Le ballet Danse avec le grisou, commémorant les 100 ans de la catastrophe de Courrières
Notice
Dans ce premier épisode du "Feuilleton de la semaine" du 13 heures d'Antenne 2, on suit en région parisienne la répétition d'un ballet, Conditions humaines, commémorant la catastrophe dans les mines de la compagnie de Courrières le 10 mars 1906. Sous la direction de la chorégraphe française Marie-Claude Pietragalla, ce spectacle a été créé à la demande de la région Nord-Pas-de-Calais.
Éclairage
En 2006, le centenaire de la catastrophe de "Courrières" donne lieu à de nombreuses initiatives commémoratives. L'une des plus marquantes est le spectacle Conditions humaines, créé à cette occasion par Marie-Claude Pietragalla. Deux ans auparavant, la chorégraphe et ex-danseuse étoile de l'Opéra de Paris a fondé avec son compagnon Julien Derouault la Compagnie Pietragalla-Derouault, le Théâtre du Corps. Conditions humaines est leur deuxième spectacle. Il naît sur la base d'un partenariat avec la région Nord-Pas-de-Calais. Entre 2006 et 2008, la compagnie de Pietragalla et Derouault est en résidence à la scène nationaleCulture Commune de Loos-en-Gohelle. De là naissent nombres d'actions culturelles tournées vers la population et l'ex-bassin minier et Conditions humaines, spectacle chorégraphique pour 11 danseurs. Il est présenté dès le mois d'avril 2006 à Sallaumines, l'une des villes les plus touchées par la catastrophe. La première représentation officielle a lieu le 23 mars 2007 au Palais des Sports de Paris.
A travers ce spectacle, Pietragalla et Derouault ont voulu livrer moins une fresque historique qu'une allégorie du monde ouvrier, incarnée ici dans la figure emblématique du mineur livré à la catastrophe. Il s'agit aussi pour eux de représenter l'enfer de la mine tel qu'il peut s'inscrire dans les corps. L'entreprise qui était ambitieuse, a connu une réelle résonance tant à l'échelle locale qu'à l'échelle nationale, non sans que soient posées un certain nombre de questions. Peut-on par exemple transformer les catastrophes en œuvre d'art ? Face à cette question, Pietragalla et Derouault pouvaient toutefois évoquer toute une série de précédents, à commencer par Émile Zola qui dansGerminal fait déjà de la catastrophe un motif romanesque. Plus intéressante peut-être est l'interrogation concernant ce qu'ont pu exactement représenter les chorégraphes. Aucune image n'est restée de ce qui s'est exactement passé dans les galeries de la compagnie de Courrières en 1906. Sans doute les témoignes oraux, émanant d'anciens mineurs, touchant à l'aspect du monde souterrain et aux conditions du travail du fond, existent-ils en nombre. Reste qu'en 2006, ils se font déjà de plus en plus rares et ne concernent de toute façon que la période la plus récente, celle d'une extraction très largement mécanisée. Dans ces conditions, Conditions humaines tient moins du spectacle sur la mine proprement dite, que du témoignage sur la manière dont notre modernité envisage l'univers minier et de la preuve de la perpétuation jusqu'à aujourd'hui d'un certain nombre de mythes (le mineur héros et martyr).