Discours de Jacques Chirac à l'École nationale des mines de Douai

08 décembre 1987
03m 18s
Réf. 00198

Notice

Résumé :

Jacques Vernier, maire de Douai, a convié Jacques Chirac, premier ministre à visiter la cité de la Templerie à Frais-Marais. Dans un discours à l'École Nationale des mines de Douai, celui-ci a rassuré les mineurs quant à leur statut. Puis Jacques Vernier a évoqué la fin de l'exploitation minière et le besoin d'un habitat décent. Dans sa réponse, Jacques Chirac a déclaré que la société de reconversion FINORPA recevra des dotations . Des fonds seront débloqués pour les aménagements des friches industrielles. Enfin, sera créé d'un fonds de conversion qui facilitera l'accueil des entreprises et qui permettra d'engager des opérations nouvelles.

Date de diffusion :
08 décembre 1987

Éclairage

Les élections législatives de 1986 ont porté au pouvoir la droite, avec Jacques Chirac comme chef du gouvernement. Il est naturellement invité par le maire de Douai, Jacques Vernier, qui est du même bord politique, pour y développer sa politique à l'égard du Bassin minier. Celle-ci s'inscrit dans ses grandes lignes dans la continuité de celle menée par le gouvernement socialiste depuis 1983, et plus globalement par l'État depuis les années 1960. Le déclin charbonnier reste inéluctable, et l'accent est donc mis sur la formation, la reconversion économique et le cadre de vie.

La formation est un axe majeur des actions menées par l'État depuis les années 1960 car la population du bassin minier souffre d'un niveau de scolarisation inférieur à la moyenne nationale. De nombreuses initiatives ont été prises depuis le début des années soixante-dix, et le Premier ministre s'inscrit dans cette logique à un détail près : il associe la région à ce chantier. En effet, depuis 1982 et les lois de décentralisation, la région est devenue une collectivité locale puissante, qui a en charge la formation. Le cadre de l'intervention de Jacques Chirac, l'École des mines de Douai, est symbolique à cet égard. Créée en 1878 pour former des ingénieurs destinés à travailler dans les Houillères, elle est devenue en 1965 une école d'ingénieur généraliste, proposant deux options, Bâtiment-Travaux Publics et Mécanique-Métallurgie. Dans les années 1970 et 1980, elle s'oriente vers de nouveaux domaines comme l'environnement et la chimie. L'École des mines elle-même s'est donc largement reconvertie vers d'autres activités. Douai est une ville traditionnellement tournée vers l'enseignement supérieur car la première université régionale y a été ouverte en 1562. Elle accueille aujourd'hui la faculté de droit de l'Université d'Artois.

La reconversion économique est le deuxième pan traditionnel de la politique publique en faveur du Bassin minier depuis les années soixante. Le Premier ministre annonce le renforcement des diverses institutions qui existent à l'époque, comme la FINORPA, une société financière destinée à faciliter l'implantation de nouvelles activités créatrice d'emplois créée en 1984. La FINORPA reprend les activités de la SOFIREM, la société financière pour l'industrialisation des régions minières mise en place dès la fin des années 1960 par les Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais. La continuité est donc de mise même si le nouveau gouvernement insiste particulièrement sur l'encouragement des initiatives privées avec un discours offensif dans ce domaine porté par le ministre de l'Industrie, Alain Madelin.

Le dernier axe, l'amélioration du cadre de vie, recouvre à la fois la rénovation de l'habitat minier et l'assainissement des friches industrielles laissées par l'activité minière, afin de leur permettre d'accueillir de nouvelles activités. Sur le premier point, Jacques Chirac affirme clairement : "personne ne touchera jamais, dans notre pays au statut du mineur avec les droits qu'il comporte", et ce quel que soit l'avenir de l'exploitation charbonnière. Il confirme ainsi que les droits conférés par le statut de 1946 restent attachés à la personne, et à ses ayants-droits (veuves), en termes de retraite, de sécurité sociale et de logement, ce qui rassure la population locale. La fin de l'exploitation charbonnière, si elle peut entraîner la disparition des Houillères, ne remet donc pas en question les avantages sociaux des mineurs. Sur le second point, aucun exemple n'est donné mais on peut mentionner la plate-forme multimodale de Dourges nommée Delta 3, ouverte en 1999 à quelques kilomètres de Douai sur un ancien site minier.

