Parcours thématique

La reconversion des mines

Laurent Warlouzet

Introduction

L'inéluctable déclin charbonnier est à l'origine de la politique de reconversion. Celle-ci est mise en œuvre par des pouvoirs publics très volontaristes. Elle consiste à implanter de nouvelles activités économiques pour créer des emplois, afin de compenser les chutes d'effectifs dans les Charbonnages. Elle met la capacité d'adaptation de la population du bassin minier à rude épreuve, car elle a impulsé des ruptures socio-économiques mais aussi culturelles majeures.

L'inéluctable déclin charbonnier

Le déclin de l'exploitation charbonnière dans le Nord-Pas-de-Calais est lié à un coût d'extraction plus élevé que son prix de vente. Les couches de charbon, profondes et faillées, sont plus difficiles à exploiter qu'en Lorraine par exemple. Les puits les moins rentables se situent à l'Ouest du bassin minier, ce qui explique que la région de Bruay et de Béthune soit touchée par de nombreuses fermetures dès le début des années 1960.

Le maximum de production charbonnière en France est atteint en 1958 avec près de 60 millions de tonnes produites, dont près de la moitié dans le Nord-Pas-de-Calais. Mais 1958 marque aussi le début de la surabondance de charbon, alors que la consommation de pétrole s'envole. En 1960, le ministre de l'énergie Jean-Marcel Jeanneney fait adopter son célèbre plan éponyme qui prévoit une réduction de la production. Le Plan Bettencourt de 1968 renforce encore cette évolution. La fermeture du bassin charbonnier du Nord-Pas-de-Calais est alors prévue quinze années plus tard, entre 1983 et 1985. Finalement, la crise énergétique de 1973, puis la politique du gouvernement Mauroy en 1981-1983 autorisent une petite relance mais les contraintes financières reprennent rapidement le dessus. La fermeture de la dernière mine intervient finalement en décembre 1990 à Oignies. Les Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais sont dissoutes le 31 décembre 1992, alors qu'elles avaient employées jusqu'à 220 000 personnes en 1947.

 Rétrospective de la crise dans les charbonnages

Rétrospective de la crise dans les charbonnages

Rétrospective à base d'archives de la crise dans les charbonnages depuis les manifestations des mineurs à l'occasion des premières fermetures des puits de mines en 1962, aux annonces du gouvernement en 1983 de la fermeture inéluctable. Fin 1983, les mineurs manifestent et le communiste Georges Valbon démissionne de la présidence des Charbonnages de France. Les communistes émettent des réserves et aux Charbonnages les décisions sont repoussées. Côté gouvernement, le 10 janvier 1984, Jean Auroux affirme qu'il y aura des négociations et des solutions sociales. Le 13, les syndicats estiment que la négociation n'a pas commencé et le 20 Antonin Dufresne (CGT) et Jean Marie Spaeth (CFDT) lancent un appel à la mobilisation. Noël Josèphe, président de la région Nord-Pas-de-Calais, demande à voir le coût des suppressions d'emplois dans les mines.

16 fév 1984
05m 27s

Cette situation difficile n'est pas propre au Nord-Pas-de-Calais. Les mines de charbon ont fermé dans le Limbourg néerlandais dès 1975, en Belgique en 1991, dans le Pays de Galles en 1994, et en Lorraine en 2003. L'activité a également considérablement diminué en Allemagne comme au Royaume-Uni. Face à cet inéluctable déclin charbonnier, les pouvoirs publics se sont mobilisés précocement.

Le volontarisme des pouvoirs publics

L'impulsion de l'Etat central

La tradition colbertiste et centralisatrice française a donné à l'Etat central de très larges moyens d'intervention. En tant qu'entreprise publique, ce sont d'abord les Charbonnages de France (CdF), par l'intermédiaire de leur filiale locale, les Houillères du Bassin du Nord et du Pas-de-Calais (HBNPC), qui sont en première ligne. L'entreprise cherche à développer des activités alternatives soit en interne (chimie, travail de ses ateliers centraux pour des prestataires externes), soit en externe, en réhabilitant des terrains des Houillères pour leur permettre d'accueillir des entreprises. Afin de leur apporter des financements, les HBNPC créent en 1967 une société de conversion, la Sofirem (Société financière pour l'industrialisation des régions minières). Elle a aidé à la création de 28.000 emplois jusqu'à son remplacement en 1984 par la Finorpa (la Financière du Nord-Pas-de-Calais) qui joue un rôle proche. Au-delà des Houillères, l'action des entreprises publiques passe par des nouvelles implantations comme l'Imprimerie nationale à Douai ou l'usine Renault, toujours à Douai.

