L'écomusée du Daviaud avec Jean-Pierre Bertrand

17 septembre 1994
04m 39s
Réf. 00111

Notice

Résumé :
La ferme écomusée du Daviaud propose une reconstitution de la mémoire paysanne, dans le marais vendéen, à La Barre-de-Monts. Ce musée, étendu sur 12 ha, retrace l'histoire de ce territoire et se veut être un conservatoire de la richesse et de la diversité des objets, des techniques, des savoirs-faire et du patrimoine architectural, végétal et animal de la région.
Type de média :
Date de diffusion :
17 septembre 1994
Source :
FR3 (Collection: En flânant... )
Personnalité(s) :

Éclairage

Parmi les antennes de l'écomusée de Vendée, l’écomusée du Daviaud, à la Barre-de-Monts, illustre parfaitement la volonté de protéger le patrimoine du Marais, de transmettre la mémoire et de préparer l’avenir.
Il naît à la conjonction des initiatives locales et du musée de Vendée. En 1977 la Société de Recherches et d’Expression des traditions populaires du Marais Breton vendéen devient l’AREXCPO en Marais Breton vendéen (Association de Recherches et EXpression pour la Culture POpulaire). Elle est organisée en six sections et est présidée par Jean-Pierre Bertrand. Elle collabore avec les Musées de Vendée pour organiser, dans le muséobus, l’exposition sur les Noces d’hier en Pays de Monts. C’est en 1980 que le Centre de découverte du Marais Breton vendéen est installé au Daviaud, sous la direction de Jean-Pierre Bertrand, avant qu’il ne soit ensuite, en 2002, directeur d'Ethnodoc, alors section de l'Arexcpo.
Trente ans après sa création, l’écomusée du Daviaud est un espace naturel préservé de plus de 60 hectares de marais. Le bâtiment de l’écomusée collectionne les objets liés à l’histoire et aux habitants du marais. Des bâtiments d’architecture locale, ferme et bourrine, héberge des animaux d’espèces locales. Un marais salant en activité, produisant et stockant du sel. Aux activités ordinaires d’un musée, s’ajoutent les tâches d’animation pour accueillir ou rencontrer les élèves des établissements scolaires, mais aussi la confection de plats maraîchins, sans oublier les balades en yole. Une salle de restauration peut même accueillir des réunions familiales et des mariages. Plus récemment, des jeux ont été proposés au public dans différentes villes du pays de Monts pendant les travaux de rénovation entrepris pour répondre aux mutations récentes.
Jean-Clément Martin

