Les premières fraises de Plougastel [Muet]

Ce reportage muet a été tourné à Plougastel, commune de la "ceinture dorée", qui est la riche région légumière et fruitière de la Bretagne depuis le XIXe siècle. A partir de 1875, la culture de la fraise connaît un véritable essor  : 200 ha en 1875 ; 570 ha en 1902 ; 1100 ha en 1937. On la cultivait en plein champ comme les pommes de terre et elle était introduite dans la rotation culturale.

Le document met en évidence les traditions commerciales anciennes de la côte nord : le commerce de la fraise a pris de l'ampleur avec le développement du transport ferroviaire et plus particulièrement celui de la ligne Paris-Brest crée en 1865, mais on l'envoie aussi en Angleterre. Le trafic était très bien organisé dans le cadre de syndicats tels qu'on les entendait au XIXe siècle puis dans le cadre de coopératives.

Dans les années 50, une main d'œuvre nombreuse et peu exigeante – on remarque ici la forte participation des femmes à la cueillette des fraises qui dure environ un mois et demi - permet à plusieurs régions de prolonger sans grande innovation les spécialisations anciennes : ce sont les fraises de Plougastel, les oignons de Roscoff, les pommes de terre primeurs de Saint Malo.

Les difficultés apparaîtront dans les années 70 : la disparition de la main d'oeuvre féminine partie à la ville dans les années 60, la baisse de qualité du produit, le manque d'innovation dans les techniques d'emballage les expliquent en partie. Comme les autres filières agricoles, les cultures fruitières vont devoir s'adapter à la concurrence venue surtout d'Espagne et de Hollande : dans les années 80, la région de Plougastel-Daoulas va diversifier les cultures maraîchères (tomate, fleurs) et introduire la production sous serre ou sous tunnel, afin de passer à un stade para-industriel.

Bibliographie :

- Pierre Tanguy, "la fraise de Plougastel", Ar Men, n° 10, 1987.