 L'avenir des ateliers centraux

L'avenir des ateliers centraux

Reportage sur une reconversion d'importance : celle du département des ateliers centraux des Houillères du Nord-Pas-de-Calais à Wingles. Le responsable des Houillères, M. Gruson, présente le département des ateliers centraux d'Auchel-Bruay, Wingles, Billy-Montigny, Aniche et Anzin. Pour l'avenir, il espère que ces ateliers deviennent la branche mécanique des Charbonnages de France. Déjà ils travaillent pour de grosses entreprises comme Creusot-Loire, Péchiney, Beghin...

27 mai 1972
02m 35s
  Exemple de conversion : l'imprimerie nationale à Douai

  Exemple de conversion : l'imprimerie nationale à Douai

Les différentes catégories de personnels employés à l'Imprimerie nationale de Douai sont présentées dans cet extrait. Ils viennent en grande partie du douaisis dont d'anciens mineurs qui se sont reconvertis. Le directeur de l'imprimerie détaille les différents types de reconversions et de formations des personnels des Houillères.

06 déc 1978
02m 41s
 La conversion industrielle : l'exemple de l'usine Renault de Douai

La conversion industrielle : l'exemple de l'usine Renault de Douai

Une nouvelle usine Renault est en construction à côté de Douai, complétant l'unité ouverte en 1971. M Christian Beullac, directeur général de Renault pense que la crise de l'automobile sera éphémère avec la reprise économique. L'industrie automobile est un facteur important de la conversion de la région.

12 juil 1974
02m 45s

L'Etat dispose également d'un deuxième outil, l'attribution de "primes", soit des subventions à l'installation d'entreprise, et des aides directes pour l'implantation des constructeurs automobiles à partir de 1969.

L'Etat central s'assure le relais d'acteurs locaux avec la création de l'APEX (Association pour l'expansion industrielle) en 1966. Elle regroupe des dirigeants patronaux de la région et l'Etat y est particulièrement présent à travers les HBNPC. En 1967, l'Etat nomme un commissaire à la reconversion industrielle, qui joue un rôle crucial pour coordonner les initiatives de l'Etat central, des entreprises publiques, des collectivités locales et du patronat. Ce poste est occupé d'abord par Pierre Billecocq, puis par Jean Mattéoli à partir de 1969.

 Interview de Jean Matteoli au sujet de l'implantation de l'usine Renault

Interview de Jean Matteoli au sujet de l'implantation de l'usine Renault

Jean Matteoli, Commissaire à la conversion industrielle du Nord-Pas-de-Calais, annonce l'implantation de Renault, dans le Douaisis. L'usine se situera à la sortie de Douai d'ici 1975 et emploiera 7 000 personnes dont 25% d'ouvriers hautement qualifiés.

31 mai 1969
04m 49s

Progressivement, l'action de l'Etat se diversifie avec le développement la formation professionnelle. La reconversion sociale s'ajoute à la reconversion économique. Des thématiques nouvelles s'imposent à partir de 1971 comme la protection de l'environnement, la rénovation des logements et la reconfiguration des centres urbains. En 1984, l'Etat créé quinze pôles de conversion, qui associent traitement social des restructurations par la formation professionnelle et récupération des friches industrielles. Ainsi, au-delà du changement de dispositif, l'esprit reste le même.

Enfin, l'Etat facilite l'action des Communautés européennes dans la région. La Communauté économique du charbon et de l'acier (CECA) accorde dès les années cinquante des aides aux investissements qui se transforment rapidement en aides à la reconversion. D'autre part, la Communauté économique européenne (CEE) met en œuvre une politique d'aide aux régions les plus pauvres. C'est la « politique régionale », devenue ensuite « politique de cohésion ».

