Le dixième anniversaire de la catastrophe de Liévin
Notice
Le dixième anniversaire de la catastrophe de Liévin a été célébré par deux cérémonies discrètes : l'une part l'intersyndicale, d'autre part Noël Josèphe, Jean-Pierre Kucheida et des personnalités, ont déposé des gerbes au pied de la stèle commémorative. A l'école Léo Lagrange, une exposition de photographies sur la catastrophe a été organisée. Le reportage se termine par une rétrospective à base d'archives récapitulant les événements de décembre 1974.
Éclairage
Le coup de grisou survenu à la fosse 3 de Liévin, au mois de décembre 1974, est à la fois la dernière grande catastrophe minière en France et l'une des plus importantes : elle fait au total 42 morts. Elle suscite une vague unanime d'émotion mais aussi d'intenses débats, tournant autour de l'archaïsme, ou non, du métier de mineur mais aussi de l'éventuelle responsabilité des dirigeants des Houillères dans le déclenchement de cette catastrophe. Il s'en suit une longue série de poursuites judiciaires, dont l'épilogue n'a lieu que le 20 juin 1984 avec la décision de la Cour de Cassation qui confirme la condamnation pénale du responsable de l'exploitation (le chef de siège) mais ne reconnaît pas la faute inexcusable de l'employeur.
Cependant les commémorations organisées la même année pour marquer le dixième anniversaire de l'accident témoignent d'un contexte déjà en forte évolution. Sans doute le reportage use-t-il d'images et de sons (les pleurs) qui permettent d'intégrer l'événement dans la longue suite des catastrophes minières survenues depuis celle de "Courrières" en 1906. Sans doute les gerbes déposées en souvenir des victimes proviennent-elles d'organisations syndicales qui représentent encore ce qui reste de mineurs en activité. Toutefois le dixième anniversaire atteste davantage de l'effacement en cours de l'exploitation minière, après le bref espoir de reprise du début des années 1980. Sauf le fameux site du 11-19, il ne reste plus guère alors dans la zone de Lens-Liévin de puits en activité. Si le député maire-socialiste de Liévin, Jean-Pierre Kucheida, et le président socialiste du conseil régional Nord-Pas-de-Calais, Noël Josèphe, évoquent dans ces conditions la mémoire des victimes, c'est moins pour appeler les mineurs au combat militant que pour rappeler la collectivité nationale à ce qui est à leurs yeux son devoir : venir en aide à une population et une zone urbaine frappées de plein fouet par la hausse du chômage et hâter par-là le processus de modernisation et de sortie définitive de la période minière.