Manifestation à Rennes contre le Plan Juppé

09 décembre 1995
01m 54s
Réf. 00179

Notice

Résumé :

Manifestation unitaire des salariés du secteur public et privé cet après midi à Rennes contre le Plan Juppé, visant à réformer le financement de la Sécurité sociale. Malgré un début de négociation au niveau national, les syndicats restent vigilants.

Date de diffusion :
09 décembre 1995
Source :
FR3 (Collection: Rennes soir )

Éclairage

L'entrée d'Alain Juppé en politique est tardive et coïncide exactement avec la naissance du RPR (Rassemblement pour la République) en 1976. Sa vie "bascule", selon sa propre expression, cette même année lorsque, après un passage éphémère à Matignon comme directeur du cabinet du premier ministre Jacques Chirac, il devient délégué national aux études du tout nouveau RPR.

Désormais, Alain Juppé ne quitte plus Jacques Chirac, dont il devient un des plus proches et des plus appréciés parmi tous les "chiraquiens". Après des échecs électoraux dans ses Landes natales aux législatives de 1978 et aux cantonales de 1979, Juppé brûle les étapes en quelques années. Il remporte sa première victoire électorale en gagnant aux municipales de 1983 la mairie du XVIIIe arrondissement à Paris. Député européen en 1984, député du XVIIIe arrondissement en 1986, il est aussitôt nommé ministre délégué au budget dans le gouvernement de Jacques Chirac.

En une décennie, Alain Juppé gagne une stature nouvelle, celle d'un homme d'État en ayant des responsabilités ministérielles et en étant le secrétaire général en continu du parti chiraquien. L'année 1995 constitue le second tournant dans la vie d'Alain Juppé. En quelques mois, après l'entrée de Jacques Chirac à l'Élysée, Juppé devient Premier ministre puis maire de Bordeaux où il succède à Jacques Chaban-Delmas, et président du RPR. Pourtant sous les apparences d'une consécration totale, la situation n'est pas facile. À Matignon, la rentrée est rude : la rigueur économique amorcée, le "plan Juppé" de financement de la Sécurité sociale et la méthode du Premier ministre provoque un effondrement de sa popularité et une crise sociale inédite depuis 1968. En effet, durant les mois de novembre et décembre 1995, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pendant trois semaines et demi et se sont retrouvés autour de six grandes manifestations unitaires, à l'appel des grands syndicats, qui ont touché toutes les grandes villes de France, pour exiger le retrait des propositions gouvernementales au sujet des régimes de retraites, mais aussi de la santé, des emplois et des conditions de travail des employés de la fonction publique. Rennes et les villes de la péninsule n'ont pas échappé à ce mouvement social d'ampleur. À la suite de ces manifestations et grèves, le gouvernement a été forcé de suspendre le "plan Juppé". La dissolution de l'Assemblée en avril 1997 n'eut pas l'effet escompté par le président de la République.

Après les piteux résultats de la majorité lors du premier tour de législatives, Alain Juppé, cible d'une impopularité rédhibitoire, annonce son retrait afin de ne pas constituer un obstacle à la victoire. Après l'échec de la droite au deuxième tour, il quitte Matignon à l'automne 1997, et la présidence du RPR.

François Lambert

Transcription

Commentateur
Onzième jour de grève chez les cheminots et une manifestation de plus, cette après-midi à Rennes, ils se joignent aux gaziers électriciens et aux postiers. 1200 personnes qui se retrouvent contre le Plan Juppé, des grévistes déterminés qui s'étonnent du silence du Premier ministre.
Manifestante
Il a trompé les gens lors de son programme électoral, maintenant, il est en train de pratiquer une politique de dupe, il faut qu'il accepte de négocier avec tous ceux qui sont dans la rue, que ce soit le secteur privé ou que ce soit le secteur public, mais sincèrement, il est sur une politique dangereuse le gouvernement.
Commentateur
Aujourd'hui, il y avait 42% de grévistes à EDF-GDF Ille-et-Vilaine, le mouvement persiste aussi dans les centres de tri postaux. Il gagne des bureaux de poste et demain, les syndicats prévoient une forte mobilisation dans ce secteur.
Manifestant
Le personnel sent bien que c'est maintenant qu'il faut y aller pour précisément faire avancer un certain nombre de revendications que ce soit national pour le, contre le Plan Juppé ou que ce soit plus particulièrement pour les PTT, c'est-à-dire contre la privatisation de France Telecom et contre le démantèlement du service public de la poste.
Commentateur
Dans les états majors syndicaux, Force ouvrière tente d'entraîner les salariés du public et du privé dans l'action. La commission exécutive a adopté ce soir l'appel de Marc Blondel. Des AG ont déjà voté la grève à l'équipement, aux finances et dans les hôpitaux.
Syndicaliste CGT
Ça converge de partout et partout, c'est l'appel à la généralisation de la grève.
Commentateur
A la CGT, même constat sur la mobilisation dans le secteur public où le renfort des enseignants FSU-FN est apprécié. En revanche, il apparaît que les salariés du privé sont plus réticents.
Syndicaliste CGT
Y a plus, un peu plus de difficultés, mais ceci étant, y a cette volonté aussi qui existe, qui s'exprime peut-être un peu moins mais qui ne demande qu'à s'exprimer en réalité.
Commentateur
CGT et FO comptent sur les dernières AG prévues demain matin pour élargir encore le mouvement.