Robe blanche et cravate rouge
Notice
Extrait du film de Victoria Llanso et Jean Barral. La communion solennelle d'une jeune fille est l'occasion de partager la vie quotidienne d'une famille ouvrière du Sud-Finistère, entre les communes de Trégunc et Concarneau.
Éclairage
Ce superbe film, diffusé en 1975 et réalisé par Jean Barral, est très représentatif d'une époque tant par sa forme que par son contenu. Il est aussi représentatif de la volonté d'ouverture de la télévision de l'époque qui a produit ce documentaire atypique (même s'il est probable que ce film est resté quelque temps dans les tiroirs avant diffusion).
Sa forme est originale et témoigne des nouvelles recherches documentaires de l'époque. En effet, le film est dans le film... des caméramen et des caméras font régulièrement irruption dans les scènes. Une arrogante journaliste parisienne bombarde de remarques plus ou moins élégantes les personnages. Doit-on y voir de l'ironie face aux nombreuses enquêtes sociologiques commanditées à Paris qui ont été menées en Bretagne dans les années 60-70, comme celle de Plozevet par exemple ?
Mais ce n'est pas tout car si la caméra semble parfois intrusive, elle n'est pas voyeuse. Il s'agit avant tout d'un essai de caméra participante comme la concevait Jean Rouch. L'interaction entre filmeur et filmé est forte et emplie d'empathie, née certainement d'une longue relation.
Aussi partageons nous le quotidien et les réflexions d'une famille ouvrière de Trégunc près de Concarneau, au moment où la Bretagne connaît une vraie mutation économique et culturelle. L'extrait choisi concerne le travail : le père est tôlier-soudeur dans un chantier naval en difficulté. Le conflit d'intérêt entre patron et ouvriers, la conviction syndicale ouvrière, mais aussi la fierté de travailler sur les chantiers navals sont clairement exprimés dans le film. Par son intérêt pour le vécu du monde ouvrier breton - dans ses aspects économiques et culturels - qui a été beaucoup plus rarement observé que celui du monde rural, ce documentaire reste exceptionnel.
Rappelons que si les années 70 furent en effet difficiles pour les chantiers navals bretons, c'est à Concarneau que se situe le chantier Piriou, deuxième chantier naval privé de France.