Inauguration de l'institut du monde arabe
30 novembre 1987
01m 41s
Réf. 00306
Notice
Résumé :
Le président François Mitterrand inaugure l'Institut du monde arabe (IMA) le 30 novembre 1987.
Date de diffusion :
30 novembre 1987
Personnalité(s) :
Lieux :
Éclairage
Le 30 novembre 1987, le président de la République François Mitterrand inaugure l'Institut du monde arabe à Paris. Cette réalisation est l'aboutissement d'un long processus de réflexion initié par son prédécesseur Valéry Giscard d'Estaing.
A la fin des années 1970, les relations diplomatiques entre la France et les pays arabes sont au plus mal. Le premier choc pétrolier en 1973-1974 puis le second en 1979-1980 révèlent la dépendance extrême de la France au pétrole arabe. Afin d'apaiser ses tensions, le président Giscard d'Estaing valide la création d'une fondation privée, placée sous l'autorité d'un Haut Conseil, composé des représentants de tous les Etats membres de la Ligue arabe, et cofinancée par la France et les Etats arabes. Outre la France, 19 Etats contribuent à la fondation : l'Algérie, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, Djibouti, les Emirats Arabes Unis, l'Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, Oman, le Qatar, la Somalie, le Soudan, la Syrie, la Tunisie et les deux Yémen, auxquels se sont adjoints la Libye en 1988, l'Egypte et la Palestine en 1989.
En 1981, François Mitterrand augmente considérablement l'ampleur du projet : la fondation est dotée d'un lieu situé le long de la Seine sur une parcelle de terrain inutilisée de l'Université Jussieu. Le bâtiment est doté d'un espace d'exposition, d'une bibliothèque et d'une salle de spectacle. Le concours international pour l'attribution de la construction est remporté par une équipe constituée de Jean Nouvel, Pierre Soria, Gilbert Lezènes et Architecture Studio. La façade nord du bâtiment fait face au centre historique de la capitale et à Notre-Dame de Paris. La façade sud est composée de 240 moucharabiehs, un motif traditionnel de l'architecture arabe. Nec plus ultra de la technologie, ces derniers sont munis de diaphragmes qui s'ouvrent et se ferment en fonction de l'ensoleillement. Cependant, les cellules photoélectriques défectueuses et le bruit des diaphragmes paralysent le dispositif et suscitent moqueries et polémiques. Le bâtiment remporte néanmoins de nombreux prix d'architecture en 1988 et 1989.
Inaugurée en 1987 par François Mitterrand, l'Institut du monde arabe connait des débuts très difficiles. Sur le plan financier, l'argent initialement réuni a été dépensé intégralement dans la construction du lieu ; les coûts de fonctionnement ne sont pas honorés. De plus, certains Etats arabes n'ont pas acquitté leur part. Sur le plan administratif, la fondation dépend du droit français. Cet état de fait crispe les Etats arabes qui redoute que la France modifie unilatéralement la législation sur les fondations. Le Quai d'Orsay, organisme de tutelle de l'Institut, s'oppose à un statut international, redoutant les lourdeurs administratives inhérentes à de tels statuts (Thierry Fabre, « L'Institut du Monde Arabe entre deux rives», XXe siècle, 1991). Ces crises, financière et statuaire, provoquent une crise intérieure : les missions culturelles sont mal définies et le déficit structurel est comblé par la suppression d'un quart des emplois. Enfin, en 1990, l'Institut devient une victime collatérale de la guerre du Golfe qui secoue les pays de la Ligue arabe et provoque le ressentiment de nombreux pays arabes à l'égard de la position de la France.
L'Institut survit pourtant à ces crises et trouve progressivement sa voie. Au début des années 1990, le conseil culturel consultatif engage un processus de refondation du projet de l'Institut. La nouvelle ligne directrice repose sur la mise en place d'une véritable "maison commune", basée sur une relation vivante d'échange en prise directe avec les débats des acteurs de la culture arabe, et non sur la présentation d'une culture arabe réinventée depuis Paris. L'Institut doit désormais couvrir trois dimensions : la dimension islamique, européenne et méditerranéenne.
