôtre du sport nordiste et beaucoup, à son âge, envieraient son dynamisme.
Leroy
Oui, malheureusement, Monsieur [Debac] est malade en ce moment et à son grand regret n’a pu venir.
Journaliste
Oui, d’ailleurs, je sais tout le regret qu’il a de ne pas être avec nous aujourd’hui dans cette salle Maurice Boutmy ; et nous aurons l’occasion de revenir le voir, pour lui faire dire des choses très intéressantes sur sa vielle société qui a été fondée en 1889. Et aussi sur les conceptions bien définies qu’il a sur le côté éducatif de la gymnastique vis-à-vis du sport en général. Mais vous, Monsieur Leroy, quelles sont vos fonctions exactes dans la société ?
Leroy
Je suis moniteur des sections masculines et féminines adultes en compagnie de Monsieur Derache qui s’occupe des pupilles et pupillettes.
Journaliste
Oui, alors, question classique, à combien se monte l’effectif de votre société ?
Leroy
Environ 60 masculins et 70 féminins.
Journaliste
Ce qui fait un total de 130 gymnastes, mais le détail nous prouve que vous avez beaucoup plus de recrutements chez les filles que chez les garçons. Pourquoi ?
Leroy
C’est le problème classique de toutes les sociétés de gymnastiques. Les garçons, je pense, sont un peu attirés aussi par les sports d’équipe.
Journaliste
Oui, bien sûr, d’ailleurs surtout dans les mines, il y a une ferveur populaire pour le football, et ce qui explique qu' il y a moins de garçons, et beaucoup plus de filles. Et ce qui explique également que vous avez eu des internationales.
Leroy
Oui, comme Pilawa et Gorsky. Pilawa qui est mariée maintenant et ne fait plus de gymnastique, et Gorsky, qui est à l’école normale d’éducation physique à Paris, où elle poursuit ses études pour le professorat.
Journaliste
Oui, elles sont peut être perdues pour la gymnastique mais pas pour l’éducation physique puisque ce sont de futures pédagogues. Mais vous espérez en former d’autres, des internationales ?
Leroy
C’est l’espoir de tous les moniteurs, évidemment, mais voilà. Toutes les jeunes filles ne peuvent pas continuer jusqu’à l’âge d’être internationale, c’est-à-dire, je ne sais pas, environ 18 ou 20 ans par exemple.
Journaliste
Oui, c’est un travail de longue haleine.
Leroy
Oui.
Journaliste
Et quelles sont d’ailleurs les qualités requises pour former des internationales ?
Leroy
D’abord, je pense les qualités naturelles, ensuite la volonté, le courage, l’assiduité, la possibilité de travailler en tout temps.
Journaliste
Et aussi de la discipline, je crois.
Leroy
Et aussi de la discipline.
Journaliste
C’est le mot d’ordre principal de la gymnastique. Je sais que vous êtes encouragé par les Houillères mais les édiles municipaux, est qu’elles vous encouragent à poursuivre votre effort ?
Leroy
Oui à ce sujet, ils sont très compréhensifs et nous aident beaucoup, heureusement d’ailleurs car les petites sociétés comme nous ne survivraient pas.
Journaliste
Et bien, merci Monsieur Leroy, je vous encourage maintenant à reprendre en main vos féminines et à persévérer afin que l’Espérance de Harnes continue à glaner de très beaux succès.
Leroy
Merci.
(Musique)