L'anniversaire du parc du massif des Écrins

10 août 1989
04m 22s
Réf. 00050

Notice

Résumé :

Le Parc National des Écrins fête son 15ème anniversaire. Il s'agit du plus grand espace protégé français. Une de ses missions, en plus de la protection du lieu, est la sauvegarde de l'emploi des locaux. Mais, du fait de l'exode rural, les agriculteurs sont de moins en moins nombreux et sont remplacés peu à peu par les touristes. Le massif des Écrins est très attractif car il offre de grands espaces protégés pour pratiquer la randonnée. Il est aussi le 2ème pôle d'alpinisme français.

Type de média :
Date de diffusion :
10 août 1989
Source :
FR3 (Collection: JT FR3 Alpes )
Personnalité(s) :

Éclairage

Le reportage, réalisé en 1989 à l'occasion du 15ème anniversaire du Parc Naturel des Écrins, est une évocation de ce qui a justifié sa création et de ce qui caractérise, 15 ans après, l'essentiel de son attractivité. La naissance de ce parc au début des années 1970, soutenue par les associations naturalistes et les alpinistes, est voulue avant tout pour la sauvegarde d'un contexte reconnu comme exceptionnel. Cette reconnaissance s'est faite dès le début du siècle avec l'initiative, en 1913, d'un premier « parc national de La Bérarde » qui s'étendait alors aux montagnes des fonds de vallée du Valgaudemar, de la Vallouise et du Vénéon, à partir de terrains acquis par l'État au titre de la « Restauration des terrains en montagne ». Cette initiative pionnière, puisqu'il n'existe pas à l'époque de statut juridique et législatif aux parcs nationaux, contribuera à forger l'identité des Écrins. Mais la réputation de ce massif est aussi due pour une large part à son attractivité touristique. Le film n'évoque pas le tourisme hivernal centré sur les stations qui occupe pourtant déjà une place de choix dans les années 1980 avec des stations comme celles des Deux Alpes ou Orcières Merlette. C'est à d'autres pratiques qui ont fondé la réputation du massif que le reportage est essentiellement consacré : celles de la randonnée et de l'alpinisme. Le parc des Écrins joue de sa double image de territoire accessible à tous : de nombreux sentiers pour une marche en famille avec la « petite » randonnée, et de vastes espaces pour un tourisme d'itinérance sur des circuits qui comptent parmi les « classiques » (Vieux Chaillol ou GR54).

Le film débute en mobilisant les paroles de ces randonneurs visiblement sous le charme de ces éléments emblématiques d'une montagne de découverte (vallons sculptés par les glaciers, les alpages, les refuges, les sentiers balisés...), dont les images donnent ensuite toute la typicité. Une large place est faite ensuite aux paysages d'altitude, dont le commentateur souligne qu'il est fait de plus de 120 sommets qui dépassent les « 3 000 m ». Ces sommets dont l'ascension est restée célèbre, et notamment ceux de la Meije ou de la barre des Écrins, qui avec le point culminant du parc à 4 102 m d'altitude, forment des territoires mythiques de l'alpinisme.

Finalement, une place est faite aux gestionnaires du parc à travers le chef de secteur de la vallée du Valgaudemar. Une courte interview qui témoigne des points positifs de la présence des services du parc dans ce territoire à travers ses missions d'animation, de protection des milieux, de valorisation patrimoniale et par l'accueil du public. Des missions qui se sont imposées par volonté de l'État à des populations qui, les premières années, ont eu du mal à les accepter. La reconnaissance du parc s'est finalement faite, attribuée au travail quotidien de ses agents, mais sans doute aussi à l'évolution des institutions elles-mêmes. Sur ce point le reportage ne fait pas mention d'un événement qui aurait pu ne concerner que le Parc des Écrins mais qui eut finalement un retentissement bien plus large, celui de l'inauguration de la Maison du parc à Vallouise par le Président de la République, le 27 août 1977. Valéry Giscard d'Estaing fit à cette occasion un discours dit "de Vallouise", en faveur de la montagne "vivante, active et protégée". Discours qui posa les principes fondamentaux de la politique montagne privilégiant de « faire du sur mesure, et non pas appliquer aveuglément un règlement ou une norme nationale ». À la politique dirigiste doit alors succéder l'élaboration de projets de territoire et l'adhésion des populations. Des principes nouveaux qui s'appliquent à tous les territoires à partir des lois de décentralisation et de la loi Montagne du début des années 1980. Des principes qui trouvent leur prolongement dans la période récente à travers la loi « Parcs » du 14 avril 2006 qui les étend désormais aux Parcs Nationaux en imposant une nouvelle gouvernance fondée sur la rédaction en partenariat État/collectivités d'un projet collectif (une charte).

