Dépôt de bilan de la Samro

09 septembre 2009
02m 04s
Réf. 00536

Notice

Résumé :
La Samro est en dépôt de bilan. Le fabricant de remorques de poids lourds, qui dispose d'une unité de production à Fontenay-le-Comte, est en cessation de paiement. 109 licenciements sont annoncés, mais ce nombre pourrait être bien supérieur, malgré la suspension du plan social. Déjà aidée par la région, l'entreprise nécessite un soutien supplémentaire pour le maintien des sites.
Date de diffusion :
09 septembre 2009
Source :
Personnalité(s) :

Éclairage

C’est en 1976 que Joël Soulard se lance avec 70 salariés dans la carrosserie industrielle en créant la marque de remorques Samro dont le logo s’orne bientôt d’un rhinocéros. Si les transports routiers sont en perpétuelle expansion depuis les années 1950, la conjoncture du milieu des années 1970 est déjà marquée par la morosité de la crise, imputable au premier choc pétrolier de la fin 1973, et la Samro naît donc dans un contexte moins favorable que celui qu’elle aurait connu une décennie plus tôt. Toutefois, l’entreprise située aux portes de Fontenay-le-Comte, sur la route de Niort, parvient à se développer. En 1997, Joël Soulard s’associe avec la Société des bois lamellés-collés fontenaisiens (SBLF) qui assure la production des lamelles de plancher des remorques. L’année suivante voit le lancement par Samro de la première remorque boulonnée du marché, une innovation qui lui permet de continuer à se développer en dépit d’une concurrence toujours plus rude et d’atteindre une production de 18 000 semi-remorques. Sur sa lancée, Samro crée Fontenax en 2000, une filiale spécialisée dans la fabrication des essieux qui assure sa production en Belgique et en Serbie à compter de 2004 et 2006.
Au milieu des années 2000, la Samro est au faîte de son ascension lorsqu’elle reprend en 2004 les 165 salariés de l’usine Blond-Baudoin de Nort-sur-Erdre près de Nantes qui appartient au leader français de la remorque General Trailers qui fait faillite à cette époque. Quelques mois plus tard, la Samro rachète son concurrent Trouillet pour l’euro symbolique en conservant 90 salariés sur le site de montage de remorque de ce dernier à Balbigny dans la Loire. A cette époque, la Samro atteint 700 salariés et réalise un chiffre d’affaires de 145 millions d’euros, elle paraît avoir les moyens de contourner les écueils sur lesquels ses concurrents se sont brisés. Parmi les principales difficultés, il convient de citer en particulier le caractère cyclique de la demande pour les semi-remorques dont la durée de vie est supérieure à celle des poids-lourds et qui ne sont pas forcément renouvelées aussi régulièrement qu’il le faudrait, du fait de la tendance des petites entreprises du secteur à rogner sur les coûts de fonctionnement devant la concurrence sauvage régnant au sein de l’espace européen.
Lorsqu’éclate la violente crise économique des années 2008-2009, les difficultés financières s’accumulent. Fin 2008, l’entreprise doit procéder à une augmentation de capital de 9 millions d’euros et a besoin de trouver entre 12 et 15 millions d’euros pour équilibrer son budget prévisionnel pour 2009. Le chiffre d’affaires se contracte de 176 millions d’euros en 2007 à 145 millions en 2008 et 55 millions en 2009. Début 2009, 553 salariés des sites de Fontenay, Nort-sur-Erdre et Balbigny se retrouvent au chômage partiel et l’entreprise accuse la perte d’une commande de 250 remorques pour le compte de Géodis. Dans un premier temps, l’entreprise bénéficie du soutien de la région des Pays-de-la-Loire qui lui accorde une aide de 2 millions d’euros dans le cadre du prêt régional de redéploiement industriel ainsi qu’une avance remboursable d’un million dans le cadre du fonds d’intervention régional. Cet argent public est englouti dans un trou qui ne cesse de se creuser de jour en jour. En septembre 2009, la direction annonce une vague d’un peu plus de 160 licenciements en se mettant sous la protection du redressement judiciaire qui doit permettre, selon elle, d’attendre la fin de la crise puis de réembaucher ses salariés. Hélas, ce scénario n’est pas réalisé et la Samro est mise en liquidation judiciaire en 2013. Ses installations et une partie de son personnel sont repris par Trouillet Location Service créée en 1997 par Eric Trouillet, fils d’André le fondateur des remorques Trouillet que la Samro avait rachetée en 2005, mais il ne s’agit plus désormais de fabrication mais de reconditionnement de remorques de location ou vendues d’occasion.
Eric Kocher-Marboeuf

Transcription

Virginie Charbonneau
S’il est un secteur particulièrement touché par la crise, c’est bien celui des transports. Un des fleurons français du secteur, la Samro, qui fabrique des remorques pour poids lourds, notamment à Fontenay-le-Comte et à Nort-sur-Erdre, vient de déposer son bilan. Un nouvel épisode mais pas un épilogue, la société espère que ce sursis lui permettra de résister jusqu’à la fin de la crise. Evelyne Jousset et Damien Raveleau.
Evelyne Jousset
Une journée pas tout à fait comme les autres chez Samro. Ils s’y attendaient, mais là, les représentants syndicaux viennent de l’apprendre, le fabricant de remorques pour poids lourds est en cessation de paiement. Cela concerne les 473 employés de la SEG Samro qui regroupe les sites de Fontenay-le-Comte, Balbigny dans la Loire et Nort-sur-Erdre.
Jean-Marie Pouvreau
La direction nous a bien dit qu’elle maintenait, que le plan de licenciement qu’elle avait envisagé n’était que suspendu, et qu’il pourrait même un peu augmenter par des départs volontaires. Mais là, nous n’avons pas encore d’écrit noir sur blanc. Mais des licenciements, le plan de licenciement est bel et bien maintenu.
Evelyne Jousset
Et il devrait même dépasser les 109 prévus à Nort-sur-Erdre. Un administrateur judiciaire va être nommé et une période d’observation décidée, mais le moral n’y est plus.
Inconnu 1
Non, c’est le bazar, c’est tout !
Inconnu 2
56 ans et demi, 37 ans de métier, bon, voilà, la porte est grande ouverte pour nous.
Inconnu 3
Il faut se battre jusqu’au bout, de toute façon, celui qui ne se bat pas, il n’a rien donc on va essayer, on verra bien !
Inconnu 4
La solution, pour nous, ce serait d’avoir un repreneur sur le site.
Jean-Marie Pouvreau
Un plan de continuation, souvent, est moins dramatique qu’un plan de cession, parce que nous connaissons actuellement ce qui s’est passé chez d’autres concurrents tel que Lamberet, et d’autres encore ; et ces plans de cession ont été dramatiques pour l’emploi.
Evelyne Jousset
Un plan de continuation, c’est ce que souhaite l’entreprise qui n’a pas tenu à s’exprimer devant la caméra. Elle affirme, passée la crise, vouloir réembaucher ses salariés. Le problème est que Samro a reçu de la région un million d’Euros pour maintenir l’activité. Et que pour garder le site de Nort-sur-Erdre, il va falloir que les collectivités financent encore une partie de la location des locaux. Vont-elles accepter de le faire ?