La gymnastique féminine avec le club de L'Espérance d'Harnes
Notice
Reportage sur la gymnastique féminine à "l'Espérance" d'Harnes. Monsieur Leroy, moniteur de la section féminine et masculine composée de 130 membres, présente cette section qui a déjà eu deux internationales.
Éclairage
Fondée en 1888, la société de gymnastique "l'Espérance d'Harnes" inscrit ses finalités dans le contexte particulier de l'après guerre de 1870 : sentiment d'une "revanche" vis-à-vis de l'Allemagne, crainte de la dégénérescence de la race, nécessité de contribuer à la fortification des "corps patriotiques". C'est dire combien l'hygiénisme et la dimension militaire dominent alors l'agencement des exercices physiques, exclusivement réservés aux jeunes gens. Poursuivis dans l'entre-deux-guerres, cette lecture médicalisée de l'activité des sociétés de gymnastique n'a plus lieu d'être dans les années soixante. L'évolution des méthodes et des conceptions se traduisant alors par une sportivisation des pratiques dans les clubs civils.
Appartenant aux "sports de base" (avec la natation et l'athlétisme), la gymnastique proposée aux adultes associe formation physique générale et performance. Dans le cas de l'Espérance de Harnes, les quelque 130 licenciés, toutes catégories confondues (section masculine, féminine et pupilles) s'entraînent régulièrement en vue des compétitions fédérales, organisées par la FFG (Fédération Sportive de Gymnastique), issue en 1942 de la fusion de l'USGF et de l'UFSGF (sociétés masculine et féminine). Bénéficiant du soutien financier des Houillères et de la Municipalité, l'Espérance voit la sociologie de ses adhérents se modifier quelque peu dans les années soixante : si les effectifs masculins stagnent (la concurrence du football et d'autres sports collectifs est l'explication mobilisée par les dirigeants), la section féminine semble attirer davantage. Au plan national, on compte d'ailleurs en 1954 près de 27 000 gymnastes hommes pour 16 000 femmes (elles représentent aujourd'hui 80% des licenciés de l'USGF). Longtemps orientée vers l'éducation physique, la gymnastique féminine se tourne, dans les années soixante, vers la compétition, en développant des formes plus "modernes" de pratiques (utilisation d'engins, enchaînements en musique, etc.). Pour autant, la dimension ascétique des pratiques originelles et les valeurs véhiculées (ordre, discipline, sens de l'effort, assiduité) demeurent.