Louis Guilloux

18 janvier 1979
02m 15s
Réf. 00351

Notice

Résumé :

L'écrivain briochin Louis Guilloux évoque son travail et notamment deux de ses livres, Le Sang noir et La Maison du peuple. Il revient également sur sa relation à la Bretagne et à sa langue, le français.

Type de média :
Date de diffusion :
18 janvier 1979
Source :
FR3 (Collection: Terroir 22 )
Personnalité(s) :

Éclairage

C'est dans l'intimité de son bureau, dans sa demeure située 13 rue Lavoisier à Saint Brieuc, que Louis Guilloux a accepté de répondre à quelques questions sur son œuvre et sur sa manière de concevoir son identité bretonne. Quand on lui demande si le fait de réduire son œuvre au célèbre Sang noir paru en 1935 le gêne, il répond avec humilité que les livres n'appartiennent plus aux écrivains dès qu'ils sont publiés alors qu'ils restent un secret pour l'auteur au moment de leur création. Il insiste cependant sur un autre livre essentiel à ses yeux : La Maison du peuple, publié en 1927. C'est un ouvrage capital pour comprendre ses valeurs morales et ses racines sociales. Pour répondre à la question : "Comment êtes vous Breton aujourd'hui ?", il commence par évoquer les autonomistes qu'il exécrait pendant l'Occupation. Il reste cependant très pudique sur leurs comportements, se contentant d'une formule laconique : "C'était pas bien". Il refuse donc encore, au moment où il parle, cette forme d'engagement pour défendre son identité. "Ma Bretagne me suffit" dit-il. Il avoue ne pas avoir appris la langue bretonne au berceau mais précise qu'il a toujours été un fervent défenseur de celle-ci.

Ce bref entretien nous permet de découvrir un peu l'écrivain breton. Pour mieux le connaître ainsi que son œuvre, il faut absolument faire, à Saint Brieuc, le parcours littéraire Louis Guilloux qui commence par une visite guidée proposée par l'office du tourisme de la ville. Cette visite permet de découvrir les lieux où il est né en 1899 et qui ont ensuite marqué son enfance, son adolescence et aussi sa vie d'homme puisqu'il avait acheté la maison de la rue Lavoisier. C'est là qu'il a vécu entre ses séjours à Paris, là aussi qu'il a écrit une part importante de ses œuvres, là enfin qu'il est mort en 1980. Seul est resté dans l'état son bureau que l'on peut voir dans ce petit film et où l'on peut se recueillir à la fin du parcours pour mieux s'imprégner de sa personnalité. Le reste de la maison est devenu un lieu de résidence pour les écrivains.

Marie-Cécile Urvoy

Transcription

Interviewer
J'ai le sentiment que dans le public, quand on pense à l'oeuvre de Louis Guilloux, on a une tendance à penser d'abord au Sang noir, est-ce que cette réduction ne vous gêne pas un peu ?
Louis Guilloux
Oui, enfin, gêné... Vous savez, quand on publie des livres, on n'a plus de maîtrise, de possession des livres. Ils sont d'abord détruits dans l'âme de celui qui les a élaborés. Ceci dit, tant que l'oeuvre est en train, elle reste un secret pour l'auteur et le destin d'un livre, il est ce qu'il est. Je tiendrai aussi à ce qu'on mentionne La Maison du peuple par exemple, ce sont mes deux livres, j'en ai fait plus que ça, mais, La Maison du peuple, j'y tiens et Le Sang noir, j'y tiens. Bon, alors, c'est tout ce que j'ai à dire.
(Silence)
Interviewer
Comment êtes-vous breton aujourd'hui ?
Louis Guilloux
Oh, vous voulez dire, suis-je autonomiste ?
Interviewer
Par exemple.
Louis Guilloux
Non ! Pour la raison que je les ai assez vus pendant l'occupation. Oui. Et je ne les aimais pas. J'en ai connu quelques-uns. Ce n'était pas bien, je ne pense pas que, oh je pense, si, on voit les exemples que cela a duré et dure encore, là je ne peux pas consentir à cela. Par ailleurs, ma Bretagne me suffit, ma Bretagne, et ma langue française, je n'ai pas parlé la langue bretonne au berceau, par conséquent, de ce point de vue, je me sépare, les bretonneries, tout en étant grand défenseur de la langue que j'ignore.