Clôture du congrès du syndicat des mineurs CGT à Harnes

24 juin 1988
01m 40s
Réf. 00124

Notice

Résumé :

Henri Krasucki est venu clôturer le congrès du syndicat des mineurs CGT à Harnes ; il a fait l'éloge de Marcel Barrois qui passe la main à Frederico Mario. Celui-ci rappelle que Marcel Barrois a été un des premiers à conduire les luttes dans les Houillères.

Date de diffusion :
24 juin 1988
Source :

Éclairage

En cette fin juin 1988, le congrès de l'Union régionale des syndicats des mineurs du Nord-Pas-de-Calais de la CGT présente un caractère particulier : sa figure de proue, Marcel Barrois, passe la main, en présence du secrétaire général de la confédération, Henri Krasucki.

Comme il se doit dans un congrès, les revendications du moment sont martelées. Dans un contexte de fermeture des mines bien engagé et inexorable, les "gueules noires" s'inquiètent de l'avenir industriel de leur région, mais aussi des évolutions en matière de protection sociale. Depuis quelques années, la CGT s'élève contre ce qu'elle voit comme des atteintes répétées au régime spécial de sécurité sociale obtenu en 1946. A l'époque du gouvernement Mauroy par exemple, l'instauration du forfait hospitalier paraît ébranler le principe de gratuité des soins ; il est en outre décidé de transférer la tutelle du régime de sécurité sociale du service des mines aux Directions régionales d'action sanitaire et sociale. Pour en revenir à 1988, la Caisse autonome nationale affirme en début d'année son intention de relever le seuil permettant de créer ou conserver un poste de médecin minier à plein temps. Pour la CGT qui s'y oppose, la volonté de réduire les moyens en personnel et en équipements est manifeste. Pour elle, démantèlement des Houillères et des acquis vont de pair, niant les spécificités du métier, en particulier en matière d'accès aux soins. Depuis 1985, elle multiplie les mobilisations sur ce thème.

Le reportage est aussi l'occasion d'évoquer la personnalité de Marcel Barrois (1). Né en 1926 dans une famille installée à Barlin et militante au PCF, il adhère aux Jeunesses communistes dès 1939. En septembre de l'année suivante, il devient galibot à la fosse 7 de Barlin. Dans le sillage des siens, il multiplie les actes de résistance. Il distribue des tracts, ne descend pas à la mine le 11 novembre 1940 et se joint à la grève des mineurs de mai-juin 1941. Il participe enfin aux combats de la Libération dans la région de Barlin, localité où il est alors membre de la section communiste et secrétaire du cercle local des Jeunesses communistes. Son ascension dans la hiérarchie de la CGT et du PCF s'engage. En 1945, il est à la direction du syndicat des mineurs de Noeux-les-Mines et élu l'année suivante secrétaire du comité d'entreprise de la fosse 4 de Barlin.

Après son mariage en mai 1948, il s'installe à Méricourt, puis Lens, où il est muté à la fosse 2 en juin. Devenu ensuite permanent de la Fédération PCF du Pas-de-Calais, il siège au secrétariat fédéral de 1952 à 1959, puis au bureau fédéral de 1959 à 1994. Il est en outre élu communiste au Conseil municipal de Lens de 1983 à 1995 et au Conseil régional de 1986 à 1995. A cette date, en conflit avec son parti, il ne reprend plus sa carte.

Versant syndical, il entre en 1960 comme rédacteur à "La Tribune des mineurs", l'organe régional du syndicat CGT qu'il ne tarde pas à diriger. À cette même époque il accède au bureau de la Fédération CGT du Sous-Sol, dont il devient secrétaire national, jusqu'en 1985. Il est également secrétaire général de l'Union régionale des syndicats des mineurs CGT du Nord-Pas-de-Calais, où il a succédé à Léon Delfosse.

Après avoir quitté le secrétariat de l'Union régionale, il en demeure Président et n'abandonne pas le champ syndical. Mais au tournant des années 1980-1990, son militantisme prend aussi d'autres formes. Il préside à partir de 1986 l'Association de défense du logement minier et s'engage dans une démarche mémorielle. Il anime en effet l'Association "Mai-juin 41", devenue en 1995 "Mémoires et cultures de la région minière", abritée par la Maison syndicale des mineurs de Lens.

Il décède le 10 juillet 2012 à l'âge de 86 ans.

(1) Christian Lescureux, "Barrois Marcel, Henri", Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier mouvement social, Paris, Éditions de l'Atelier, t. 1, 2006, p. 367-368.

Stéphane Sirot

Transcription

Saïd Ankile
A la clôture du congrès régional de l’Union des syndicats des mineurs, Marcel Barrois, après 25 ans de lutte cède la place à Mario Frederico, un jeune connu pour son militantisme actif. Une nouvelle structure vient ainsi de naître.
Mario Frederico
… Vu la gravité de la situation, Charbonnages de France et l’Union des bassins de Nord-Pas-de-Calais mettent en place pour les mineurs actifs et retraités, bien que le besoin se fait ressentir d'avoir une nouvelle structure, pour impulser un mouvement beaucoup plus important dans notre bassin du Nord-Pas-de-Calais.
Saïd Ankile
Les 156 congressistes ont vivement applaudi l'adresse lue par Marcel Barrois. Un véritable inquisitoire contre la politique de restructuration du gouvernement et des dirigeants des Houillères, conduisant au déclin de la sécurité sociale minière et au démantèlement des ses activités sanitaires et sociales. Même son de cloche chez le secrétaire général de la CGT qui a fait plutôt l’exégèse de la lutte syndicale et l’éloge de Marcel Barrois.
Henri Krazucki
Marcel Barrois a été et est un personnage de premier plan du syndicalisme dans le Nord-Pas-de-Calais. Il a été dirigeant des mineurs du Nord-Pas-de-Calais pendant plusieurs dizaines d’années et a conduit les luttes les plus prestigieuses dans cette corporation. Le problème du charbon reste un problème majeur de la région Nord-Pas-de-Calais. Naturellement, son avenir suppose un développement de toutes les activités industrielles, de services qui font une région moderne. Et le Nord-Pas-de-Calais, c’est le charbon.