Allocution du général de Gaulle à Quimper
Notice
Le général de Gaulle prononce à Quimper un discours resté célèbre, dans lequel il évoque la régionalisation. Il annonce le référendum pour la réforme du Sénat et achève son discours en chantant la Marseillaise, accompagné par la foule.
Éclairage
Au début des années 1960, le Général de Gaulle émet le souhait de voir le président de la République élu au suffrage universel. Il désire assurer à son éventuel successeur la légitimité et l'accord étroit avec le peuple dont lui-même bénéficie. Pour faire passer cette idée, il multiplie les allocutions télévisés et les voyages en France. Le 28 octobre 1962, la nouvelle Constitution est acceptée : le président sera désormais élu au suffrage universel direct par tous les Français et les Françaises en âge de voter.
Réélu en 1962 pour sept ans à ce poste, le Général de Gaulle est à la tête de l'Etat lorsque éclatent les évènements de 1968. Les grèves ouvrières succèdent aux manifestations d'étudiants et, rapidement, la France est paralysée et le pouvoir du général ébranlé. A cet instant, tandis que Pompidou fait de larges concessions aux syndicats, il propose un référendum qui n'intéresse personne. Après une période de tergiversations et alors que se déroule une grande manifestation aux Champs-Élysées, il annonce à la radio la dissolution de l'Assemblée nationale. Tous ces évènements persuadent de Gaulle de ce que les Français aspirent à être à plus étroitement associés aux décisions. En fait, le chef de l'Etat est ébranlé personnellement par mai 68. La victoire gaulliste aux élections législatives de juin, suite à la dissolution, apparaît plutôt comme un sursis.
Conscient de la fragilité du résultat électoral de juin 1968 et soucieux de reprendre l'initiative, le président propose à nouveau au pays, en février 1969, un référendum. Ce dernier propose une modification du Sénat qui s'ouvrirait aux représentants des milieux économiques et sociaux et une régionalisation. Une raison plus profonde explique aussi cette initiative : les conceptions politiques du chef de l'Etat le poussent à s'assurer directement auprès des électeurs de la légitimité de son pouvoir. Il n'est alors pas surprenant de voir le Général de Gaulle commencer sa "campagne", en Bretagne où les sentiments régionalistes et gaullistes sont profonds. A Quimper, les applaudissements et l'allégresse générale en témoignent. Cependant, ni cette ambiance, ni la reprise en chœur de la Marseillaise ne sauraient annoncer le résultat du 27 avril 1969 qui est sans appel : 52 % des Français votent "non". Ce scrutin est celui de trop.
Le général s'est trouvé confronté à de multiples oppositions. Non seulement la gauche et le centre s'étaient déclarés hostiles au projet et avaient appelé à voter "non", mais, au sein même de la majorité, Valéry Giscard d'Estaing avait également préconisé le "non". L'avant-veille du scrutin, de Gaulle avait déclaré à la télévision : "Si je suis désavoué par une majorité d'entre vous, je cesserai aussitôt d'exercer mes fonctions". Le 28 avril, le général de Gaulle démissionne.