Les Gras de Douarnenez

30 mars 1996
06m 17s
Réf. 00396

Notice

Résumé :

Douarnenez a préservé sa tradition du carnaval. Pendant plusieurs jours la ville vit au rythme de la fête, et lève ses interdits. Les Gras débutent le samedi d'avant Carême, avec la présentation du Den Paolig, le Monsieur carnaval.

Type de média :
Date de diffusion :
30 mars 1996
Source :
FR3 (Collection: Littoral )

Éclairage

Commune finistérienne située au Nord-Ouest de Quimper, Douarnenez est surtout réputée pour son port et pour ses conserveries de sardines dont la première s'installe en 1853. En 1924, la grève des Penn Sardines, ces ouvrières des conserveries qui ont manifesté pendant quarante-huit jours pour l'amélioration de leur condition de travail, constitue d'ailleurs un moment fort dans l'histoire de cette ville.

Mais Douarnenez est aussi réputée pour son carnaval dont la première mention remonte à 1835. Alors que dans la plupart des communes bretonnes cette tradition s'est largement essoufflée, ce reportage de 1996 montre au contraire la vitalité "des gras" dans cette commune. A l'origine, le mardi-gras, qui se fête la veille du mercredi des cendres, symbolise le passage d'une période où l'on mange gras à une période où l'on mange maigre (le Carême). A Douarnenez, cette signification religieuse se double d'une signification plus locale. Pour les Douarnenistes, c'est aussi l'occasion de fêter la fin de l'hiver durant lequel les pêcheurs ont peu travaillé.

Les festivités s'étalent sur cinq jours (du samedi au mercredi). De nombreux temps forts rythment cette période : le grand bal du samedi soir, la noce de gras suivi par le défilé de chars du dimanche après-midi. La fête se termine lorsque le Den-Paolig, ce personnage en papier mâché que l'on voit tout au long du reportage, est brûlé.

Jennifer Gassine

Transcription

(Musique)
Journaliste
De mémoire d'homme, on a toujours connu un carnaval à Douarnenez. L'histoire locale atteste que les Gras existaient déjà en 1835. Mais ici, on est persuadé qu'ils ont toujours existé, tellement la tradition des Gras est enracinée dans la vie de ce port finistérien qui a su préserver le dernier carnaval de l'Ouest.
(Musique)
Journaliste
Symbole de l'unité communautaire des marins, le Den-Paolig, littéralement le pauvre bonhomme, est le roi du carnaval. Fierté du comité des Gras, le Den-Paolig, en ce samedi d'avant Carême qui marque l'ouverture du carnaval, est présenté à son peuple. Chaque année différent, le mannequin représente une personnalité douarneniste connue. Pour ces Gras 96, l'honneur revient à Lucien Poënot qui célèbre, cette fois-ci, son 50ème carnaval consécutif.
Lucien Poënot
Ô joie ! Ô fol espoir ! Ô vieillesse rajeunie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cet après-midi ? Et me suis-je fichu dans tant de déguisements pour me voir, aujourd'hui, tout là-haut, suspendu comme un gland ? Merci à tous, mes chers amis. Et avec vous, je vous le dis, eh bien, les Gras, ce n'est pas fini !
Journaliste
Le Den-Paolig intronisé, le monde va basculer dans la folie de la fête. Finis les interdits. A l'image du maître de cérémonie, la ville va prendre la gîte et chavirer sous les coups de boutoir d'une raison débridée.
(Musique)
Habitant 1
Miroir, ô mon beau miroir... Le nain le plus beau ! Moi, je suis né déguisé, parce que mon père, lui...
Habitant 2
Quand on est déguisé, tout est permis un peu, quoi. On peut faire un peu ce qu'on veut. On ne nous reconnaît pas, on parle un peu à des personnes.
Habitante
Et puis les gens, c'est pareil. Ils communiquent beaucoup plus. Et puis on a l'impression de se connaître depuis très longtemps alors qu'en fait, on se rencontre dans la rue.
Habitante 2
Vous êtes là aussi ?
Habitant 3
Je suis là aussi.
Habitante 2
Si on avait su, on se serait déguisées ! On ne savait même pas que c'était Mardi gras. On est venues juste pour un petit porto sur le port.
(Musique)
Habitant 4
Un professeur de collège, ça fait 7 ans qu'on ne l'a pas vu.
(Bruits)
Habitant 5
Il a gardé son déguisement. Il a gardé son déguisement de prof.
Journaliste
Déguisé, maquillé, il faut s'habituer à son personnage, se glisser à l'intérieur et ne plus le quitter sous aucun prétexte. Il faut l'accompagner jusque dans les improvisations les plus délirantes et le mener jusqu'au bout de la nuit.
Habitant 6
Plus loin qu'ici, il n'y a rien, il n'y a que l'Amérique.
Habitant 7
Et puis les Américains, ce n'est pas grand-chose. Parce que qui c'est, les Américains ? C'est nous qui avons été là-bas. Sans nous, il n'y aurait pas eu d'Américains. C'est vrai, en plus. Sans nains de jardin, il n'y aurait pas eu d'Américains. Les vrais Américains, ce sont des nains de jardin.
(Musique)
Habitant 8
Quand on fait le carnaval, il est hors de question de se balader avec la face de tous les jours, avec des mêmes rapports de tous les jours. On sait ce que c'est la psychologie des rapports de tous les jours. On essaie d'y échapper parce que la lune, souvent, est terrible. Elle nous travaille les entrailles. Et c'est pour ça que nos femmes, d'ailleurs, ne sont pas là. Elles sont parties avec d'autres copines, d'autres groupes, faire la fête dans d'autres bistrots. Chacun, un petit peu, a ses coins. Et on bouge un petit peu. Mais le samedi, c'est l'entraînement. On est samedi, aujourd'hui, c'est le préchauffage.
(Musique)