Manifestation à Rennes contre le Plan Juppé
Notice
Manifestation unitaire des salariés du secteur public et privé cet après midi à Rennes contre le Plan Juppé, visant à réformer le financement de la Sécurité sociale. Malgré un début de négociation au niveau national, les syndicats restent vigilants.
Éclairage
L'entrée d'Alain Juppé en politique est tardive et coïncide exactement avec la naissance du RPR (Rassemblement pour la République) en 1976. Sa vie "bascule", selon sa propre expression, cette même année lorsque, après un passage éphémère à Matignon comme directeur du cabinet du premier ministre Jacques Chirac, il devient délégué national aux études du tout nouveau RPR.
Désormais, Alain Juppé ne quitte plus Jacques Chirac, dont il devient un des plus proches et des plus appréciés parmi tous les "chiraquiens". Après des échecs électoraux dans ses Landes natales aux législatives de 1978 et aux cantonales de 1979, Juppé brûle les étapes en quelques années. Il remporte sa première victoire électorale en gagnant aux municipales de 1983 la mairie du XVIIIe arrondissement à Paris. Député européen en 1984, député du XVIIIe arrondissement en 1986, il est aussitôt nommé ministre délégué au budget dans le gouvernement de Jacques Chirac.
En une décennie, Alain Juppé gagne une stature nouvelle, celle d'un homme d'État en ayant des responsabilités ministérielles et en étant le secrétaire général en continu du parti chiraquien. L'année 1995 constitue le second tournant dans la vie d'Alain Juppé. En quelques mois, après l'entrée de Jacques Chirac à l'Élysée, Juppé devient Premier ministre puis maire de Bordeaux où il succède à Jacques Chaban-Delmas, et président du RPR. Pourtant sous les apparences d'une consécration totale, la situation n'est pas facile. À Matignon, la rentrée est rude : la rigueur économique amorcée, le "plan Juppé" de financement de la Sécurité sociale et la méthode du Premier ministre provoque un effondrement de sa popularité et une crise sociale inédite depuis 1968. En effet, durant les mois de novembre et décembre 1995, des milliers de manifestants sont descendus dans la rue pendant trois semaines et demi et se sont retrouvés autour de six grandes manifestations unitaires, à l'appel des grands syndicats, qui ont touché toutes les grandes villes de France, pour exiger le retrait des propositions gouvernementales au sujet des régimes de retraites, mais aussi de la santé, des emplois et des conditions de travail des employés de la fonction publique. Rennes et les villes de la péninsule n'ont pas échappé à ce mouvement social d'ampleur. À la suite de ces manifestations et grèves, le gouvernement a été forcé de suspendre le "plan Juppé". La dissolution de l'Assemblée en avril 1997 n'eut pas l'effet escompté par le président de la République.
Après les piteux résultats de la majorité lors du premier tour de législatives, Alain Juppé, cible d'une impopularité rédhibitoire, annonce son retrait afin de ne pas constituer un obstacle à la victoire. Après l'échec de la droite au deuxième tour, il quitte Matignon à l'automne 1997, et la présidence du RPR.