L'eau potable en Vendée

20 janvier 1990
02m 36s
Réf. 00028

Notice

Résumé :
Un tiers des communes de Vendée sont touchées par la pollution de l'eau au nitrate. C'est le cas du Poiré-sur-Vie où, au plaisir des grandes surfaces, les habitants changent leurs habitudes. Certains artisans, comme le boulanger, songent à des solutions alternatives et les agriculteurs, qui reconnaissent leur responsabilité, cherchent des solutions.
Date de diffusion :
20 janvier 1990

Éclairage

La question de qualité de l’eau n’est pas aussi récente qu’on pourrait le penser, il existe des règlements sur la qualité des eaux de la Bièvre, rivière alimentant Paris, qui remontent au XVIIe siècle et toute une série de mesures prises en Grande-Bretagne au cours du XIXe siècle dans le contexte de la Révolution industrielle. En revanche, la prise de conscience de la pollution des eaux continentales (eaux de surface et eaux souterraines) du fait des activités agricoles ne remonte qu’aux années 1980. Le reportage tourné en 1990 en Vendée sur la présence d’un taux de nitrates excessif dans l’eau potable d’un tiers des communes vendéennes précède d’un an l’adoption de la directive européenne 91/676/CEE du 12 décembre 1991 appelée « directive nitrates » qui continue un quart de siècle plus tard à servir de principal instrument réglementaire de lutte contre les pollutions liées à l’azote issu de sources agricoles.
Le département de la Vendée s’est doté d’un Observatoire départemental de l'eau en 2000 associant l'Etat, le département et l'Agence de l'eau Loire-Bretagne. Cet observatoire a été rattaché à l’Observatoire départemental de l'environnement en 2015. L’Agence régionale de sante (ARS) qui informe les usagers et les professionnels des résultats de prélèvements effectués fait état d’une nette amélioration de la situation par rapport à 1990. Il ressort qu’en 2014, la teneur en nitrates de l’eau distribuée en Vendée s’est considérablement améliorée puisque 85 % environ du territoire départemental est en dessous de 25 mg/l de nitrate alors que la limite de distribution est à 50 mg/l. Pour les 15 % du territoire restant (Luçon, Fontenay-le-Comte et la Châtaigneraie et une petite zone près des Herbiers), les teneurs sont encore acceptables puisque comprises entre 25 et 40 mg/l. Dans son rapport de l’année 2014, l’ARS se félicite de la très bonne qualité bactériologique des eaux vendéennes, de leur faible teneur en pesticides et nitrates. Les efforts réalisés par les agriculteurs vendéens ont été payants en une génération puisque 90 % de l’eau potable distribuée est de l’eau dite de surface contre seulement 10 % d’eau souterraine captée.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

Xavier Cosse
Madame, Monsieur bonsoir, la pollution encore. Trop de nitrates dans l’eau en Vendée après la Loire Atlantique, c’est près d’un tiers des communes vendéennes qui sont touchées par cette pollution de l’eau. Les nourrissons, les femmes enceintes doivent éviter de consommer l’eau du robinet jusqu’à nouvel ordre, alors comment vit-on cette situation localement ? Reportage dans une commune vendéenne, Le Poiré-sur-Vie, Bérénice du Failly et Fernando Lavaredas.
Journaliste
Vous achetez de l’eau parce que vous savez que votre commune est polluée ou bien est-ce-que vous achetez de l’eau habituellement ?
Inconnue
Je n’en achète pas régulièrement, oui, j'ai été influencée par ça, oui, sûrement.
Journaliste
Vous changez vos habitudes ?
Inconnue
Un peu oui, enfin, je ne dis pas que ça durera.
Journaliste
Eh oui, suite à l’accroissement exceptionnel de la pollution par les nitrates, certains vendéens ont dû changer leurs habitudes alimentaires. Après la Loire-Atlantique, le département de la Vendée est touché par la pollution d’eau potable, certains commerçants envisagent même de recourir à d’autres moyens si la situation l’exigeait.
bruit
(bruit)
René Berrieau
Et si vraiment ça persistait et puis que il y aurait une plainte de la clientèle, bon ben, et bien, on pourrait se débrouiller une autre fois, autrement. Moi je pourrais, je pourrais trouver des puits chez nous qui sont très, très, du moins très sains et on pourrait prendre de l’eau dedans, ce n’est pas un problème ça.
Journaliste
Le malheur des uns fait le bonheur des autres, la vente des eaux minérales va forcément croître, une aubaine pour les grandes surfaces.
bruit
(bruit)
Marcel Lefort
On va vendre de l’eau d’avantage, de l’eau minérale et de l’eau de source surtout.
Journaliste
Est-ce que vous avez, est-ce-que vous avez l’intention d’augmenter les stocks, justement ?
Marcel Lefort
Non, mais la phase de la rotation sera plus vive, sera plus accélérée, ça, c’est sûr.
Journaliste
Donc, cette situation vous est plutôt sympathique ?
Marcel Lefort
Très bien, c’est très bien oui, c’est embêtant pour le consommateur mais enfin…
Journaliste
Enfin, du côté des agriculteurs en position d’accusés dans cette affaire, on n’exclut pas une certaine part de responsabilité, mais pas question de porter le chapeau.
Jean-Luc Maudet
C’est vrai que dans un certain nombre de circonstances, les agriculteurs ont été amenés, au nom du mieux-être et de la meilleure qualité des produits qu’ils veulent fournir, à utiliser des procédés qui ont eu quelques conséquences négatives. Alors bien entendu, il ne faut pas non plus porter tout le préjudice sur les agriculteurs, en ce qui concerne la qualité de l’eau ; et je voudrais vous dire que les agriculteurs sont conscients de leur part de responsabilité, et je dis bien de leur part sur ce sujet-là. Et c’est la raison pour laquelle ils entreprennent avec des méthodes très scientifiques, de mettre en place des moyens qui permettront justement d’améliorer la situation.