Rencontre et exposition de la plasticienne Yamina Seddiq à Rieulay
Notice
Yasmina Sediq a travaillé pour les plus grands couturiers ; elle expose ses œuvres à la Maison du terril de Rieulay . Elle revient à l'occasion dans la cité de Denain où était arrivé son père, mineur Marocain en 1947. En hommage elle a réalisé une robe symbolisant la catastrophe "de Courrières", en dentelle noire, avec 1099 perles représentant les victimes et 13 perles de chapelet représentant les survivants.
- Europe > France > Nord-Pas de Calais > Nord > Denain
Éclairage
Cet interview de la plasticienne Yamina Seddiq montre une image inattendue de ce que l'on nomme improprement souvent les enfants issus de l'immigration ou la seconde génération. Par ses origines, Yamina Seddiq est cependant bien représentative de ces enfants dont le père est venu d'Algérie ou du Maroc après la Seconde Guerre mondiale travailler en France. Le sien est marocain. Il est arrivé dans le Nord-Pas-de-Calais en 1947 et a travaillé 30 ans à la fosse d'Arenberg. Elle a passé son enfance dans une famille nombreuse dans le coron près de Denain et près du carreau de la mine aujourd'hui désaffectée où elle est interviewée. De par sa réponse à la question de la journaliste "Comment on vivait ?" sous-entendu dans le coron de Denain, elle répond "on vivait quand même bien entre nous". Ce "entre nous" terminant sa phrase montre bien les problèmes d'intégration dont souffrait la communauté marocaine.
Malgré une enfance dans les corons, son propre parcours est original car c'est a priori dans un univers bien éloigné de celui de la mine : celui de la mode et des grands couturiers parisiens (elle a par ailleurs travaillé avec les plus grands couturiers dont Christian Lacroix) qu'elle a trouvé son avenir professionnel. Elle est plasticienne textile. Elle n'a pas pour autant oublié ces héritages et c'est l'une de ses créations, présentée lors d'une exposition à la Maison du Terril, à Rieulay, qui montre son attachement à son passé familial et au monde de la mine. Elle a voulu par cette exposition, rendre hommage à son père et à tous les mineurs. Il s'agit en effet d'une robe de mariée qui est une "robe de charbon" en dentelle et soierie ornée de perles noires bordées en chaînette et de bois doré dont le nombre et la couleur rappellent la tragédie de la Compagnie de Courrières du 10 mars 1906. Les 1 099 perles noires représentent les 1 099 morts tués par un coup de grisou et les 13 grains de chapelets, les seuls survivants, les rescapés revenus à la surface dix jours plus tard. C'est à la suite de cette catastrophe que les Compagnies minières ont fait appel aux premiers mineurs venus d'Afrique du Nord : quelques centaines de kabyles venant combler le vide.