Fermeture de la laiterie Le Petit Vendéen
21 mai 2013
02m 14s
Réf. 00539
Notice
Résumé :
La Laiterie Le Petit Vendéen du groupe Terra Lacta va fermer en mars 2014, malgré les bénéfices réalisés, menaçant ses 60 salariés de Mareuil-sur-Lay-Dissais. Si les employés ne comprennent pas cette décision, le maire de la commune, lui, s'inquiète des conséquences locales directes et indirectes. Une reprise éventuelle est encore possible, comme un rapprochement avec le groupe Bongrain.
Type de média :
Date de diffusion :
21 mai 2013
Source :
FR3
(Collection:
19 20. Edition Pays de la Loire
)
Personnalité(s) :
Lieux :
Éclairage
L’annonce faite, à l’automne 2013, par le groupement coopératif Terra Lacta de la fermeture programmée le 31 mars 2014 de la laiterie de Mareuil-sur-Lay-Dissais a suscité une vive émotion en Vendée. Cette cessation d’activité risquait en effet de signifier la disparition du lait Le petit Vendéen, une appellation chère au cœur de nombreux consommateurs du Centre-Ouest qui va finalement survivre à la fermeture de la laiterie de Mareuil-sur-Lay grâce à un conditionnement effectué en Ille-et-Vilaine.
Sur la longue durée, la fermeture de la laiterie de Mareuil-sur-Lay-Dissais met un terme à un chapitre important de l’expérience coopérative entamée en 1888 par Eugène Biraud à Chaillé près de Surgères. En effet, créée en 1895 par le docteur Fortin, conseiller général et maire des Moutiers-sur-Lay, la laiterie de Mareuil appartenait au premier essor du mouvement coopératif dit de Surgères qui allait essaimer à travers toute la France. Elle bénéficie tout au long de ses quarante premières années d’existence d’un relatif prestige du fait de son ancienneté et de son volume de collecte de lait et de la qualité de son beurre qui se voit récompenser par plusieurs distinctions au cours d’expositions internationales. En 1936, la laiterie de Mareuil fait partie des premières laiteries adhérentes au Groupement des laiteries de l’Association centrale des laiteries coopératives des Charentes et du Poitou, le GLAC, basé à Surgères, créé pour permettre aux coopératives du Centre-Ouest de mieux surmonter les effets de la dépression économique qui affecte la France depuis 1931. Le label du GLAC doit permettre aux laiteries de bénéficier d’une meilleure force de frappe commerciale vis-à-vis des mandataires des Halles de Paris, à l’exportation mais également leur apporter un appui technique renforcé reposant sur l’expérience de l’Ecole laitière fondée par Pierre Dornic ; d’ailleurs Alexis Frémaudeau, directeur de la laiterie depuis 1922, en est issu.
La laiterie de Mareuil-sur-Lay contribue à faire perdurer la notion de « Poitou historique », c’est-à-dire incluant la Vendée, y compris lorsque le département est rattaché à la région Pays-de-la-Loire après la Seconde Guerre mondiale. La laiterie de Mareuil-sur-Lay est constamment agrandie et modernisée au cours des belles décennies d’après-guerre et sa zone de collecte s’élargit à l’ensemble du sud Vendée et même un peu au-delà quand les camions de ramassage supplantent définitivement les laitiers à cheval. Les petites beurreries-coopératives villageoises tendent à disparaître au profit des plus grandes dès les années 1950 et celle de Mareuil-sur-Lay, à l’instar de celle de Saint-Michel-en-l’Herm, fait incontestablement partie de la seconde catégorie, rien ne semble devoir menacer son existence.
En 1975, le GLAC prend la direction de plusieurs coopératives du grand bassin laitier Poitou-Charentes dont celle de Mareuil-sur-Lay, devenant ainsi un acteur important de la modernisation de l’élevage laitier dans l’Ouest sur fond d’imposition des quotas laitiers au niveau européen. La tendance à la concentration ne cesse de se poursuivre du fait de la baisse continue du nombre d’exploitants, de la concurrence toujours accrue tant au niveau intra qu’extra communautaire, de l’imposition de nouvelles normes sanitaires de production plus contraignantes, etc... En 1995, le GLAC fusionne avec Lescure-Bougon et sort de ses frontières du Centre-Ouest en créant la Société Laitière des Volcans d’Auvergne en 2007 puis Les Montagnes d’Auzances en 2009. Une nouvelle étape de la concentration décisionnelle est franchie en 2012 avec la fusion des quatre coopératives formant le GLAC, elles-mêmes issues de nombreuses fusions antérieures. C’est ainsi que Capribeur, Charentes Lait, Lescure Bougon et l’Union sud Vendée agricole laitière (USVAL) de Mareuil-sur-Lay-Dissais transforment le GLAC en Terra Lacta. Cette fusion générale vise à faire des économies d’échelle et la nouvelle entité annonce en 2013 son intention de fermer les laiteries de Mareuil-sur-Lay et de Bougon dans les Deux-Sèvres, de rediriger le lait qu’elles collectaient vers Saint-Michel-en-l’Herm et Surgères et enfin de réduire les effectifs de Surgères. Au total, cette réorganisation doit permettre d’alléger les coûts de structure et de personnel au prix de 237 suppressions d’emplois sur 930. C’est avec ces conditions draconiennes qu’a été adoptée en juin 2013 à une large majorité l’alliance stratégique de Terra Lacta avec le groupe privé de la famille Bongrain, 2e groupe fromager français, devenu depuis peu Savencia fromage et Dairy. Les deux partenaires se répartissent le lait de vache ou de chèvre collecté en fonction des besoins de leurs unités de production et d’entités juridiques distinctes au sein desquelles ils sont majoritaires ou minoritaires en fonction de leurs participations croisées. Cette association d’intérêts privés et coopératifs scelle la fin du modèle de l’association libre de producteurs indépendants imaginé par les premiers coopérateurs charentais, poitevins et vendéens après la crise phylloxérique à la fin du XIXe siècle pour se reconvertir ou développer la production laitière et beurrière afin de toucher le marché parisien grâce à la desserte ferroviaire quotidienne vers la capitale.
