Les jeunes peuvent-ils rester à la terre ?
Notice
L'agriculture bretonne, en crise, ne permet pas à tous les paysans, notamment aux jeunes, de continuer à exploiter. Ces jeunes, exprimant leur malaise, mènent une réflexion sur leurs conditions de vie et de travail, et apportent des solutions.
Éclairage
Ce document a été réalisé deux ans après que la Communauté européenne ait décidé la mise en place d'un premier paquet de mesures agricoles communes pour les six pays européens fondateurs. Ces mesures aboutiront le 1er juillet 1967 au marché unique des céréales, du porc, des oeufs, de la volaille, des graines oléagineuses, suivi en 1968 de celui du lait, de la viande bovine et des produits transformés à base de fruits et légumes.
Le début des années 60 correspond donc à une période de transition pour l'agriculture française et encore plus pour l'agriculture bretonne qui doit rattraper très vite son retard technologique. Ce document en témoigne de diverses façons, selon les regards qu'on lui porte. En premier lieu, il montre que la société traditionnelle bouge ; à cet égard la sortie de messe filmée est un symbole : si tout le monde s'y retrouve, certaines portent la coiffe, d'autres le foulard, mais les jeunes vont têtes nues. On voit d'ailleurs que ces derniers ressentent fortement un malaise : bien que munis de diplômes - le bon niveau d'étude fut une des caractéristiques de la Bretagne d'après guerre - les jeunes s'inquiètent de leur avenir. Ne devront-il pas quitter la terre ? Certains l'appréhendent, d'autres le souhaitent car la vie est difficile : rappelons qu'en 1954, 43% des logements agricoles n'ont pas encore l'électricité. Sur ces aspects, ce document offre un raccourci des thèmes si souvent évoqués par la JAC bretonne (Jeunesse Agricole Catholique) : la lassitude face à la cohabitation intergénérationnelle, la difficulté à se marier pour les garçons, la volonté de vivre en tant qu'agriculteur libre et responsable, soutenu par l'Etat mais pas assisté. Le reportage témoigne encore des nouvelles façons de travailler : des GAEC (Groupement agricole en commun) se mettent en place à St-Pol de Léon qui apparait sur plusieurs plans comme une terre d'innovation [Le marché au cadran]; de nouvelles machines (tracteurs, moissonneuses batteuses puissantes) facilitent le travail aux champs. Enfin, on montre la mise en place d'une agriculture intensive qui, par l'usage des engrais et des nouvelles variétés de plantes et la mise en place de grands élevages, permettra le développement de l'agriculture et surtout le maintien de la population en place.
Ce document témoigne de l'engouement pour ce nouveau modèle dont les dangers n'apparaissent pas encore, même si les premières manifestations agricoles sont évoquées.