Le plan social des Charbonnages de France tourné vers des suppressions d'emplois
Notice
Ce sujet explique, sur des images d'archives d'exploitation au fond au 10 d'Oignies, le plan social qui accompagnera la fermeture définitive des mines en 1990 : fermetures à compter d'une par an, baisse des effectifs, départs en préretraite, reconversion du personnel. La CGT a déjà dit non à ce plan social.
Éclairage
L'échéance de fermeture définitive des mines se précise en 1987. Selon le commentaire, les cinq derniers puits devront cesser leurs activités à raison d'un par an, mettant fin à l'extraction minière dans le bassin du Nord-Pas-de-Calais en 1991. L'ultime puits devait être celui de l'Escarpelle à Roost-Warendin. Or, pour rappel, l'exploitation s'est arrêtée dès la fin de 1990 à Oignies et qu'à la fin des années soixante, c'est l'année 1983 qui avait été envisagée comme terme de l'exploitation charbonnière dans la région.
Le reportage se déroule sur un fond d'images d'exploitation minière certainement à Dourges à la fosse 10 du Groupe d'Oignies. Le personnel diversifié profite d'une certaine modernisation, comme le soutènement marchant, mais le travail reste difficile, salissant, bruyant et il se déroule dans un espace étroit et dangereux. Si le puits du 10 d' Oignies qui est représenté est en béton, la salle des pendus reste immuable. On reste en présence d'une industrie du XIXe siècle.
Les conditions offertes aux 14 000 mineurs restants sont précisées. La préretraite est accordée à 50 ans. Dans l'émission, il est évoquée la possibilité de partir à 45 ans pourvu que 25 années d'exploitation au fond aient été assurées. Le salaire est maintenu à 75%. Les avantages sociaux traditionnels des mineurs, notamment le logement et le chauffage gratuit, sont préservés. Ces départs à 45 ans sont en fait des "congés charbonnier de fin de carrière". Ils permettent d'assurer une transition avec la préretraite assurée à 50 ans. Ces mesures concernent un quart des mineurs, les autres devant être intégrés dans des congés d'adaptation professionnelle. Ainsi, la politique traditionnelle menée depuis les années 1960, celle d'une réduction drastique et régulière des effectifs sans licenciements, mais avec un très fort accompagnement social est prolongée. Cette approche a été mise en œuvre dès la fin des années soixante, et s'est traduite notamment par l'encouragement à l'installation d'autres activités (notamment l'automobile), et le développement précoce de la formation professionnelle pour occuper d'autres métiers. L'alternance politique de 1986 ne remet pas en cause cette approche.
Seule est mentionnée, en passant, l'opposition de la CGT à ce plan social. La continuité de la position du plus ancien syndicat français est elle aussi remarquable : l'organisation conteste le bien-fondé même du déclin charbonnier depuis ses débuts, comme en témoigne la déclaration de Marcel Barrois de 1969. Elle nie l'argument selon lequel le prix de revient du charbon du Nord-Pas-de-Calais est trop élevé. Il est donc logique qu'elle refuse de s'inscrire dans ce processus de déclin et de reconversion. Après la fermeture des mines les plus septentrionales, d'autres bassins plus rentables, notamment ceux de Lorraine et de Gardanne, près de Marseille, restent en activité jusqu'au début du XXIe siècle.