Témoignage d'une ouvrière travaillant dans une conserverie de poissons 1/2
Notice
Gabrielle travaille dans une conserverie de poissons : des sardines et des maquereaux. Elle évoque l'origine du poisson, son travail et les différentes étapes de la chaîne.
Éclairage
Ce reportage laisse la parole à des ouvrières de l'agro-alimentaire. Leurs propos sont libres et suffisamment précis pour nous en apprendre beaucoup sur le métier et sur le ressenti des femmes qui travaillent « à la chaîne ». Elles décrivent avec minutie et technicité leur travail mais elles disent surtout leur lassitude face aux gestes répétitifs et au bruit permanent.
Les interviews ont été faits dans des conserveries de poisson. Plus de 170 conserveries de tous types, qui employaient plus de 15 000 personnes étaient implantées en Bretagne en 1960.
Les conserveries de poisson nombreuses sur la côte sud traitaient selon les lieux des poissons pêchés par les navires locaux : la sardine, le maquereau, le sprat, la coquille st-Jacques et le thon ; cette variété permettait d'assurer l'activité sur l'ensemble de l'année. Le personnel était essentiellement féminin, les hommes assurant surtout la manutention et le règlage des machines.
Les premières usines apparurent au milieu du XIXe (Chancerelle en 1953 à Douarnenez). Nombreuses au début du XXe siècle (près de 150 sur la côte sud), elles ont connu des périodes de prospérité et de déclin, liées le plus souvent à l'approvisionnement de la pêche et à la concurrence. Leur implantation a profondément modifié l'économie et la sociologie des côtes. Les ouvrières ont rapidement pris leur place grâce à des actions collectives : en 1905, en pleine crise de la sardine, les ouvrières de Douarnenez réclament d'être payées à l'heure. En 1924, elles lancent un autre mouvement, faisant de leur coiffure (les penn sardines) le symbole des luttes sociales féminines. L'une d'entre elles sera une des premières françaises élues dans un conseil Municipal.
Mais ce reportage ne témoigne pas de ce dynamisme économique et social. Florissantes jusqu'à la fin des années 50, de nombreuses conserveries ont fermé dans les années 80 (25 conserveries en 2008 qui emploient 3800 personnes) ; celles qui ont pu résister à la concurrence et aux difficultés d'approvisionnement ont adopté des organisations du travail qui laissent moins de place au collectif.
Martine Cocaud – CERHIO – UHB Rennes 2
Bibliographie
Marie Rouzeau, Conserveries en Bretagne, l'or bleu du littoral, Coop-Breizh.
Marcel Gautier, « L'industrie des conserves en Bretagne méridionale », Norois, 1960°, n°27.