Fermeture de la dernière mine des Houillères de Blanzy en Bourgogne

30 avril 1992
02m 30s
Réf. 02028

Notice

Résumé :
Aux Houillères de Blanzy, la fermeture du puits Darcy s'est déroulée sans médiatisation. Lors de cette dernière journée, les portes sont restées closes pour les journalistes et les mineurs retraités. Jean Pierre Klapuch, secrétaire général CFDT, puis Daniel Prothiau, mineur, parlent de cette situation et d'un manquement à la liberté d'informer de la presse. Daniel Zizutto, de la CGT Mineurs, a une altercation avec les journalistes.
Date de diffusion :
30 avril 1992
Source :

Transcription

Présentatrice
Une bien sombre fermeture officielle du Puits Darcy aujourd’hui à Montceau-les-Mines, les mineurs retraités et les familles n’ont même pas eu le droit de revenir une dernière fois sur le site comme le veut la tradition. Les Houillères de Blanzy avaient verrouillé tous les accès. Jacques Revon, Richard Négri.
Jacques Revon
La Houillères de Blanzy du bassin Centre-Midi avaient programmé la fermeture du Puits Darcy, dernier puits de mine en Bourgogne, la veille du 1er mai. Une dernière journée étrange, les portails ont été fermés à clefs. La direction des Houillères n’a pas voulu que les journalistes témoignent de la dernière remontée des mineurs, prétextant la tranquillité de ces mineurs et le fait que les syndicats ne souhaitaient pas, excepté la CFDT, la présence des médias ce jour-là.
Jean-Pierre Klapuch
La direction voulait mettre la responsabilité de la journée porte ouverte sur les organisations syndicales. Or, les organisations syndicales ne peuvent pas prendre la responsabilité d’une porte ouverte, il y a des problèmes de sécurité qui sont posés. Mais dans la foulée, nous avons dit en tant que CFDT, immédiatement, que pour nous, il faut respecter la liberté de presse, il faut respecter l’accès des journalistes sur les carreaux, et ça s’est fait en cachette. On a l’impression que la direction générale avait quelque chose à cacher devant les médias.
Jacques Revon
Même les retraités de la mine n’ont pas pu rentrer, ils le regrettent et n’ont pas apprécié qu’une page de l’histoire ne soit pas fixée sur la pellicule.
Inconnu
Je ne sais pas moi pourquoi c’est fermé. Ils ne veulent pas, ils ne veulent pas, il n’y a pas la liberté à ce moment-là !
Daniel Zizutto
C’est fini là ! C’est un enterrement ici, un peu de dignité Messieurs ! Alors, la presse là !
Jacques Revon
Oui, un peu de dignité vous aussi, la liberté du travail, c’est valable pour nous aussi !
Daniel Zizutto
Mais vous êtes libre à l’extérieur !
Jacques Revon
Non ! Alors, ça s’est passé comment au fond ?
Daniel Prothiau
Oh bah, ma foi pas trop mal ! Puisque de toute manière, on n’a pas fait grand-chose, puisque de toute manière comme on est un peu mis à la porte, alors les gens n’ont pas tellement le coeur à l’ouvrage.
Jacques Revon
Vous auriez aimé voir vos épouses ou les journalistes vous attendre à la sortie de la cage ?
Daniel Prothiau
Oui, enfin moi personnellement ça ne m’aurait pas du tout gêné qu’il y ait des journalistes qui soient à la remontée de la cage. Enfin, moi, je ne prends pas position pour la Houillères.
Jacques Revon
Au poste de 5 heures du matin, ils sont une cinquantaine à être descendus à moins 770 mètres. C’est la première fois dans l’histoire des Houillères qu’une dernière remontée se fait dans le silence. La date du 30 avril 1992 marque la fin du fond en Bourgogne à Montceau-les-Mines, mais une fin du fond dans la tristesse.