Assises nationales de Banlieue 89 à Bron

04 décembre 1990
02m 46s
Réf. 00100

Notice

Résumé :
Inauguration, à Bron dans la banlieue de Lyon, de l'exposition "Pour en finir avec les grands ensembles", dans le cadre des assises nationales "Banlieues 89".
Date de diffusion :
04 décembre 1990
Source :
Antenne 2 (Collection: JT 20H )

Éclairage

La réélection de François Mitterrand en 1988 et la nomination de Michel Rocard à Matignon ouvrent un nouveau cycle pour la politique de la ville et la transformation urbaine des quartiers dégradés. Lors de son discours d'investiture à l'Assemblée nationale, ce dernier annonce notamment la création d'une délégation interministérielle à la ville (DIV) chargée de mieux coordonner l'action de l'Etat dans le cadre de la réhabilitation des quartiers.

De nouvelles émeutes urbaines survenues en 1990, cette fois sur l'ensemble du territoire national, conduisent le gouvernement Rocard à accélérer le train des réformes concernant la mise en oeuvre de la nouvelle politique de la ville. Le titre même des 3e assises de Banlieue 89, mouvement créé par Roland Castro et Michel Cantal-Duparc, tous deux architectes-urbanistes, fait également percevoir un changement d'approche concernant le traitement de ces questions. "Pour en finir avec les grands ensembles"suggère en effet des moyens plus radicaux pour venir à bout de ce modèle urbain jugé responsable de la dégradation de la vie dans ce type de quartiers.

Afin de marquer son engagement personnel sur cette question, la rénovation des banlieues, qui marque de plus en plus l'opinion publique, le président de la République se rend à Bron à l'occasion des assises nationales de Banlieue 89. En présence de nombreuses personnalités locales et de ministres, il annonce notamment deux mesures qui caractériseront désormais la politique de la ville telle qu'elle fonctionnera jusqu'à la fin de son mandat : d'une part, l'intégration du thème de la lutte contre l'exclusion sociale dans la définition des programmes de réhabilitation; d'autre part, la création d'un ministère de la ville dont le premier titulaire sera Michel Delebarre, jusqu'alors ministre des Transports et de la Mer. La visite de François Mitterrand à ces assises suggère également une proximité de pensée avec les initiatives prises par Banlieue 89 qui n'étaient pas toujours en phase avec les logiques administratives en cours concernant la politique de la ville. A cet égard, la création de la délégation interministérielle à la ville - dont l'un des rôles est de coordonner l'action de tous les acteurs - jouera un rôle non négligeable dans l'effacement de Banlieue 89 des programmes définis au plan national. En mars 1991, ce dernier fusionnera d'ailleurs avec la DIV.
Thibault Tellier

Transcription

Philippe Lefait
François Mitterrand a donc aujourd’hui déclaré la guerre à l’exclusion dans les banlieues en inaugurant les troisièmes Assises nationales sur les Grands Ensembles de Banlieues 89. Elles étaient réunies sur le thème "Il faut en finir avec les grands ensembles". François Mitterrand a annoncé tout à l’heure la création d’un ministère chargé des banlieues défavorisées pour mieux assurer l’unité de commandement. L’enjeu est clair, il s’agit de lutter contre l’exclusion dans les 400 quartiers français les plus démunis. À Lyon pour Antenne 2, Gilles Leclerc, Yves Barbe.
Gilles Leclerc
Ce n’est pas ou ce n’est plus la maquette idéale de la vie des banlieues qu’est venue définir aujourd’hui François Mitterrand. Plus concrètement, le Chef de l’État a tenu à montrer qu’il était bien décidé à s’investir plus personnellement pour ce dossier, un dossier que maîtrisait jusque là surtout Matignon. Le Président de la République a voulu lancer un défi aux 400 quartiers connus qui posent problème avec quatre objectifs, concentrer les efforts sur ces quartiers recensés, combattre l’uniformité en organisant la diversité de ces grands ensembles, inviter les habitants à la renaissance de leur cité, enfin, créer dans ces zones des emplois. En outre, François Mitterrand a annoncé la nomination d’un responsable national, un ministre peut-être, chargé du dossier, avec dans chaque cité sensible un correspondant. Enfin, plus politique, le délicat problème de la répartition de l’argent entre les communes.
François Mitterrand
Il faut une redistribution entre les communes, les communes riches, les communes pauvres, et il faudra bien, à partir du moment où cela sera appliqué, j’espère que ce sera fait pour l’année prochaine, il faudra bien retirer quelque chose à ceux qui ont beaucoup, pour aider davantage ceux qui n’ont rien. Sans quoi, les communes les plus pauvres ne s’en tireront pas.
Gilles Leclerc
Réactions des élus, oui pour la Gauche, plus mitigée dans les rangs de l’opposition.
Michel Noir
Et je trouve que c’est normal parce que une agglomération, ça vit avec la variété de gens de niveaux sociaux différents et penser à l’autre, c’est une bonne philosophie pour la cité si on la veut conviviale, mais ça existe déjà, c’est ce que je veux dire.
Charles Millon
Il a énoncé un certain nombre de principes dont, à mon avis, certains sont, méritent d’être discutés, mais il n’a pas décliné au sens propre du terme, une politique. C’est la raison pour laquelle j’attends maintenant la suite.
Gilles Leclerc
En fait, le Chef de l’État a surtout voulu montrer que ce dossier chaud était bien devenu une priorité, y compris pour l’Élysée. Ce qui ne signifie pas que le bilan enregistré jusqu’ici était négatif. Simplement, c’est bien une nouvelle impulsion claire et transparente que François Mitterrand donne aujourd’hui, en accord du reste avec Michel Rocard qui s’exprimera demain.
Philippe Lefait
C’est demain, en effet, que Michel Rocard s’exprime à Bron sur les moyens que le Gouvernement entend réserver aux quartiers populaires.