L'importance croissante des collectivités locales

Dès 1966, l'Etat créé des OREAM (Organisation d'études et d'aménagement des aides métropolitaines) chargées d'établir des schémas directeurs. Celle du Nord publie un Livre Blanc en 1968, qui influence directement le schéma directeur d'aménagement régional adopté en 1971. Ce dernier est considérable car il transfère aux communes une partie de l'énorme patrimoine des Houillères. A l'époque, les HBPNC gèrent 113000 logements, 1100 km de voirie, 22000 ha de terrains, 55 églises, des écoles, des hôpitaux, des salles des fêtes, ainsi que des équipements sportifs et culturels. L'Etat s'engage à financer la rénovation des logements et des infrastructures (voiries, équipement en eau, etc.) en parallèle de leur transfert aux communes. Ces dernières sont en effet très souvent trop pauvres et trop petites pour assurer cette tâche. Il s'agit pour ces dernières de prendre le relais des missions de service public assurée par les Houillères. Selon l'expression du préfet André Chadeau, elles doivent « intégrer progressivement cette partie d'elles-mêmes ». Les logements sont bientôt confiés à une société ad hoc créée en 1986, la Soginorpa (société de gestion immobilière du Nord-Pas-de-Calais). En parallèle, les communes cherchent elles aussi à attirer les entreprises, en aménageant leurs propres zones industrielles.

Les lois de décentralisations de 1982 renforcent les collectivités locales, qui disposent alors de moyens d'interventions beaucoup plus conséquents. Ainsi, la région présidée par Noël Josèphe tente de pallier le désengagement de l'Etat central à partir de 1984 par des subventions ciblées. Depuis 1998 existe la Mission Bassin minier qui accompagne les collectivités locales pour gérer les questions d'urbanisme et d'aménagement. Tous ces acteurs concentrent leur action sur la création de nouveaux emplois, qui est au cœur de la politique de reconversion.

 Vote du contrat de plan par le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais : interventions de Noël Josèphe et Serge Charles

Vote du contrat de plan par le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais : interventions de Noël Josèphe et Serge Charles

Reportage à la suite du vote du contrat de plan par le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais. Les interventions sont illustrées par des tableaux présentant les différentes mesures pour le Bassin minier et la sidérurgie. Noël Josèphe, président de Région souligne la "profonde détermination pour poursuivre l'extraction minière." Serges Charles (maire de Marcq-en-Baroeul) estime que le plan régional est obsolète pour le secteur de l'industrie charbonnière et que les positions du Conseil régional sont en contradiction avec les prises de position du président de la République.

23 mar 1984
02m

Développer de nouvelles activités économiques

Les activités complémentaires des charbonnages

Les Houillères ont toujours développé des activités complémentaires de l'extraction. Il s'agit souvent d'activités d'aval, liées à l'exploitation du charbon et des résidus de son exploitation. Le charbon peut notamment être transformé en coke, un matériau indispensable pour créer de la fonte ou de l'acier. La cokerie de Drocourt sert ainsi à exploiter le charbon local, et livrer du coke aux usines métallurgiques de la région. Les déchets (notamment les schistes) peuvent aussi être utilisés dans la construction des routes.

 La cokerie de Drocourt transformée en société anonyme

La cokerie de Drocourt transformée en société anonyme

La cokerie de Drocourt est vieille d'un siècle et ses 200 fours produisent sans discontinuer de la coke. Désormais le charbon vient des États-Unis. Elle se sépare désormais de la tutelle de Charbonnages de France en devenant une société anonyme "Cokes de Drocourt SA". Jack Verlaine, président des Houillères : "l'extraction du charbon est terminée, il reste des activités qui peuvent être maintenues très longtemps, il faut donc les mettre en sociétés anonymes". Ce transfert n'est pas sans conséquences pour les ouvriers qui vont devoir abandonner le statut du mineur. Un accord d'entreprise a été signé par tous les syndicats à l'exception de la CGT. Jack Verlaine affirme que l'emploi sera maintenu.

