La toile de Bretagne, hier et aujourd'hui
Notice
Les toiles ont grandement contribué à l'essor économique de la Bretagne du XVIe au XVIIIe siècle. Retour sur cette histoire, illustrée par des images de fileuses et de colporteurs. Si cette activité traditionnelle ne représente plus le même poids économique aujourd'hui, quelques tisserands travaillent encore, notamment dans les villes de Dinan, Tréguier, Locronan.
Éclairage
De chanvre ou de lin, la production de toile fut la principale industrie bretonne du XVIème au XVIIIème siècle. Cette activité fut à l'origine d'une prospérité économique sans précédent pour de nombreuses cités marchandes ainsi que pour les ports bretons tels que Morlaix et Saint-Malo, à une époque que l'on reconnaît comme étant l'Age d'Or de la Bretagne. Le chanvre était utilisé pour fabriquer des toiles solides et grossières, servant à l'emballage des marchandises ou à la réalisation des voiles de navires.
Venue de la Baltique, la graine de lin arriva à Roscoff en 1490 ; c'est alors qu'a pu débuter la production bretonne. Le lin est alors cultivé intensivement. De grande qualité, il est destiné à la confection de toiles plus fines et plus chères que le chanvre, pour les vêtements et le linge de maison. Produits de renom, les toiles bretonnes font alors l'objet d'une intense activité commerciale sur les mers d'Europe. C'est ainsi que les toiles de lin du Léon, par exemple, sont envoyées en Angleterre. L'industrie rurale fait vivre la région, s'appuyant sur des savoir-faire tels que le filage, et procurant du travail à de nombreux métiers, tels que le paysan producteur de lin, le tisserand et le marchand colporteur.
L'heure de la décadence de l'industrie toilière bretonne a sonné au début du XIXème siècle. Toutefois, l'industrie toilière bretonne n'a pas sombré dans l'oubli car elle continue de marquer le paysage et les mémoires dans la seconde moitié du XXème siècle. De nombreuses traces matérielles portent la mémoire de cet Age d'Or. Tréguier, capitale historique du Trégor, était le lieu de production du meilleur lin et du meilleur chanvre de Bretagne. En fond de l'estuaire de la Rance, Dinan est une cité textile, dont la production de voiles de navires assura l'essor jusqu'au XIXème siècle. Les demeures des riches marchands, comme les maisons en granit de Locronan et les enclos paroissiaux du Léon, à l'image de celui de Plougastel, témoignent de la prospérité économique issue de l'activité toilière. Sur le point d'être oubliée, cette tradition fait l'objet d'une certaine attention dans les années 60. En continuant de faire fonctionner les métiers à bras des tisserands, on renoue avec les savoir-faire, tout en souhaitant les faire perdurer.
Pauline Jehannin - CERHIO – Université de Rennes 2