En 2014, malgré ses fragilités structurelles originelles persistantes, l'Institut accueille plus d'un million de visiteurs, soit un tiers de plus qu'en 2013. Ce succès est permis par la refonte de la muséographie en 2012, au développement d'expositions temporaires ambitieuses (Les Milles et une nuit, Hajj, le pèlerinage à La Mecque) et à des concerts à destination d'un public jeune (Arabic Sound System).
A la fin des années 1970, les relations diplomatiques entre la France et les pays arabes sont au plus mal. Le premier choc pétrolier en 1973-1974 puis le second en 1979-1980 révèlent la dépendance extrême de la France au pétrole arabe. Afin d'apaiser ses tensions, le président Giscard d'Estaing valide la création d'une fondation privée, placée sous l'autorité d'un Haut Conseil, composé des représentants de tous les Etats membres de la Ligue arabe, et cofinancée par la France et les Etats arabes. Outre la France, 19 Etats contribuent à la fondation : l'Algérie, l'Arabie saoudite, le Bahreïn, Djibouti, les Emirats Arabes Unis, l'Irak, la Jordanie, le Koweït, le Liban, la Mauritanie, le Maroc, Oman, le Qatar, la Somalie, le Soudan, la Syrie, la Tunisie et les deux Yémen, auxquels se sont adjoints la Libye en 1988, l'Egypte et la Palestine en 1989.
En 1981, François Mitterrand augmente considérablement l'ampleur du projet : la fondation est dotée d'un lieu situé le long de la Seine sur une parcelle de terrain inutilisée de l'Université Jussieu. Le bâtiment est doté d'un espace d'exposition, d'une bibliothèque et d'une salle de spectacle. Le concours international pour l'attribution de la construction est remporté par une équipe constituée de Jean Nouvel, Pierre Soria, Gilbert Lezènes et Architecture Studio. La façade nord du bâtiment fait face au centre historique de la capitale et à Notre-Dame de Paris. La façade sud est composée de 240 moucharabiehs, un motif traditionnel de l'architecture arabe. Nec plus ultra de la technologie, ces derniers sont munis de diaphragmes qui s'ouvrent et se ferment en fonction de l'ensoleillement. Cependant, les cellules photoélectriques défectueuses et le bruit des diaphragmes paralysent le dispositif et suscitent moqueries et polémiques. Le bâtiment remporte néanmoins de nombreux prix d'architecture en 1988 et 1989.
Inaugurée en 1987 par François Mitterrand, l'Institut du monde arabe connait des débuts très difficiles. Sur le plan financier, l'argent initialement réuni a été dépensé intégralement dans la construction du lieu ; les coûts de fonctionnement ne sont pas honorés. De plus, certains Etats arabes n'ont pas acquitté leur part. Sur le plan administratif, la fondation dépend du droit français. Cet état de fait crispe les Etats arabes qui redoute que la France modifie unilatéralement la législation sur les fondations. Le Quai d'Orsay, organisme de tutelle de l'Institut, s'oppose à un statut international, redoutant les lourdeurs administratives inhérentes à de tels statuts (Thierry Fabre, « L'Institut du Monde Arabe entre deux rives», XXe siècle, 1991). Ces crises, financière et statuaire, provoquent une crise intérieure : les missions culturelles sont mal définies et le déficit structurel est comblé par la suppression d'un quart des emplois. Enfin, en 1990, l'Institut devient une victime collatérale de la guerre du Golfe qui secoue les pays de la Ligue arabe et provoque le ressentiment de nombreux pays arabes à l'égard de la position de la France.
L'Institut survit pourtant à ces crises et trouve progressivement sa voie. Au début des années 1990, le conseil culturel consultatif engage un processus de refondation du projet de l'Institut. La nouvelle ligne directrice repose sur la mise en place d'une véritable "maison commune", basée sur une relation vivante d'échange en prise directe avec les débats des acteurs de la culture arabe, et non sur la présentation d'une culture arabe réinventée depuis Paris. L'Institut doit désormais couvrir trois dimensions : la dimension islamique, européenne et méditerranéenne.
En 2014, malgré ses fragilités structurelles originelles persistantes, l'Institut accueille plus d'un million de visiteurs, soit un tiers de plus qu'en 2013. Ce succès est permis par la refonte de la muséographie en 2012, au développement d'expositions temporaires ambitieuses (Les Milles et une nuit, Hajj, le pèlerinage à La Mecque) et à des concerts à destination d'un public jeune (Arabic Sound System).
Félix Paties