18 avr 1990
02m 11s
 L'exploitation du terril de Wallers-Arenberg

L'exploitation du terril de Wallers-Arenberg

A Wallers, le puits d'Arenberg est un des trois derniers en exploitation dans le Valenciennois. Il a produit en un siècle un gigantesque terril qui a été mis en exploitation. Les engins de travaux public en extraient les schistes pour les transporter sur le chantier de l'autoroute Lille-Valenciennes. Les Houillères ont entrepris de vendre en concession certains terrils à des sociétés d'exploitation. Daniel Gaveau, responsable de l'exploitation explique comment on procède pour l'extraction de schistes dans des conditions d'exploitation difficiles : poussières, roche brûlante...

fév 1981
04m 12s

La carbochimie, c'est-à-dire la transformation du charbon et de ses dérivés, sert à produire du goudron mais aussi de l'ammoniac, ce dernier étant utilisé pour produire des engrais. L'usine de Mazingarbe réalise ainsi dès 1922 la synthèse de l'ammoniac. Au-delà de la carbochimie, le site de Mazingarbe est utilisé de la fin des années soixante à 1972 pour produire de l'eau lourde pour le programme nucléaire français.

 Voyage du général de Gaulle à Bully-les-Mines et Mazingarbe

Voyage du général de Gaulle à Bully-les-Mines et Mazingarbe

Le général de Gaulle en voyage dans le Nord-Pas-de-Calais s'est rendu à Bully-les-Mines afin d'étudier la situation du bassin houiller. A l'usine chimique de Mazingarbe, il a été accueilli par un Compagnon de la Libération, Yvon Morandat, alors président des HBNPC. Il s'est félicité de l'exemple de Mazingarbe dans le cadre de la reconversion. Il a ensuite visité le complexe qui permettra de produire l'eau lourde. Le Général s'est entretenu avec les ouvriers dont d'anciens mineurs reconvertis, puis avec les cadres. Enfin, il a décoré de la Légion d'Honneur un ancien résistant, le mineur René Lestienne.

26 avr 1966
02m 56s

Enfin, les unités de production de matière plastiques se développent également à partir de la fin des années 1960, puis la pétrochimie avec le vapocraqueur de Dunkerque. Toutefois, si la chimie est une activité à forte valeur ajouté, ses effectifs restent relativement faibles, d'où la nécessité d'un relais de croissance plus puissant.

 Le déclin du charbon et la conversion dans le Nord-Pas-de-Calais

Le déclin du charbon et la conversion dans le Nord-Pas-de-Calais

La fin de l'exploitation du charbon est planifiée dans le Nord-Pas-de-Calais. Dans ce dossier du journal télévisé est abordé le problème de la conversion. Le commissaire à la conversion industrielle, Roger David, estime que cette question touche l'ensemble du bassin industriel de la région. Si des plans de reconversion des mineurs sont en cours, certains comme Paul Deleville, 30 ans de fond, souhaiteraient prendre leur retraite. Si à Douai l'imprimerie nationale accueille d'anciens mineurs, ils ne sont que 300 sur les 6 000 emplois à l'usine Renault. Pierre Delmon, président des HBNPC estime qu'il faut poursuivre ce mouvement dans l'ensemble du secteur industriel de la région.

01 déc 1976
03m 37s

Une "région automobile"

Selon l'expression de Jean Mattéoli, l'Etat encourage la transformation du Nord-Pas-de-Calais, et singulièrement du bassin minier, en une « région automobile » à partir de 1968. Entre 1969 et 1972, les décisions d'installations s'enchaînent : Renault à Douai, la Française de mécanique (issue d'un partenariat entre Peugeot et Renault) à Douvrin (entre Lens et Béthune), la société des transmissions automatiques à Ruitz (près de Béthune) et Simca à Hordain (entre Valenciennes et Douai). Par la suite viendront s'ajouter deux sites proches de Valenciennes, l'usine Peugeot Sevelnord en 1993, et l'usine Toyota en 1998. Les entreprises s'installent en général à la lisière du bassin minier.

 Interview de Jean Matteoli au sujet de l'implantation de l'usine Renault

Interview de Jean Matteoli au sujet de l'implantation de l'usine Renault

Jean Matteoli, Commissaire à la conversion industrielle du Nord-Pas-de-Calais, annonce l'implantation de Renault, dans le Douaisis. L'usine se situera à la sortie de Douai d'ici 1975 et emploiera 7 000 personnes dont 25% d'ouvriers hautement qualifiés.

