Une nouvelle usine Connétable à Douarnenez
Notice
Malgré un contexte économique difficile, la conserverie Connétable s'installe sur un nouveau site à Douarnenez. Cette nouvelle usine permettra de meilleures conditions de travail et une mise aux normes européennes.
Éclairage
Douarnenez garde encore aujourd'hui la réputation d'un grand port sardinier même si, au fil du temps, les pêches autrefois saisonnières se sont diversifiées. Les nouvelles techniques, de nouveaux lieux de capture ont multiplié les ressources mais la flottille du port a réduit aujourd'hui des deux tiers les quantités débarquées au début des années 1980. Au début du XXe siècle, Douarnenez comptait 5 000 pêcheurs ; aujourd'hui, il en reste tout juste 200. Les conserveries tournent encore à plein rendement, mais avec du poisson importé. Leurs marques sont anciennes et mondialement connues : Petit Navire (Paulet), Araok (Gourlaouen) et Connétable (Chancerelle).
L'apogée des conserveries se situe vers 1880. Douarnenez passe alors de 1800 à 7500 habitants et le nombre de pêcheurs augmente fortement pour faire face aux besoins des conserveries. Ce sont les femmes qui travaillent à l'usine et dès douze ans, parfois moins, les filles apprennent à travailler le poisson.
1905 marque l'histoire sociale de Douarnenez. Au mois de juillet, un grand mouvement ébranle la cité sardinière et met en première ligne les femmes et filles d'usine. Payées au mille de sardines travaillées, elle veulent un paiement à l'heure. Elle sont 2000 à se réunir pour adhérer au syndicat qui lutte pour le travail à l'heure et autant à manifester derrière le drapeau rouge. Un vent de révolution souffle sur la cité sardinière, qui compte alors vingt et une usines. L'automne 1924 marque le second mouvement de grève de la cité. Les femmes réclament 1 Franc de l'heure pour les ouvrières et 1,50 F pour les manœuvres, au lieu de 0,80 F et de 1,30 F. La vie politique locale est la logique de cette situation sociale. En 1919, les socialistes accèdent à la mairie et en 1921, un maire communiste est élu, pour la première fois en France.
Toutefois, après la formidable expansion du XIXe siècle, Douarnenez s'engage dans un repli régulier. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le nombre d'usines diminue et neuf d'entre-elles disparaissent dans les années 1950. Les embauches se raréfient, le personnel vieillit. Les innovations techniques modifient également les rythmes de travail. L'usage des chambres froides permet le développement d'importations, offrant aux ouvrières un travail permanent. De la même manière, le temps de travail se banalise, les conserveries s'organisant désormais comme n'importe quelle unité industrielle.
Parallèlement, les créations d'usines à Douarnenez sont exceptionnelles. Les trois survivantes aujourd'hui emploient huit cent salariés à temps plein, et sont fortement disjointes de la production portuaire locale. Wenceslas Chancerelle, seule unité survivante de la kyrielle d'usines qui peuplaient autrefois le vieux Douarnenez, continue sa progression. Elle se maintient sur le marché de la tradition : sardines, thons, maquereaux. Le segment de marché est étroit mais bien tenu par la marque fleuron, le Connétable.
Bibliographie :
- Jean-Michel Le Boulanger, Douarnenez, Histoire d'une ville, Plomelin, éditions Palantines, 2002.