Véronique Peyrache-Gadeau

Transcription

Inconnu 1
C’est beau, c’est tout, oui, le plus beau c’est peut-être là haut pour l’instant, le lac.
(Bruit)
Inconnue
Moi, il faut que je marche. Le col, le col du vallon, le glacier, enfin de partout quoi ! De temps en temps, on fait des escalades, la Muzelle, le Mariet,
Inconnu 2
C’est atroce, il n’y a pas de synonyme, c’est magnifique et puis voilà.
(Musique)
Françoise Rey
Chacun dit les choses à sa façon, chacun fait son chemin à sa manière, le décor est unique, c’est le massif des Ecrins. Entre Grenoble, Gap et Briançon, se détachent plus de 120 sommets qui dépassent 3000 mètres, d’où naissent autant de glaciers. Mais des sommets ici isolés les uns les autres par d’étroites et profondes vallées, un véritable labyrinthe qui a protégé le coeur du massif de toutes sortes d’invasions. Aussi est-il resté intact et sauvage, désormais encerclé d’invisibles barrières qui font de lui, sur 92 000 hectares, le plus grand espace protégé français. Royaume d’une faune et d’une flore à l’abri de toute agression humaine, oasis de citadins en mal de sérénité, le parc des Ecrins ne s’offre pas. Il faut aller vers lui, emprunter les sentiers du même pas que ceux qui, autrefois, n’avaient pas d’autres voies pour communiquer.
(Musique)
Françoise Rey
Dans les villages à la périphérie du parc, nombreux sont ceux qui se souviennent avoir franchi un col deux fois dans la même journée pour aller et revenir d’un autre village de l’autre coté de la montagne. Ici, la tradition montagnarde perdure, mais pour combien de temps encore. La mission d’un parc, c’est aussi de freiner l’exode des populations qui vivent à ses portes en les soutenant dans leurs activités économiques. Protections et restructurations des domaines agricoles, aides à la rénovation des villages, à cela s’ajoute, bien sûr, la création de lieux d’accueil pour les touristes. D’alpages en forêts, de lacs en cols, de sommets en villages, les étapes se suivent et ne se ressemblent pas. De 700 à 2800 mètres d’altitude, au total 10 500 mètres de dénivelés sur 150 kilomètres. Empruntant le sentier dans sa totalité ou par fraction, chacun entre dans les Ecrins à sa convenance, à sa cadence.
(Musique)
Françoise Rey
Vient le jour où, à force de serpenter autour de la Meije, la Muzelle, l’Olan ou le Pelvoux, l’attrait de la haute montagne devient irrésistible, que ce soit pour ses courses de rochers ou de glaces, le massif des Ecrins est aussi le deuxième pôle de l’alpinisme français.
(Musique)
Françoise Rey
Point culminant avec 4102 mètres, la barre des Ecrins remporte tous les succès dans le massif. 1000 mètres plus bas le refuge qui porte son nom est le plus fréquenté des Alpes. Point de départ d’une ascension, objectif pour une nuit plus près des étoiles, ceux qui viennent là ne se ressemblent pas.
Inconnu 3
On peut dire que la montage des Ecrins ça correspond au passage facile entre la randonnée et la haute montagne, on ne situe pas bien la limite mais le Dôme des Ecrins, c’est vraiment l’exemple de la course, bon, qui exige de l’endurance, mais pas de difficulté technique. Donc, on accède à un 4000 aussi, à l’attrait du 4000 bien sûr, ça compte, sans peur.
(Musique)
Françoise Rey
Néophyte, à peine initié ou passionné, ici chacun trouvera conquête à sa mesure. Une grande course pour certains, la terrasse d’un refuge pour d’autres, chacun son style, chacun son look, du type himalayen à la tenue de plage.
(Musique)
Françoise Rey
De La Romanche à la Vallouise, en passant par le Valsenestre et le Vénéon, ici, chaque vallée a un caractère et une histoire qui lui sont propres. Alain Faure, chef du secteur de la vallée de Valgaudemar, est aujourd’hui l’ami de tous, mais ça n’a pas toujours été le cas.
Alain Faure
Lors de sa mise en place en 74, une grosse partie de la population était anti parc, soit pour des questions de chasse, soit tout simplement, peut-être, parce qu’on leur avait mal expliqué. Il s’avère qu’aujourd’hui, devant les actions que mènent les gardes moniteurs et tout le personnel du secteur, qui est en plus, c’est un personnel de la vallée, les gens reconnaissent un peu les bienfaits de ce parc. Et si maintenant, le parc partait de cette vallée, je crois qu’il y en a beaucoup qui serait très malheureux.
(Bruit)