Glenmor à Glomel
Notice
Dans sa maison de Glomel dans les Côtes du Nord, Glenmor travaille sur ses projets musicaux. Il évoque ses origines et revient sur ses débuts. Il a débuté en 1959 en chantant dans les bistros. Son rêve était de devenir le barde de la Bretagne.
Éclairage
Glenmor, de son vrai nom Emile Le Scanff, est né le 25 juin 1931 à Maël-Carhaix. Il fait son petit séminaire à Quintin puis part à Rennes chez les Pères Blancs pour poursuivre des études de philosophie. De son passage chez les religieux, il garde toute sa vie un profond anticléricalisme. Pourtant il ne cessera toute sa vie d'être croyant. En 1952, sa licence en poche, il part avec sa guitare sur les routes d'Europe. Il choisit l'errance et le vagabondage comme geste poétique à la manière d'un Arthur Rimbaud. En 1955, il attrape la tuberculose en Russie et il est ainsi contraint de mettre un terme à son voyage.
Après un séjour dans un sanatorium, il décide de poser bagages à Paris dans le quartier breton de la capitale, Montparnasse. Il s'essaye à de multiples travaux. Surtout, il côtoie les militants bretonnants et affirme de plus en plus ses convictions politiques. Les soirées dans les cafés de Montparnasse sont poétiques et politiques. C'est à la fin des années cinquante que démarre la carrière de Glenmor, jusque là connu sous le surnom de Milig. Son nom de scène réunit la Bretagne, c'est la rencontre de la terre (glen) et de la mer (mor). Il compose des chansons sur la vie, l'amour, la mort. Mais déjà, plus qu'un simple chanteur interprète, il aime à se définir comme barde. Son appartenance à la culture celte est à l'origine même de sa prise de parole publique. Il est un militant culturel et politique qui s'exprime par la poésie, dans la pure tradition celtique. En 1961, il quitte Paris pour Bruxelles où il poursuit son chemin de barde. Il rencontre Jacques Brel avec qui il se prend d'amitié. Ce dernier lui écrira même une chanson (Le Moribond) pour le départ de Glenmor de Belgique. A son retour en Bretagne, il devient l'icône d'une Bretagne libre et indépendante. Il chante l'anarchisme et l'amour, mélangeant dans son répertoire les ballades et les chansons à texte revendicatrices. Avec Xavier Grall, écrivain breton lui aussi engagé, il lance un journal, La Nation bretonne. Les deux hommes se lient d'amitié et entretiennent une correspondance assidue. En 1972 Xavier Grall consacre un livre à son ami, sobrement intitulé Glenmor. On y retrouve le parcours de Milig mais surtout une ode à l'amitié et à la culture bretonne. Glenmor a joué le rôle d'éveilleur de conscience politique pour les jeunes bretons des années 1970. Il conçoit le chant comme la mémoire de la Bretagne et se considère comme un passeur des traditions orales. En 1990, malade, il met fin à sa carrière à l'occasion de la fête internationale de la langue bretonne de Carhaix. Il se consacre à l'écriture. Retiré à Quimperlé, il meurt le 18 juin 1996.