Restructuration de l'arsenal de Brest

17 mai 1999
02m
Réf. 00310

Notice

Résumé :

L'Arsenal de Brest est touché par le nouveau plan de restructuration des arsenaux de la marine. Il prévoit la suppression de 4500 postes dans les chantiers navals militaires et un changement de statut pour la Direction de la Construction Navale.

Date de diffusion :
17 mai 1999
Source :
FR3 (Collection: JT Rennes soir )
Lieux :

Éclairage

Depuis des siècles, la Bretagne est fortement liée à la production des armes et du matériel destinés à la marine. Brest est d'ailleurs un des trois premiers arsenaux créés en France en 1631 avec Le Havre et Brouage. L'arsenal de Lorient est quant à lui officialisé au XVIIIe siècle, en remplacement de la Compagnie des Indes. Le XIXe s. est le siècle de la modernisation et du développement des arsenaux bretons. En effet, on dote alors Lorient d'installations modernes. Puis Brest, quelques années plus tard, bénéficie à son tour de cette embellie. Cette modernisation permet la construction de navires toujours plus performants, en fer, puis en acier, adaptés aux nouvelles techniques de combat et à de nouvelles stratégies militaires. Brest lance d'ailleurs les unités les plus importantes de la Marine nationale : des croiseurs et des cuirassés jusqu'au porte-avions Charles de Gaulle par exemple. La présence des arsenaux marquent matériellement et économiquement les villes. En effet, les effectifs des ouvriers s'ajoutent aux nombreux officiers, marins et élèves des diverses écoles navales installées à Brest ou Lorient. Toutefois, les arsenaux sont durement touchés dans les années 1990 par la crise qui affecte les industries d'armement. Les plans de licenciements se multiplient et l'économie brestoise est gravement fragilisée. Les tentatives de reconversions sont modestes et variables dans le temps. L'arsenal de Brest, alternant entre la construction de plates-formes pétrolières et la sous-traitance militaire, est victime de sa dépendance à l'égard de la Marine nationale. Le déclin industriel est donc inéluctable. Résolument tournée vers la mer, la ville de Brest se lance dès lors vers les activités tertiaires, notamment celles en relation avec la recherche et la conception dans le domaine maritime.

Bibliographie :

- Claude Geslin, "Arsenaux", Alain Croix et Jean-Yves Veillard (dir.), Dictionnaire du Patrimoine breton, Rennes, Apogée, 2001.

François Lambert

Transcription

Journaliste
Réaction suite au nouveau plan de restructuration des arsenaux de la marine, annoncé la semaine dernière par le ministre de la Défense. Ce plan prévoit la suppression de 4500 postes dans les chantiers navals militaires, et un changement de statut pour la direction des constructions navales. A nouveau, l'arsenal de Brest est touché. On parle de 1700 postes en moins. Ce matin, le personnel a manifesté avant de rencontrer la direction. Le point avec Bruno Gilbert et Christophe Molina.
Bruno Gilbert
Surprise au moment de dévoiler le nouvel organigramme des arsenaux : Brest ne figure pas clairement dans la branche « Constructions neuves ». Construire des navires de surface de gros tonnage comme le Charles de Gaulle est pourtant la spécialité reconnue du site brestois. Oui mais voilà, le plan de charge est tellement mince pour les deux ou trois années à venir, qu'on peut maintenant à peine parler de spécialité.
Louis Petitbois
On reste dans la partie ingénierie, et on continuera à avoir des activités certes limitées de coopération avec Lorient, et nous espérons également avec Cherbourg. Donc nous maintenons, disons, un noyau dur de compétence, c'est évident qu'il ne faudrait pas que ça se prolonge trop longtemps, mais à l'échéance de 2002, normalement, cette compétence devrait permettre de réactiver cette activité.
Bruno Gilbert
2002 correspond à de nouvelles commandes espérées. Mais avant, il y aura au moins deux années difficiles. La direction brestoise se refuse à avancer le moindre chiffre de suppression d'emplois, tout en s'avouant préoccupée par la situation de la sous-traitance. Les syndicats, eux, avaient appelé à une nouvelle mobilisation.
Jean-Jacques Manach
L'avenir à long terme de Brest, si on le traduit par les annonces du ministre. C'est 3000 personnes, 3000 personnes à la DCN et une sous-traitance réduite à néant.
Stéphane Creach
On ne peut pas faire croire aux gens que qui ne construit pas, aujourd'hui, un bateau, le réparera demain. Donc bien plus loin, ça a des conséquences dramatiques pour Brest mais pour tous les arsenaux. Et je pense, d'ailleurs, qu'on n'a pas à jouer un site contre l'autre.
Bruno Gilbert
En perdant sa vocation de construire des navires, Brest deviendra, selon certains, un garage à bateaux. Quant à la diversification, elle est à peine évoquée dans ces mesures, preuve qu'il reste en la matière du chemin à parcourir.