31 mai 1969
04m 49s
 La conversion industrielle : l'exemple de l'usine Renault de Douai

La conversion industrielle : l'exemple de l'usine Renault de Douai

Une nouvelle usine Renault est en construction à côté de Douai, complétant l'unité ouverte en 1971. M Christian Beullac, directeur général de Renault pense que la crise de l'automobile sera éphémère avec la reprise économique. L'industrie automobile est un facteur important de la conversion de la région.

12 juil 1974
02m 45s

Ces implantations sont liées tout d'abord au contexte général d'expansion du secteur automobile, avec l'équipement croissant des Européens en voiture. La seconde raison est l'aide de l'Etat, qui incite fortement les constructeurs à s'implanter dans certaines régions par des subventions, et d'autres incitations. L'Etat français suit d'ailleurs une tendance européenne à l'installation de constructeurs automobiles dans des bassins miniers (depuis Opel à Bochum dans la Ruhr jusqu'à Nissan et Toyota en Grande-Bretagne).

Enfin, la dernière raison concerne la stratégie propre des entreprises : le bassin minier est une zone bien équipée en infrastructures de transport, avec une population nombreuse et habituée au travail industriel, et surtout aux salaires moins élevés qu'en région parisienne.

Si l'installation d'un pôle automobile a globalement été un succès, le secteur a connu quelques difficultés après la crise pétrolière de 1973. Par ailleurs, l'effet d'entraînement sur les entreprises locales a parfois été limité. En effet, les usines automobiles s'insèrent dans un réseau de sous-traitant national, et ne sollicitent pas forcément les producteurs locaux. Enfin, l'embauche d'anciens mineurs de fond a été limitée. Ces derniers sont peu recherchés par les entreprises car ils sont susceptibles de développer des maladies professionnelles. Les mineurs de jour et ceux n'ayant passé que quelques années au fond sont des cibles de recrutement privilégiées.

Séduire les multinationales

Plus généralement, l'un des objectifs de la reconversion a été de séduire les entreprises multinationales. Le Nord-Pas-de-Calais est idéalement placé entre l'Île-de-France, et les marchés porteurs du Benelux, d'Allemagne et du Royaume-Uni, au cœur du Marché commun (le Royaume-Uni le rejoignant à partir de 1973).

Pour profiter de cette dynamique, les acteurs locaux ont renforcé les infrastructures de transports avec notamment la création de la rocade minière (autoroute A 21), ou de la plate-forme multimodale Delta 3 de Dourges, établie en partie sur un ancien carreau de mine réhabilité. Enfin, au moment même où la dernière mine ferme, en décembre 1990 à Oignies, les deux tunneliers du tunnel sous la Manche se rejoignent.

 La dernière remontée des mineurs à la fosse 9/9 bis d'Oignies

La dernière remontée des mineurs à la fosse 9/9 bis d'Oignies

En direct de la fosse 9/9 bis d'Oignies, on assiste à la remontée de la dernière gaillette qui marque l'arrêt définitif de l'exploitation charbonnière dans le Nord-Pas-de-Calais. Olivier Montels interroge les mineurs sur leurs sentiments et sur l'avenir.

20 déc 1990
03m 37s

De nombreuses entreprises multinationales ont profité de cet environnement favorable pour s'établir dans le bassin minier ou à proximité. C'est tout d'abord le cas des firmes de l'automobile (Renault, Peugeot, Toyota). Dès 1959, le manufacturier de pneumatiques américain Firestone prend la décision de s'établir à Béthune. Mc Cain s'installe également à Béthune pour profiter d'une autre matière première de la région, les pommes de terre. On peut citer également les firmes de transport GEC-Alsthom (fusion de la britannique GEC et de la française Alsthom) et le canadien Bombardier installés dans le Valenciennois. En dehors du bassin minier, les multinationales étrangères sont surtout établies à Dunkerque, avec Coca-Cola, Arcelor-Mittal (ex-Usinor) et Astrazeneca (pharmacie).

