Déclaration au lendemain des attentats de Beyrouth

24 octobre 1983
02m 20s
Réf. 00204

Notice

Résumé :
Le 24 octobre 1983, François Mitterrand prend la parole depuis l’Elysée pour réagir à « l’attentat du Drakkar » qui s’est produit la veille à Beyrouth. L’attaque, organisée par le Mouvement de la révolution islamique libre, a fait 58 morts chez les parachutistes français. Pour le nouveau Président, ce drame est une épreuve particulière, puisqu’elle engage sa responsabilité dans l’envoi de troupes françaises à Beyrouth pour qu’elles participent à une opération internationale de maintien de la paix au Liban.
Date de diffusion :
24 octobre 1983
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

Au moment où François Mitterrand prend ici la parole depuis l’Elysée, il revient de son déplacement à Beyrouth, au lendemain des attentats du 23 octobre 1983. Devant les médias, le Président tient ici à souligner l’importance symbolique de sa visite dans un contexte dramatique. Au cœur de la guerre du Liban (1978-1990), un attentat a en effet visé les forces françaises cantonnées dans le « poste Drakkar » qui leur sert de quartier général. L’attentat, revendiqué par le Mouvement de la révolution islamique libre, voit un camion se faire exploser contre cet immeuble en tuant 58 parachutistes français. Quelques minutes auparavant, une camionnette piégée a également explosé au Q.G des Marines, en faisant 241 morts chez les soldats américains.

Face à l’horreur de l’attentat du Drakkar, qui choque considérablement l’opinion publique, le Président veut montrer son implication personnelle en rencontrant directement les autorités locales, et s’expliquer sur la mission des soldats français dans le cadre des opérations au Liban : partis pour servir dans la « Force multinationale de sécurité à Beyrouth », avec des contingents américains, anglais et italiens, ces militaires avaient pour objectif de participer à une action de maintien de la paix dans un Liban en proie à la guerre civile, et décidée par l’ONU.

Tout en respectant le deuil des familles et de la nation pour la perte de leurs soldats, Mitterrand tient à réaffirmer le sens de l’engagement du contingent français loin de la métropole : maintenir l’équilibre des forces dans le monde, défendre l’indépendance nationale, œuvrer pour le rétablissement de la paix.
Alice de Lyrot

Transcription

Claude Sérillon
L’ensemble de la classe politique et syndicale en France a approuvé la démarche de Monsieur Mitterrand, ce dernier est arrivé en début de soirée au Palais de l’Elysée. Il y a fait une brève déclaration dont on retiendra sans doute cette phrase : La France reste et restera fidèle à son histoire et à ses engagements. Voici la déclaration du Président de la République.
François Mitterrand
En allant à Beyrouth, j’ai voulu m’incliner devant nos soldats morts dans l’accomplissement de leur mission et visiter nos blessés et rencontrer avec leurs responsables de nombreux éléments de notre contingent. J’ai vu également le Président de la République et les principales autorités de ce pays. Sur place, j’ai pu éprouver le courage et le sang-froid de tous. J’ai apprécié les dispositions prises ou à prendre pour une meilleure sécurité et pour répondre aux agressions. J’ai enfin mesuré l’ampleur d’un drame qui frappe si durement tant de familles aujourd’hui déchirées auxquelles va ma pensée douloureuse. À tous, je dis qu’un pays est grand par sa force d’âme, par sa résolution, comme par les amitiés et le respect qu’il mérite. C’est pourquoi au Liban, la France reste et restera fidèle à son histoire et à ses engagements. En défendant, là comme ailleurs, ces principes d’indépendance nationale et d’équilibre des forces dans le monde, la France ne défend pas autre chose que la paix.