Discours de Jacques Chirac à l'École nationale des mines de Douai
Notice
Jacques Vernier, maire de Douai, a convié Jacques Chirac, premier ministre à visiter la cité de la Templerie à Frais-Marais. Dans un discours à l'École Nationale des mines de Douai, celui-ci a rassuré les mineurs quant à leur statut. Puis Jacques Vernier a évoqué la fin de l'exploitation minière et le besoin d'un habitat décent. Dans sa réponse, Jacques Chirac a déclaré que la société de reconversion FINORPA recevra des dotations . Des fonds seront débloqués pour les aménagements des friches industrielles. Enfin, sera créé d'un fonds de conversion qui facilitera l'accueil des entreprises et qui permettra d'engager des opérations nouvelles.
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Éclairage
Les élections législatives de 1986 ont porté au pouvoir la droite, avec Jacques Chirac comme chef du gouvernement. Il est naturellement invité par le maire de Douai, Jacques Vernier, qui est du même bord politique, pour y développer sa politique à l'égard du Bassin minier. Celle-ci s'inscrit dans ses grandes lignes dans la continuité de celle menée par le gouvernement socialiste depuis 1983, et plus globalement par l'État depuis les années 1960. Le déclin charbonnier reste inéluctable, et l'accent est donc mis sur la formation, la reconversion économique et le cadre de vie.
La formation est un axe majeur des actions menées par l'État depuis les années 1960 car la population du bassin minier souffre d'un niveau de scolarisation inférieur à la moyenne nationale. De nombreuses initiatives ont été prises depuis le début des années soixante-dix, et le Premier ministre s'inscrit dans cette logique à un détail près : il associe la région à ce chantier. En effet, depuis 1982 et les lois de décentralisation, la région est devenue une collectivité locale puissante, qui a en charge la formation. Le cadre de l'intervention de Jacques Chirac, l'École des mines de Douai, est symbolique à cet égard. Créée en 1878 pour former des ingénieurs destinés à travailler dans les Houillères, elle est devenue en 1965 une école d'ingénieur généraliste, proposant deux options, Bâtiment-Travaux Publics et Mécanique-Métallurgie. Dans les années 1970 et 1980, elle s'oriente vers de nouveaux domaines comme l'environnement et la chimie. L'École des mines elle-même s'est donc largement reconvertie vers d'autres activités. Douai est une ville traditionnellement tournée vers l'enseignement supérieur car la première université régionale y a été ouverte en 1562. Elle accueille aujourd'hui la faculté de droit de l'Université d'Artois.
La reconversion économique est le deuxième pan traditionnel de la politique publique en faveur du Bassin minier depuis les années soixante. Le Premier ministre annonce le renforcement des diverses institutions qui existent à l'époque, comme la FINORPA, une société financière destinée à faciliter l'implantation de nouvelles activités créatrice d'emplois créée en 1984. La FINORPA reprend les activités de la SOFIREM, la société financière pour l'industrialisation des régions minières mise en place dès la fin des années 1960 par les Houillères du Bassin du Nord-Pas-de-Calais. La continuité est donc de mise même si le nouveau gouvernement insiste particulièrement sur l'encouragement des initiatives privées avec un discours offensif dans ce domaine porté par le ministre de l'Industrie, Alain Madelin.
Le dernier axe, l'amélioration du cadre de vie, recouvre à la fois la rénovation de l'habitat minier et l'assainissement des friches industrielles laissées par l'activité minière, afin de leur permettre d'accueillir de nouvelles activités. Sur le premier point, Jacques Chirac affirme clairement : "personne ne touchera jamais, dans notre pays au statut du mineur avec les droits qu'il comporte", et ce quel que soit l'avenir de l'exploitation charbonnière. Il confirme ainsi que les droits conférés par le statut de 1946 restent attachés à la personne, et à ses ayants-droits (veuves), en termes de retraite, de sécurité sociale et de logement, ce qui rassure la population locale. La fin de l'exploitation charbonnière, si elle peut entraîner la disparition des Houillères, ne remet donc pas en question les avantages sociaux des mineurs. Sur le second point, aucun exemple n'est donné mais on peut mentionner la plate-forme multimodale de Dourges nommée Delta 3, ouverte en 1999 à quelques kilomètres de Douai sur un ancien site minier.
Ainsi, au-delà du changement de gouvernement, c'est bien une certaine continuité dans le soutien de l'État à la reconversion du Bassin que le Premier ministre est venu garantir.