 Visite de Jérôme Monod à Béthune

Visite de Jérôme Monod à Béthune

Visite officielle de Jérôme Monod, délégué à la DATAR, chez FIRESTONE à Béthune à l'occasion de l'annonce du doublement de l'activité. Jerôme Monod a annoncé l'extension d'autres activités avec 1 500 emplois nouveaux pour la partie ouest du bassin minier.

jan 1973
02m 12s

Formation, patrimoine et tourisme

En dehors de l'industrie, le bassin minier cherche à modifier son image et à développer des activités différentes grâce à la formation et au tourisme. Ainsi, l'école des mines de Douai, créée en 1878 pour former des ingénieurs destinés à travailler dans les Houillères, est devenue en 1965 une école d'ingénieur généraliste, qui s'oriente vers de nouveaux domaines comme l'environnement et la chimie.

 Discours de Jacques Chirac à l'École nationale des mines de Douai

Discours de Jacques Chirac à l'École nationale des mines de Douai

Jacques Vernier, maire de Douai, a convié Jacques Chirac, premier ministre à visiter la cité de la Templerie à Frais-Marais. Dans un discours à l'École Nationale des mines de Douai, celui-ci a rassuré les mineurs quant à leur statut. Puis Jacques Vernier a évoqué la fin de l'exploitation minière et le besoin d'un habitat décent. Dans sa réponse, Jacques Chirac a déclaré que la société de reconversion FINORPA recevra des dotations . Des fonds seront débloqués pour les aménagements des friches industrielles. Enfin, sera créé d'un fonds de conversion qui facilitera l'accueil des entreprises et qui permettra d'engager des opérations nouvelles.

08 déc 1987
03m 18s

La reconversion passe aussi par une attention plus soutenue portée au patrimoine, afin de rendre les habitants du bassin minier conscients et fiers de leur identité. Cette préoccupation est ancienne. Dès 1971, les Houillères décident de consacrer le site de la fosse Delloye à Lewarde au stockage des archives. Le site sert également de conservatoire de l'exploitation minière. Il devient un musée en 1984, et plus généralement un lieu de référence pour l'étude de la mine à travers ses archives et ses expositions. D'autres musées de la mine, plus petits, ouvrent dans le bassin. En parallèle, certains terrils sont réaménagés pour accueillir des promeneurs, ou pour sensibiliser au développement durable, comme à l'écopôle de Loos-en-Gohelle, sur les deux plus haut terrils d'Europe (186 mètres).

C'est pour fédérer ces initiatives, préserver la mémoire de la mine, et donner une meilleure image au bassin minier, qu'est créée l'association Bassin Minier Uni (BMU) en 2002. Elle obtient le classement du bassin minier du Nord-Pas-de-Calais au Patrimoine mondial de l'Humanité par l'UNESCO en juillet 2012. Quelques mois plus tard, en décembre 2012, ouvre le Louvre-Lens, une antenne déconcentrée du prestigieux musée parisien. La conjonction de ces deux évènements traduit l'intensité socio-culturelle de la dynamique de reconversion.

 Le Louvre-Lens, c'est quoi ? L'historique du projet

Le Louvre-Lens, c'est quoi ? L'historique du projet

Historique du projet du "Louvre-Lens" à base d'archives. En 2003, Lens se porte candidat pour accueillir le Louvre décentralisé. En novembre 2004, la ville est choisie. Le Louvre sera implanté sur le site de la fosse 9-9 bis de Lens. Dès le départ, le projet s'est construit avec les habitants, en témoigne la Maison du projet. Interrogés dans un micro-trottoir, les lensois sont dans l'attentisme, ou le désintérêt. Lens et le Louvre ont fait un pari : celui de la culture dans une ville marquée par les mines et le football.

