Le dixième anniversaire de la catastrophe de Liévin

27 décembre 1984
02m 06s
Réf. 00266

Notice

Résumé :

Le dixième anniversaire de la catastrophe de Liévin a été célébré par deux cérémonies discrètes : l'une part l'intersyndicale, d'autre part Noël Josèphe, Jean-Pierre Kucheida et des personnalités, ont déposé des gerbes au pied de la stèle commémorative. A l'école Léo Lagrange, une exposition de photographies sur la catastrophe a été organisée. Le reportage se termine par une rétrospective à base d'archives récapitulant les événements de décembre 1974.

Date de diffusion :
27 décembre 1984
Source :

Éclairage

Le coup de grisou survenu à la fosse 3 de Liévin, au mois de décembre 1974, est à la fois la dernière grande catastrophe minière en France et l'une des plus importantes : elle fait au total 42 morts. Elle suscite une vague unanime d'émotion mais aussi d'intenses débats, tournant autour de l'archaïsme, ou non, du métier de mineur mais aussi de l'éventuelle responsabilité des dirigeants des Houillères dans le déclenchement de cette catastrophe. Il s'en suit une longue série de poursuites judiciaires, dont l'épilogue n'a lieu que le 20 juin 1984 avec la décision de la Cour de Cassation qui confirme la condamnation pénale du responsable de l'exploitation (le chef de siège) mais ne reconnaît pas la faute inexcusable de l'employeur.

Cependant les commémorations organisées la même année pour marquer le dixième anniversaire de l'accident témoignent d'un contexte déjà en forte évolution. Sans doute le reportage use-t-il d'images et de sons (les pleurs) qui permettent d'intégrer l'événement dans la longue suite des catastrophes minières survenues depuis celle de "Courrières" en 1906. Sans doute les gerbes déposées en souvenir des victimes proviennent-elles d'organisations syndicales qui représentent encore ce qui reste de mineurs en activité. Toutefois le dixième anniversaire atteste davantage de l'effacement en cours de l'exploitation minière, après le bref espoir de reprise du début des années 1980. Sauf le fameux site du 11-19, il ne reste plus guère alors dans la zone de Lens-Liévin de puits en activité. Si le député maire-socialiste de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, et le président socialiste du conseil régional Nord-Pas-de-Calais, Noël Josèphe, évoquent dans ces conditions la mémoire des victimes, c'est moins pour appeler les mineurs au combat militant que pour rappeler la collectivité nationale à ce qui est à leurs yeux son devoir : venir en aide à une population et une zone urbaine frappées de plein fouet par la hausse du chômage et hâter par-là le processus de modernisation et de sortie définitive de la période minière.

Marion Fontaine

Transcription

Michel Barre
il y a dix ans déjà. Ce dixième anniversaire de la catastrophe minière de Liévin a été célébré ce matin lors de deux cérémonies toutes de discrétion. C’était d’abord l’intersyndicale qui était venue déposer des gerbes au pied de la stèle de la place de Sainte-Amé. Puis, à 10 heures 30, les élus et les personnalités conduits par Jean-Pierre Kucheida et Noël Josèphe rendaient à leur tour hommage aux 42 disparus de la Fosse 3 ; la plus grande catastrophe minière en France depuis Courrières en 1906. Dans leurs allocutions, le député maire de Liévin et le président du conseil régional ont associé le souvenir des victimes ; et l’espoir que le bassin houiller doit concevoir pour leurs enfants. Ce ne sera, dit Jean-Pierre Kucheida, que justice rendue au peuple de la mine. Ce souvenir a été souligné par la création d’une flamme postale du dixième anniversaire et par une exposition dans l’école Léo Lagrange qui jouxte l’ancien carreau de la Fosse 3 ; dont il ne reste plus aujourd’hui qu’un seul chevalet dont les câbles ont été enlevés.
(Musique)
Michel Barre
Au soir du 27 décembre 1974, la région et la France entière sont frappées de stupeur. 42 mineurs sont morts à 6 heures du matin dans le quartier Six Sillons du Siège 19 de Lens, dont dépend le puits numéro 3 de Liévin. C’était la reprise après la trêve de Noël, une trêve pendant laquelle du grisou s’était accumulé au fond d'une voie en cul-de-sac, et qui n’avait pas été détecté. A la remise en marche du matériel, c’est l’étincelle, l’explosion, le feu remonte l’aérage, parcourt 1 200 mètres de galerie. Les arrêts barrage n’ont pas fonctionné, le tout n’a duré que quelques secondes, les mineurs sont morts asphyxiés ou brûlés ; certains en mangeant leur briquet. L’émotion est immense et le Premier Ministre de l’époque, Jacques Chirac viendra aux obsèques promettre que toute la lumière serait faite. La procédure judiciaire durera dix ans. Elle ne s’est terminée qu’en juin dernier après six ans d’enquête. Le chef de siège est condamné pour homicide involontaire. Mais la faute inexcusable des Houillères ne sera pas établie, et la sécurité sociale n’a pas majoré les rentes des veuves et des orphelins. Pour la justice, l’affaire est donc clause. Et pour les familles, il reste le souvenir des heures terribles qu’elles ont vécues