Maria Louyer

Maria Louyer

Voilà encore l’engin de torture ! Non mais on peut en parler le soir au coin du feu. Donc, ben il y a, mais on doit faire 10 ans hein ! Celui-là, on dirait pas un bois flotté mais ce sont de très belles gravures de Bernard. Peut-être que Claude les connaît pas du tout. Vous voulez voir ça ou ailleurs peut-être ? Ça, c’est, c’est le, le livre que j’ai fait avec Bernard Louedin. Les arbres, vous voyez ? "Chacun d’eux se targue de ta beauté, l’arbre dont tu fus [inaudible], et l’océan râpant et polissant tes formes. A toi le seul mérite, docile à la vague". C’est le, le bois flotté sur la grève, pris d’un [inaudible].

Marie-Paule Vettes

Avec Claude Mettra, Marie-Paule Vettes, promenade en pays gallo. On est dans votre bureau-là, Maria et sur le mur en face, une photo de famille.

Maria Louyer

Ah oui, c’est mes 5 enfants et mon mari. C’est une photo qui a été prise en 63. Le petit a 8 mois, 10 mois, l’aîné a 8 ans. C’était l’année que mon mari est décédé. C’était un montage de photos d’identité qui a été fait à l’époque, en souvenir de… Pour garder un souvenir du, des temps où nous étions tous ensemble.

Marie-Paule Vettes

La matinée de Maria Louyer,

Maria Louyer

J’ai beaucoup de souvenirs, je mets rarement de livre dans la salle commune mais j’aime bien, c’est un peu mon antre ! Je me ramasse là, pour le moment je classe surtout, plus que je n’écris, et puis bon ! J’essaie de… Parce qu’on en ramasse hein, dans une vie de, de 30 ans comme ça. Puis, on n’a pas le temps de les, on met dans des boites où, puis après bon ! On remet à jour tout ça, on fait des classeurs, hein, où il y a un petit peu de tout.

Claude Mettra

T’as un gros classeur là, qui est marqué astronomie !

Maria Louyer

Oui ?

Claude Mettra

Alors, qu’est-ce que tu fais avec le ciel ?

Maria Louyer

Ben, je regarde les étoiles ! J’aime bien Arcturus, ou enfin, il y a certaines étoiles que je reconnais. Euh, c’est vrai que en ce moment, ma cour est moins large que celle d’avant, et je, j’en vois moins à la fois. Je suis obligée d’aller dans le bas de la cour pour les voir plus mais à la ferme, là-bas, je, la cour était grande, les arbres ne cachaient pas. Et donc, j’aimais bien, je sortais le soir avec, quelquefois avec des amis, on sortait voir si Cassiopée ou, enfin ! Maintenant je, c’est vrai que je suis un peu infidèle ! J’avais dit ça un jour à quelqu’un qui l’avait répété, on a supprimé la télévision pour être plus fidèles aux étoiles.

Claude Mettra

Est-ce que tu es née sous une bonne étoile ?

Maria Louyer

Ah ! Mais je suis née en décembre, alors je pense que… Oui ! Je ne sais pas si c’est une bonne enfin ! Je ne fais pas trop, c’est astronomie hein ! Vous voulez me faire parler d’astrologie ? Oui. J’aime bien parce que tout ce qui est, c’est comme les plantes hein ! Les étoiles, elles sont à la, peu à portée de la main mais à portée de l’œil ! Et puis, bon ben ! Il y a pas que de la poésie hein, il y a de la botanique, il y a de la, il y a même de la couture ! Et puis, il y a un petit peu de tout !

Claude Mettra

Alors, il y a un dossier généalogie, est-ce que tu descends d’un vieux barde ?

Maria Louyer

Euh, non mais d’un vieux corsaire ! Enfin d’un côté parce qu’il y a quand même, on a tout de suite deux grand-mères, quatre arrière-grand-mères, ça, c’est très varié hein ! Oui, il y a de tout, il y a… Ça, c’est plutôt le côté corsaire là, il y a des, beaucoup de matelots et ouais ! Donc, il y a, c’était le commandant de l’Eugène-Schneider, Capitaine Le Meilleur, c’était en 1911. C’était des ancêtres, enfin il donne plein de nouvelles et j’en ai beaucoup d’Australie parce qu’il portait du blé et puis d’Australie, il allait vers le Chili, il ramenait de, des engrais, enfin il faisait le tour du monde comme on va au marché à Saint-Malo ! Enfin, c’était… Mais alors, les pauvres femmes hein, mes tantes, mes grands-mères, toutes ! Ils étaient 18 mois sans se voir, au moins ! C’était une drôle de vie ! Et puis les autres qui allaient à la morue à Terre-Neuve. C’est-à-dire que par famille, il y en avait qu’un à prendre la ferme et tous les autres allaient marins. Donc, c’était très mélangé dans le pays hein, c’était… Et puis, on vivait, au fond j’étais, on est paysans de rivage quoi ! C’est pas tout à fait pareil. Au lieu d’être paysans d’une plaine ou de vallée, enfin, encaissée, c’est toujours sur la rive quoi ! Donc, on va dans le champs le matin, la mer est haute, on va l’après-midi, elle est basse ou vice-versa puisque en Bretagne, ça monte et ça descend tout le temps. Les marées sont grandes. Si on est en mortes eaux, c’est un peu moins mais… Donc, c’est des choses, on vit avec !

Maria Louyer

Oui, alors Saint-Malo, c’est là, vous voyez ? Alors, nous sommes ici, au point de [inaudible] là. Alors si on est, alors ça c’est La Rance, elle est rivière jusqu’à Dinan. Puis après, elle est canalisée jusque là. Et à partir de là, la mer rentre, d’ailleurs le barrage de La Rance se trouve ici, par-là oui, juste en dessous de la Briantais, là. Donc, il y a le barrage de La Rance mais La Rance rentre dans toute cette, 2 fois par 24 heures ! Et alors, avant donc, la mer était beaucoup plus houleuse dans toute, c’était il y a, c’était la lune qui la commandait, la marée. Donc, vous voyez que la commune où je suis née, ici, est une vraie presqu’île !

Marie-Paule Vettes

Comment ça s’appelle ?

Maria Louyer

Saint-Suliac.