Sur la longue durée, la fermeture de la laiterie de Mareuil-sur-Lay-Dissais met un terme à un chapitre important de l’expérience coopérative entamée en 1888 par Eugène Biraud à Chaillé près de Surgères. En effet, créée en 1895 par le docteur Fortin, conseiller général et maire des Moutiers-sur-Lay, la laiterie de Mareuil appartenait au premier essor du mouvement coopératif dit de Surgères qui allait essaimer à travers toute la France. Elle bénéficie tout au long de ses quarante premières années d’existence d’un relatif prestige du fait de son ancienneté et de son volume de collecte de lait et de la qualité de son beurre qui se voit récompenser par plusieurs distinctions au cours d’expositions internationales. En 1936, la laiterie de Mareuil fait partie des premières laiteries adhérentes au Groupement des laiteries de l’Association centrale des laiteries coopératives des Charentes et du Poitou, le GLAC, basé à Surgères, créé pour permettre aux coopératives du Centre-Ouest de mieux surmonter les effets de la dépression économique qui affecte la France depuis 1931. Le label du GLAC doit permettre aux laiteries de bénéficier d’une meilleure force de frappe commerciale vis-à-vis des mandataires des Halles de Paris, à l’exportation mais également leur apporter un appui technique renforcé reposant sur l’expérience de l’Ecole laitière fondée par Pierre Dornic ; d’ailleurs Alexis Frémaudeau, directeur de la laiterie depuis 1922, en est issu.
La laiterie de Mareuil-sur-Lay contribue à faire perdurer la notion de « Poitou historique », c’est-à-dire incluant la Vendée, y compris lorsque le département est rattaché à la région Pays-de-la-Loire après la Seconde Guerre mondiale. La laiterie de Mareuil-sur-Lay est constamment agrandie et modernisée au cours des belles décennies d’après-guerre et sa zone de collecte s’élargit à l’ensemble du sud Vendée et même un peu au-delà quand les camions de ramassage supplantent définitivement les laitiers à cheval. Les petites beurreries-coopératives villageoises tendent à disparaître au profit des plus grandes dès les années 1950 et celle de Mareuil-sur-Lay, à l’instar de celle de Saint-Michel-en-l’Herm, fait incontestablement partie de la seconde catégorie, rien ne semble devoir menacer son existence.
En 1975, le GLAC prend la direction de plusieurs coopératives du grand bassin laitier Poitou-Charentes dont celle de Mareuil-sur-Lay, devenant ainsi un acteur important de la modernisation de l’élevage laitier dans l’Ouest sur fond d’imposition des quotas laitiers au niveau européen. La tendance à la concentration ne cesse de se poursuivre du fait de la baisse continue du nombre d’exploitants, de la concurrence toujours accrue tant au niveau intra qu’extra communautaire, de l’imposition de nouvelles normes sanitaires de production plus contraignantes, etc... En 1995, le GLAC fusionne avec Lescure-Bougon et sort de ses frontières du Centre-Ouest en créant la Société Laitière des Volcans d’Auvergne en 2007 puis Les Montagnes d’Auzances en 2009. Une nouvelle étape de la concentration décisionnelle est franchie en 2012 avec la fusion des quatre coopératives formant le GLAC, elles-mêmes issues de nombreuses fusions antérieures. C’est ainsi que Capribeur, Charentes Lait, Lescure Bougon et l’Union sud Vendée agricole laitière (USVAL) de Mareuil-sur-Lay-Dissais transforment le GLAC en Terra Lacta. Cette fusion générale vise à faire des économies d’échelle et la nouvelle entité annonce en 2013 son intention de fermer les laiteries de Mareuil-sur-Lay et de Bougon dans les Deux-Sèvres, de rediriger le lait qu’elles collectaient vers Saint-Michel-en-l’Herm et Surgères et enfin de réduire les effectifs de Surgères. Au total, cette réorganisation doit permettre d’alléger les coûts de structure et de personnel au prix de 237 suppressions d’emplois sur 930. C’est avec ces conditions draconiennes qu’a été adoptée en juin 2013 à une large majorité l’alliance stratégique de Terra Lacta avec le groupe privé de la famille Bongrain, 2e groupe fromager français, devenu depuis peu Savencia fromage et Dairy. Les deux partenaires se répartissent le lait de vache ou de chèvre collecté en fonction des besoins de leurs unités de production et d’entités juridiques distinctes au sein desquelles ils sont majoritaires ou minoritaires en fonction de leurs participations croisées. Cette association d’intérêts privés et coopératifs scelle la fin du modèle de l’association libre de producteurs indépendants imaginé par les premiers coopérateurs charentais, poitevins et vendéens après la crise phylloxérique à la fin du XIXe siècle pour se reconvertir ou développer la production laitière et beurrière afin de toucher le marché parisien grâce à la desserte ferroviaire quotidienne vers la capitale.
Eric Kocher-Marboeuf