Discours au Bundestag
20 janvier 1983
03m 21s
Réf. 00018
Notice
Résumé :
Le 20 janvier 1983, François Mitterrand s’exprime d’un ton très ferme devant les députés du Bundestag ouest-allemand pour montrer l’appui de la France à la double décision de 1979. « Il faut que la guerre demeure impossible », dit-il, « et que ceux qui y songeraient en soient dissuadés ». Ce qui n’est possible que si l’équilibre entre les forces militaires est rétabli.
Type de média :
Date de diffusion :
20 janvier 1983
Personnalité(s) :
Éclairage
A l’occasion des célébrations pour le 20e anniversaire du Traité de l’Elysée, le chancelier Helmut Kohl invite François Mitterrand à délivrer un discours depuis la prestigieuse tribune du Bundestag ouest-allemand.
C’est l’occasion pour le chef de l’État français de rappeler à quel point l’entente et l’amitié franco-allemande sont indispensables au continent européen pour préserver la paix, ce que des siècles d’hostilité leur ont bien appris. Un long chemin a été parcouru depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la relation entre les deux États voisins, autrefois ennemis, a permis à l’Europe d’entreprendre le chemin de l’intégration, seule manière qui s’offre à eux pour s’imposer dans un monde bipolaire.
Mais pour que l’on puisse continuer à parcourir cette voie, il faut qu’une telle solidarité demeure sans failles, et cela en dépit des divergences qui jalonnent toute relation bilatérale entre deux États souverains. En janvier 1983, un dossier entre autres semble éloigner quelque peu les deux partenaires : celui des euromissiles.
Alors que François Mitterrand croit fermement dans la nécessité d’appliquer les deux volets de la double décision, négocier avec les Soviétiques et, faute d’accord, déployer les missiles américains, le chancelier Helmut Kohl manque d’un appui fort de son pays sur ce point. Depuis 1980, la République fédérale fait l’objet de nombre de manifestations contre le déploiement des missiles américains et même les forces politiques, le SPD en tête, réclament une négociation à outrance dans le but de se passer de nouvelles armes nucléaires, susceptibles à leurs yeux d’augmenter les dangers d’un conflit plutôt que de le prévenir. Son prédécesseur, le chancelier Helmut Schmidt, issu de l’aile droite du SPD et hostile au mouvement qui se dessine dans l’aile gauche de son parti, a été contraint de démissionner en octobre 1982 suite à un vote de censure qui l’a mis en minorité, précisément sur la question des euromissiles. Helmut Kohl hérite alors d’une situation fort tourmentée sur le plan intérieur, au point que l’engagement de la RFA vis-à-vis du plan de modernisation prévu pour fin 1983 est de plus en plus mis à mal.
François Mitterrand profite alors de la tribune du Bundestag pour rappeler aux députés allemands quels sont les enjeux qui se cachent derrière la nécessité de procéder au déploiement, si besoin, des missiles américains. Et il rappelle à quel point la paix et la liberté de l’Europe dépendent du choix qui sera fait.
C’est l’occasion pour le chef de l’État français de rappeler à quel point l’entente et l’amitié franco-allemande sont indispensables au continent européen pour préserver la paix, ce que des siècles d’hostilité leur ont bien appris. Un long chemin a été parcouru depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et la relation entre les deux États voisins, autrefois ennemis, a permis à l’Europe d’entreprendre le chemin de l’intégration, seule manière qui s’offre à eux pour s’imposer dans un monde bipolaire.
Mais pour que l’on puisse continuer à parcourir cette voie, il faut qu’une telle solidarité demeure sans failles, et cela en dépit des divergences qui jalonnent toute relation bilatérale entre deux États souverains. En janvier 1983, un dossier entre autres semble éloigner quelque peu les deux partenaires : celui des euromissiles.
