La première journée d'un maire, Luc Bouard

La surprise est au rendez-vous : chez les habitants comme chez le nouvel élu qui avoue ne pas s’être attendu à un tel écart de voix en sa faveur. Ce sentiment général s’explique aisément. La Roche-sur-Yon constituait un bastion de la gauche depuis la Libération, avec une seule interruption entre 1959 et 1977. Jacques Auxiette avait présidé aux destinées de la ville pendant 27 ans avant d’en laisser les clés, pour dix ans encore, à son ami Pierre Regnault. L’évolution démographique et sociologique de La Roche-sur-Yon semblait garantir l’hégémonie du Parti socialiste pour de longues années encore, grâce à la croissance des classes moyennes salariées. Quant au bilan des municipalités Auxiette et Regnault, il était jugé favorablement même en dehors de leurs soutiens déclarés. Que pouvait espérer le challenger du maire sortant, Luc Bouard, un nouveau venu en politique qui avouait implicitement ne pas bien maîtriser les dossiers d’une ville de plus de 50 000 habitants ? Diplômé technicien agricole, puis un temps exploitant et militant au Centre départemental des jeunes agriculteurs, avant de plonger dans le secteur de l’assurance au sein du groupe AXA, Luc Bouard n’avait rien dans sa carrière qui puisse le prédestiner à emporter la mairie puis la présidence de la communauté urbaine.
La réponse tient au contexte national. Les municipales de 2014 ont constitué la première d’une série de rudes épreuves électorales pour le PS. Après deux ans de mandat présidentiel, François Hollande et le gouvernement Ayrault ont déçu. A la fois parce qu’ils n’ont pas réussi à inverser la courbe du chômage comme ils l’avaient solennellement promis mais aussi parce qu’ils ont semblé vouloir prendre (timidement d’ailleurs) leurs distances à l’égard de certains tabous de la gauche sur le plan économique ou social. Jean-Marc Ayrault qui, en tant que maire de Nantes, était un peu la référence des socialistes vendéens, sera conduit à démissionner à la fin de ce même mois de mars 2014.