Le patrimoine grenoblois et le musée dauphinois
Notice
Jean Guibal évoque le patrimoine grenoblois et l'importance d'y sensibiliser la population grenobloise. Il présente le musée dauphinois qui est l'un des hauts lieux de ce patrimoine.
- Europe > France > Rhône-Alpes > Isère > Grenoble
Éclairage
Installé sur les pentes de la Bastille depuis 1968, dans les bâtiments du Couvent Sainte-Marie d'en Haut, le musée dauphinois a été fondé en 1906 par Hyppolite Müller, bibliothécaire à l'Ecole de Médecine de l'université de Grenoble. Passionné par la préhistoire, celui-ci commence à accumuler les restes de ce lointain passé dans un local de la vieille ville (Saint Marie d'en bas). Il pressent l'importance de collecter les objets produits par une société en profonde mutation, véritables traces pour relier les futurs habitants d'un territoire à ceux qui les ont précédés dans le but de leur permettre de comprendre les manières de vivre, de penser, de se comporter. Fondé dans l'esprit de l'anthropologie naissante, le musée se veut d'emblée un outil d'analyse et de compréhension des sociétés passées qui utilisent leurs traces (objets, paroles, images) : une tradition qui se poursuit avec tous les conservateurs successifs. A la fin des années 1960, arrive une nouvelle équipe qui participe à la rénovation du musée. La dimension de collecte se double d'une vraie politique de mise à disposition de ces dernières pour le public. Le conservateur Jean-Pierre Laurent, filmé ici dans les réserves, explique sa position en matière de muséographie : permettre à un public aussi bien averti que peu au fait des sujets présentés de comprendre le récit sur les sociétés et les territoires. Ce discours muséographique adapté, scénarisé et théâtralisé, illustré par quelques gros plans, participe de la transformation de l'institution pour en faire un lieu où l'on prend du plaisir, un lieu où l'on apprend autant par la réflexion qu'en faisant appel à l'émotion et à la mobilisation de ses différents sens. En prenant l'exemple du cheval en bois, un jouet traditionnel du Queyras, Jean-Pierre Laurent montre toute la difficulté de faire comprendre à un public qui vit de manière très différente ce que pouvait être son usage. Il en va de même des autres formes de patrimoine, matériel comme immatériel. A partir des données scientifiques accumulées et construites progressivement au fil des ans, le récit muséographique recourt à l'imagination comme à la fiction pour rendre intelligible des données peu évidentes. Toutes les expositions temporaires abordent alternativement les aspects du patrimoine et toutes les composantes des sociétés ayant vécu ou vivant sur le territoire du Musée. En parallèle ce dernier continue à enrichir ses collections par des collectes sur le terrain : objets, photos, témoignages oraux. Le Musée est pionnier dans l'usage des témoignages oraux pour les expositions comme pour la recherche. Par sa politique scientifique et par sa muséographie originales et innovantes, puis par sa politique de valorisation, le Musée dauphinois, qui s'intitule Musée régional de l'homme, devient et demeure un des grands musées d'ethnographie français, nouant des partenariats et des collaborations avec les autres musées d'ethnographie européens ou américains. En 1991, l'équipe en place depuis les années 1980, participe sous la direction de Jean Guibal - directeur depuis 1985, d'une nouvelle évolution. Devenu musée départemental, le musée dauphinois est au coeur d'un dispositif pilote dans le domaine du patrimoine et dans celui de la décentralisation culturelle ; c'est la création d'une structure nommée la Conservation du Patrimoine de l'Isère (CPI). A la veille de l'inauguration d'une nouvelle exposition sur un patrimoine prestigieux, les collections de l'ébéniste Hache, Jean Guibal est interrogé sur les missions de cette nouvelle structure. Entouré de quelques collaborateurs, avec en arrière plan quelques exemplaires du mobilier Hache, il aborde les différents chantiers qui ressortent de sa compétence. Pendant qu'il les évoque, des images filmées en différées illustrent certains sujets : le patrimoine urbain et fortifié, des expositions en place dans le musée (la grande aventure du ski, la mémoire des Arméniens de l'Isère, les maîtres de l'acier...) , sans oublier de longs zooms sur le bâtiment même du musée, notamment la chapelle et son décor baroque dont quelques motifs sont mis en exergue : autant de vues qui permettent de présenter à la fois les objets que la muséographie à l'œuvre. Celui-ci est dorénavant au centre d'une nébuleuse de musées associés répartis sur le territoire isérois, sans parler de toutes les expertises sur le patrimoine historique, archéologique et ethnographique dont la CPI est devenu la référence. En 2006 le musée a fêté son centenaire en présentant une grande exposition et organisant une série de manifestations, de conférences et de publications : des activités classiques de cet établissement très entreprenant, qui voit dans le territoire et le patrimoine isérois un moyen d'aborder des sujets sociétaux généraux.
Pour aller plus loin :
- Voir le site du Musée dauphinois.