Ainsi, au-delà du changement de gouvernement, c'est bien une certaine continuité dans le soutien de l'État à la reconversion du Bassin que le Premier ministre est venu garantir.

Laurent Warlouzet

Transcription

Claude Tronel
Avant de parler du programme d’aujourd’hui, hier soir à Douai, le Premier Ministre annonçait quelques mesures en faveur du Bassin Minier.
Evelyne Thomas
Intervenant à l’école des mines de Douai, le Premier Ministre a reconfirmé certaines notations pour 88. Mais c’est surtout une allocation supplémentaire pour le Bassin minier qui a été annoncée. Michel Barre.
Michel Barre
Douai était l’étape minière du Premier Ministre à la cité de la templerie à Frais-Marais qui subit une rénovation complète et dont les premiers logements sont tout juste occupés. Le maire Jacques Vernier l’avait convié à une visite bon enfant jusque dans la contestation. L’occasion pour Jacques Chirac de rassurer les retraités mineurs sur le devenir de leurs droits comme le logement et la santé.
Jacques Chirac
Je veux que l’on sache que personne n’a rien à craindre à ce titre ; que personne ne touchera jamais dans notre pays au statut du mineur avec les droits qu’il comporte ; et que naturellement quel que soit l’avenir de la mine, le droit est un droit qui appartient à la personne qui l’a acquis et qui par conséquent sera honorée jusqu’au bout.
Michel Barre
A l’école supérieure des mines, Jacques Vernier a passé d’abord en revue les mérites et les atouts de sa ville ; avant de s’expliquer sur le choix de la visite qu’il venait de faire effectuer au Premier Ministre.
Jacques Vernier
Dans quatre ans, l’extraction charbonnière aura cessé. C’est une dure réalité à laquelle la population minière s’est résignée. Mais la population de ce pays – déjà traumatisée par cet arrêt de l’extraction du charbon – aspire au moins à un habitat décent.
Michel Barre
Dans sa réponse, Jacques Chirac annonçait des mesures visant trois objectifs, la formation, l’activité économique et le cadre de vie. Il confirmait le maintien des dotations annuelles de cent millions au FIBM.
Jacques Chirac
Aux actions menées par le FIBM s’ajoute celles de la société de reconversion FINORPA ; qui soutient efficacement la reconversion du bassin en aidant les entreprises industrielles créatrices d’emploi. Je confirme que FINORPA recevra aussi 100 millions de francs pour cela en 1988….
Michel Barre
Puis, des mesures nouvelles pour les friches industrielles. 29 millions de francs en complément du contrat de plan Etat-Région pour arriver à l’aménagement de 400 hectares par an, au lieu de 150 à l’heure actuelle ; et un soutien à la conversion industrielle.
Jacques Chirac
J’ai également décidé la création d’un fonds de conversion, destiné à faciliter l’accueil des entreprises et à améliorer leur environnement. Mis à la disposition du préfet de région, doté de 31 millions de francs ; il permettra d’engager des opérations nouvelles qui ne peuvent relever des financements habituels.
Michel Barre
Enfin, le chef du gouvernement faisait appel en particulier à la Région pour entreprendre ou accélérer d’autres programmes. La formation à Arras Maubeuge et Cambrai la productique et les infrastructures comme la Rocade Douai-Valenciennes ; qui pourrait être terminée en 91 si les collectivités territoriales en sont d’accord, a-t-il dit. Un échange de bonne volonté en quelque sorte.