Alors que François Mitterrand croit fermement dans la nécessité d’appliquer les deux volets de la double décision, négocier avec les Soviétiques et, faute d’accord, déployer les missiles américains, le chancelier Helmut Kohl manque d’un appui fort de son pays sur ce point. Depuis 1980, la République fédérale fait l’objet de nombre de manifestations contre le déploiement des missiles américains et même les forces politiques, le SPD en tête, réclament une négociation à outrance dans le but de se passer de nouvelles armes nucléaires, susceptibles à leurs yeux d’augmenter les dangers d’un conflit plutôt que de le prévenir. Son prédécesseur, le chancelier Helmut Schmidt, issu de l’aile droite du SPD et hostile au mouvement qui se dessine dans l’aile gauche de son parti, a été contraint de démissionner en octobre 1982 suite à un vote de censure qui l’a mis en minorité, précisément sur la question des euromissiles. Helmut Kohl hérite alors d’une situation fort tourmentée sur le plan intérieur, au point que l’engagement de la RFA vis-à-vis du plan de modernisation prévu pour fin 1983 est de plus en plus mis à mal.
François Mitterrand profite alors de la tribune du Bundestag pour rappeler aux députés allemands quels sont les enjeux qui se cachent derrière la nécessité de procéder au déploiement, si besoin, des missiles américains. Et il rappelle à quel point la paix et la liberté de l’Europe dépendent du choix qui sera fait.
Ilaria Parisi
Transcription
Patrick Poivre d'Arvor
Et puis, il eut donc le discours au Bundestag, l’Assemblée nationale ouest-allemande, discours retransmis en direct sur notre antenne ce matin, à 11 heures. Et là, les observateurs ont tous remarqué le ton très ferme de François Mitterrand, qui s’est rangé, sans équivoque, aux côtés des Américains et de tous les membres de l’alliance atlantique, à la veille de la négociation américano-soviétique, sur les euromissiles. Nous l’écoutons.(Bruit)
François Mitterrand
Mesdames et messieurs, nos peuples haïssent la guerre. Ils en ont trop souffert, et les autres peuples d’Europe avec eux. Une idée simple gouverne la pensée de la France : il faut que la guerre demeure impossible, et que ceux qui y songeraient, en soient dissuadés. Notre analyse et notre conviction, celle de la France, sont que l’arme nucléaire, instrument de cette dissuasion, qu’on le souhaite, ou qu’on le déplore, demeure la garantie de la paix dès lors qu’il existe l’équilibre des forces. Seul, cet équilibre, au demeurant, peut conduire à de bonnes relations avec les pays de l’Est, nos voisins et partenaires historiques. Il a été la base saine de ce que l’on a appelé la détente. Il vous a permis de mettre en œuvre votre Ostpolitik. Il a rendu possibles les accords d’Helsinki. Mais, le maintien de cet équilibre implique à mes yeux, que des régions entières d’Europe occidentale ne soient pas dépourvues de parade face à des armes nucléaires spécifiquement dirigées contre elle. Quiconque ferait le pari, sur le découplage entre le continent européen et le contient américain, mettrait selon nous en cause l’équilibre des forces, et donc le maintien de la paix. Je pense, et je le dis, que ce découplage est en soi dangereux, et je souhaite ardemment, que les négociations de Genève permettent d’écarter un danger qui pèse singulièrement sur les partenaires européens non détenteurs de l’arme nucléaire. C’est pourquoi, la détermination commune des membres de l’alliance atlantique, et leur solidarité doivent être clairement confirmées pour que la négociation aboutisse, aboutisse, condition nécessaire à la non-installation des armes prévues par la double décision de décembre 1979. De cette solidarité…(Bruit)
François Mitterrand
De cette solidarité la France est, croyez-moi consciente, lorsqu’elle maintient en République Fédérale allemande une part importante de la première armée française, dont elle étudie précisément l’accroissement de la mobilité, et de la puissance du feu. Et à Berlin, en particulier, la France confirme qu’elle assume, et assumera toutes ses responsabilités.(Bruit)