L'usine de confection Transocéan à Brest
Notice
L'usine Transocéan s'est implantée dans la zone de Kergonan à Brest. Spécialiste du tricot en courtel, cette usine a un fort besoin en main d'œuvre féminine.
Éclairage
Brest, chef-lieu du département du Finistère, est un important port situé à l'extrémité ouest de la Bretagne. Depuis 1631 - date à laquelle Richelieu crée le port et les arsenaux sur les rives de la rivière Penfeld - la ville s'est orientée vers les activités militaires et commerciales. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, alors que la ville a été en partie détruite par les bombardements, elle puise sa prospérité dans les activités liées à la reconstruction et dans l'industrie d'armement déjà bien implantée. La guerre d'Algérie et le lancement de la force nucléaire stratégique à l'Ile longue soutiennent l'activité économique de la ville bretonne dans ce domaine. Brest tire également profit de son port pour développer ses activités commerciales en devenant un port d'éclatement charbonnier puis un port d'échanges de produits agroalimentaires.
Mais pour asseoir son expansion économique, Brest bénéficie surtout des politiques de décentralisation industrielle mises en œuvre par le gouvernement, de son classement en zone critique en 1956, et de la politique de son maire Georges Lombard, à la tête de la municipalité de 1959 à 1973, et membre particulièrement actif du CELIB (Centre d'étude et de liaisons des intérêts bretons). Celui-ci est à l'origine de la création en 1969 de l'université de Bretagne occidentale. En 1971, date à laquelle elle acquiert son autonomie par rapport à Rennes, elle compte près de 6000 étudiants.
Au niveau économique, de nombreuses industries vont s'implanter dans cette ville. Deux secteurs sont particulièrement dynamiques : l'électronique (implantation par exemple de la société ERICSSON en 1970) et la confection de vêtements. Entre 1961 et 1963, trois industries parisiennes - dont TRANSOCEAN dont il est question dans ce reportage - s'établissent à Brest. En quatre mois, une usine de 6 500 m2 sort de terre. Près de 500 employés - en grande majorité des femmes - s'affairent devant les machines à coudre pour faire sortir de l'usine entre 600 000 et 800 000 pièces de vêtements par an. Pour répondre aux besoins de main d'œuvre engendrés par l'arrivée de cette usine et pour satisfaire les dirigeants qui évoquent quant à eux des problèmes de formation de la main d'œuvre féminine, les pouvoirs locaux ont créé des centres de formation professionnelle. Mais ces besoins ont été largement surestimés. L'usine n'a jamais employé plus de 500 personnes alors qu'à l'origine TRANSOCEAN prévoyait d'embaucher près de 1000 personnes. En 1976 l'usine ferme ses portes, témoignant des limites de la décentralisation industrielle. A partir des années 1980, Brest s'est engagée sur la voie d'une reconversion et un redéploiement de ses activités économiques vers les services, la recherche et les nouvelles technologies.
Bibliographie :
Michel Philipponneau, Le modèle industriel breton. 1950-2000, Rennes, PUR, 1993.