04 déc 2009
02m 46s

La capacité d'adaptation de la population

La reconversion a signifié pour la population du bassin minier un changement complet de mode de vie. Il s'agissait d'abandonner un métier protecteur, qui procurait des emplois pour toute la famille mais aussi le logement, le chauffage, l'école et de nombreux services. Ceux qui ne travaillaient pas aux Charbonnages de France bénéficiaient de leurs retombées économiques. Sur le plan psychologique, le changement a été brutal. Après la Libération, le mineur était célébré nationalement lors de la « bataille du charbon », alors que la reconstruction dépendait largement de cette matière première. Une dizaine d'année plus tard seulement, il devient une figure du passé avec le Plan Jeanneney de 1960. Le temps est au développement de l'automobile, des hautes technologies et des emplois de services. Cette rupture brutale explique la grève massive des mineurs en 1963.

En parallèle, la population du bassin minier a réalisé un énorme effort d'adaptation. Les syndicats ont d'ailleurs accompagné cette dynamique car certains étaient conscient dès les années soixante de la nécessité de trouver de nouveaux emplois, ne serait-ce que parce que de nombreux habitants ne désiraient plus travailler à la mine. La conjonction du plein emploi et de l'absence de garantie de long terme sur les postes avait alors poussé CdF a développer le recours à la main d'œuvre marocaine dès la fin des années soixante.

 L'avis des leaders syndicaux sur la reconversion

L'avis des leaders syndicaux sur la reconversion

Les principaux leaders syndicaux des mineurs donnent leurs avis sur la reconversion dans les mines. Marcel Barrois, CGT, remet en cause la thèse de la non rentabilité de l'exploitation dans le Nord-Pas-de-Calais et plaide pour le maintien de l'activité. Jean Pruvost pour CFDT est prêt à jouer la carte de la reconversion à condition d'avoir des garanties. Joseph Sauty pour la CFTC estime que la reconversion ne concerne que les plus jeunes qui ont bénéficié d'une scolarité. Pour FO l'emploi doit précéder la récession.

23 jan 1969
06m 12s

A partir de la crise de 1973, la réapparition d'un chômage de masse et la faillite des autres grands secteurs industriels de la région (textile, sidérurgie, construction navale) ont aggravé le problème. Les mesures de reconversion sociale sont alors renforcées avec des dispositifs de retraite anticipée et de congé de fin de carrière. En prévision de la fermeture des Houillères, le gouvernement garantit la préservation des droits individuels des mineurs et des ayants-droits.

 Le plan social des Charbonnages de France tourné vers des suppressions d'emplois

Le plan social des Charbonnages de France tourné vers des suppressions d'emplois

Ce sujet explique, sur des images d'archives d'exploitation au fond au 10 d'Oignies, le plan social qui accompagnera la fermeture définitive des mines en 1990 : fermetures à compter d'une par an, baisse des effectifs, départs en préretraite, reconversion du personnel. La CGT a déjà dit non à ce plan social.

10 fév 1987
01m 38s
 Discours de Jacques Chirac à l'École nationale des mines de Douai

Discours de Jacques Chirac à l'École nationale des mines de Douai

Jacques Vernier, maire de Douai, a convié Jacques Chirac, premier ministre à visiter la cité de la Templerie à Frais-Marais. Dans un discours à l'École Nationale des mines de Douai, celui-ci a rassuré les mineurs quant à leur statut. Puis Jacques Vernier a évoqué la fin de l'exploitation minière et le besoin d'un habitat décent. Dans sa réponse, Jacques Chirac a déclaré que la société de reconversion FINORPA recevra des dotations . Des fonds seront débloqués pour les aménagements des friches industrielles. Enfin, sera créé d'un fonds de conversion qui facilitera l'accueil des entreprises et qui permettra d'engager des opérations nouvelles.

08 déc 1987
03m 18s

Si des difficultés socio-économiques héritées de la période minière (faible scolarisation, faible mobilité géographique, travail féminin sous-développé) restent handicapante, la population du bassin minier a toutefois fait preuve de grandes capacités d'adaptation. Les atouts traditionnels de la région demeurent (une population dense et travailleuse, une bonne situation géographique) et sont dorénavant renforcés par un travail sur le patrimoine et l'image de la région.

La reconversion est donc un processus ancien, qui a commencé dès les années soixante, et protéiforme. Il est tout autant économique que social et culturel. Face à l'ampleur des chocs subis par le bassin minier, la disparition des activités charbonnières mais aussi la crise économique récurrente depuis 1973, le processus de reconversion peut être considéré comme un succès relatif.