Les Transmusicales de Rennes
Notice
A l'occasion de l'ouverture des quatrième Transmusicales de Rennes, des acteurs de la scène rock rennaise reviennent sur ce phénomène.
Éclairage
Dans les années 1980, Rennes a acquis la réputation, parfois sulfureuse, de la ville du rock. Bientôt rejoint par Nantes et Brest, Rennes est un véritable foyer de groupe de rock dès la fin des années 1970. Il faut dire que sa situation géographique n'y est pas pour rien. Proche des Iles Britanniques, la capitale bretonne a su être attentive et réceptive aux différentes inaluences du monde musical anglo-saxon.
Pour Ronan Gorgiard, l'inaluence musicale des premiers groupes rennais est claire. Dans son ouvrage sur la scène musicale bretonne, il avance comme modèle pour les jeunes musiciens rien de moins que le Velvet Underground, la new wave de Joy Division et une certaine fascination pour la culture expressionniste allemande. La scène punk n'est pas très loin non plus. Le premier groupe qui constitue la mythologie du rock rennais est aussi celui que la postérité à le mieux retenu. En 1977 Franck Darcel et Christian Dargelos fondent l'emblématique Marquis de Sade. Ils sont rejoints quelques temps plus tard par le charismatique Philippe Pascal qui devient le chanteur du groupe. Ce groupe mystérieux, aux chants sulfureux, acquiert une reconnaissance nationale. Autour d'eux, gravitent plusieurs groupes de moindre importance, mais qui vont pourtant faire la réputation de la scène musicale rennaise et par delà celle d'une ville rock. Ronan Gorgiard évoque même la notion de "label rennais" en signe de reconnaissance de l'effervescence musicale de la capitale bretonne. C'est finalement les médias qui amplifient le phénomène en interrogeant la multiplicité des formations musicales et les modes de vie qu'ils génèrent ou qu'ils représentent. Lieux de concert, bars, boites de nuit, on peut dire que le rock investit tous les espaces sociaux. Outre la télévision régionale et nationale, la presse suit aussi le phénomène. Le magazine underground Actuel de Jean-François Bizot consacre plusieurs articles au sujet. C'est à cette période que trois membres de l'association Terrapin, qui diffuse des concerts dans la ville, lancent les Transmusicales. Béatrice Macé, Hervé Bordier et Jean-Louis Brossard n'ont alors qu'en tête de sauver leur association en proposant sur une journée des concerts de soutien. L'opération a tellement de succès qu'elle est reconduite et prend peu à peu la forme d'un festival institué. Il faut dire que cette scène rock existe, se déploie et fonctionne grâce à un réseau associatif performant.
Au début des années 1980 Etienne Daho se lance et se produit sur la scène des Transmusicales. Il y reviendra plusieurs fois. Marquis de Sade se dissout en 1981, mais les membres restent actifs tant sur scène que sur le terrain de la production. Christian Dargelos crée par exemple le groupe Les Nus. Philippe Pascal continue de se forger un petit succès national en créant le groupe Marc Seberg. Quelques années plus tard, le groupe Niagara séduit la France avec ses chansons acidulées pop rock.
Toute cette activité participe à construite l'image d'une ville festive. Aujourd'hui encore, Rennes voit naître des formations rock non négligeables, comme Montgomery, Santa Cruz ou encore Laetitia Shérif.
Bibliographie :
Ronan Gorgiard, L'étonnante scène musicale bretonne, Quimper, Palantines, 2008.