Transcription

Roger Gicquel
Il y a beaucoup d’escapades à faire dans la région, châteaux, musées, lieux de mémoire des guerres de Vendée, bien sûr. Et puis, là où je vous ai emmenés, c’est, c’est un écomusée, comme on dit. 12 hectares ici pour reconstituer une mémoire paysanne au fond. Et ça s’appelle le Daviaud. Le Daviaud, avec sa métairie, avec, bon ben, toute la survivance des us et coutumes de ce milieu des marais, les marais. Alors, Jean-Pierre Bertrand, bonjour.
Jean-Pierre Bertrand
Bonjour Monsieur Gicquel.
Roger Gicquel
Vous êtes le fondateur de cet écomusée.
Jean-Pierre Bertrand
Un des fondateurs.
Roger Gicquel
Avant l’arrivée du tourisme dont on trouve de toutes petites traces au XIXe siècle, qu’est-ce qu’il y avait à Saint-Jean-de-Monts, par exemple ?
Jean-Pierre Bertrand
Alors, Saint-Jean-de-Monts, pratiquement toute l’économie locale s’appuyait sur l’agriculture, hein la, une polyagriculture, puisque certains exploitaient donc la partie rive où il y avait des cultures maraîchères, ceux qui exploitaient les parties de marais doux. Alors, on a beaucoup d’élevages, surtout du canard entre autres, hein, des chevaux, des chevaux qui ont fait la richesse de cette région. Et puis alors, dans ses parties saumâtres, alors de la pêche, de la pêche dans le marais saumâtre. Et puis, l’exploitation du sel, du blé et de pratiquement tout ce qui est bovin.
Roger Gicquel
Et les cabaniers, c’était quoi, les cabaniers ?
Jean-Pierre Bertrand
Alors les cabaniers, ça, c’était vraiment la couche sociale la plus basse, puisque eux n’avaient pratiquement rien et habitaient dans les dunes,
Roger Gicquel
Là où sont les immeubles maintenant ?
Jean-Pierre Bertrand
Les immeubles d’aujourd’hui, tout à fait, les immeubles sont implantés là, sur leurs anciens territoires. Ces gens-là vivaient exclusivement de ce qu’ils pêchaient, qu’ils revendaient aux gens des bourgs ou du marais, ils pillaient,
Roger Gicquel
Ils pillaient ?
Jean-Pierre Bertrand
Ils pillaient, ils installaient des feux, des feux sur les rivages et certains bateaux sont…
Roger Gicquel
Un peu des naufrageurs, quoi !
Jean-Pierre Bertrand
Ben oui, voilà.
Roger Gicquel
Bon, oui.
Jean-Pierre Bertrand
Et donc, ils récupéraient ces mâts, ces débris de bateaux pour se construire des cabanes. Et quand ces gens-là ont été chassés des dunes, parce que ces dunes ont été, étaient sans impôts, et quand on a imposé ces gens-là, eh bien, il a fallu qu’ils quittent, parce qu’ils n’avaient pas les moyens, et c’est là qu’il y a eu cette profusion de bourrines dans le Marais, oui.
Roger Gicquel
Qu’est-ce que c’est, une bourrine ?
Jean-Pierre Bertrand
Une bourrine, c’est une maison dont la couverture est en végétaux.
Roger Gicquel
Et dans la bourrine, il y a le mobilier traditionnel, évidemment, je veux dire, dans celles que vous avez conservées ?
Jean-Pierre Bertrand
Voilà.
Roger Gicquel
Alors, ce que vous conservez aussi, et ça, ça m’intéresse beaucoup, ce sont des animaux domestiques. On entend des piaillements de petits poussins, là, il y a des poules, etc. , bon, ça c’est assez courant, mais vous conservez des animaux en voie de disparition, je dis bien domestiques.
Jean-Pierre Bertrand
Oui, cette région vivant essentiellement du tourisme, il va falloir qu’elle ait des produits, des produits authentiques, des produits locaux. Et pourquoi ne pas profiter de ces particularismes locaux que nous offrent ces animaux et les végétaux, puisqu’on a un conservatoire des végétaux aussi ; pour, justement, utiliser ces animaux qui sont parfaitement adaptés au milieu, qui correspondent à une gastronomie locale et qui pourraient être valorisés, et valoriser les gens du pays qui vivent encore d’agriculture.
Roger Gicquel
Alors ce coin, par exemple, c’est quoi, les vaches, les vaches ?
Jean-Pierre Bertrand
Alors les vaches, c’est une, c’est la survivance d’une des variétés de la parthenaise que l’on appelle la maraîchine. On a choisi avec l’école vétérinaire les animaux les plus représentatifs et puis, on les a amenés là. L’école vétérinaire les a ré-inséminées, parce qu’il n’y a plus de taureau, avec un taureau qui avait été engrangé il y a une vingtaine d’années, le dernier.
Roger Gicquel
Engrangé, c’est-à-dire, on avait gardé sa semence ?
Jean-Pierre Bertrand
Sa semence, oui, et donc…
Roger Gicquel
Il était mort et on avait gardé sa semence ?
Jean-Pierre Bertrand
Oui, bien sûr, oui, il était mort, oui.
Roger Gicquel
Et on a inséminé ces vaches ?
Jean-Pierre Bertrand
Et donc, avec d’autres associations qui, maintenant, se sont investies dans cette activité-là, eh bien, l’espèce est, renaît.
Roger Gicquel
Renaît.
Jean-Pierre Bertrand
Oui.
Roger Gicquel
Et les cochons, pareil ?
(Bruit)
Roger Gicquel
Les écomusées, d’habitude, ça se visite, bon, alors, on regarde, oui, c’était bien dans le temps, etc. , et vous, ça vit, chez vous, ça vit ?
Jean-Pierre Bertrand
C’est vrai que c’était bien dans le temps, mais quand on aura 100 ans de plus, on dira aussi que c’était bien aujourd’hui. Non, mais je crois qu’il faut savoir exploiter le passé pour, justement, mieux apprécier nos qualités actuelles et…
Roger Gicquel
Et puis, dernière question, qu’est-ce que vous pensez de la rénovation de Saint-Jean-de-Monts ?
Jean-Pierre Bertrand
Dans 100 ans, on fera un écomusée avec !
Roger Gicquel
Merci, Jean-Pierre Bertrand !
Jean-Pierre Bertrand
Il n’y a pas de quoi !
Roger Gicquel
Très bien, votre musée.