Longueau et Amiens : arrêt de travail dans les services publics
Notice
Alors que la grève touche aussi la station régionale, Guy Jolivet présente le journal. Il énumère les différents arrêts de travail dans les services publics en Picardie. Yves Henry fait le point sur les problèmes à EDF et à la SNCF, sur des images de la gare de triage de Longueau où le personnel est en grève à 100%. A Amiens nord, la gare d'Amiens est fermée et le trafic est complétement à l'arrêt. Enfin, aux PTT, les bureaux sont fermés.
Éclairage
La vague de grèves qui s'enclenche dans toute la France à partir du 14 mai touche également les services publics. Les cheminots de l'important centre ferroviaire d'Amiens-Longueau, bastion de la CGT, votent la grève illimitée le 16 mai. Le 18, l'ensemble des services est en grève et les aiguillages sont occupés. La paralysie s'installe dans l'ensemble des transports. Après les cheminots de Longueau – les premiers à se mettre en grève, le mouvement fait tache d'huile : l'Hôpital, EDF-GDF, les PTT et l'Education nationale entrent dans le mouvement. On compte 70% de grévistes à la SNCF et aux PTT. La télévision se met aussi en grève. Le pays est à l'arrêt. Alors que l'approvisionnement devient difficile, des sommes massives d'argent sont retirées des banques. Le 25 mai, débutent les négociations dites de Grenelle. Le lendemain, le mouvement est à son apogée : à Amiens, une manifestation réunit 5 000 personnes d'après la police, 10 000 selon les syndicats. Quelques jours plus tôt, l'UD-CGT de la Somme estimait le nombre de grévistes à 100 000 dans le département. Le mouvement de grève prend fin début juin. Les entreprises reprennent lentement leurs activités. L'Éducation nationale vote le retour au travail le 7 juin mais la Cité scolaire d'Amiens résiste jusqu'au 12.
Fin mai, la crise est aussi devenue politique. Le pays a l'impression qu'il n'est plus dirigé. "Il n'y a plus d'Etat" déclare François Mitterrand lors d'une conférence de presse le 28 mai. Candidat unique de la gauche lors de la première élection présidentielle au suffrage universel de 1965 et leader de la Fédération de la gauche démocrate socialiste (FGDS), qui rassemble les formations de la gauche non communiste, François Mitterrand constate la vacance du pouvoir et se déclare candidat à la présidence de la République. Le 30 mai, de Gaulle réapparaît après une visite éclair à Baden-Baden, où il rencontre le général Massu : il annonce qu'il ne se retirera pas et dissout l'Assemblée. À l'issue des élections législatives des 23 et 30 juin, un raz-de-marée gaulliste déferle sur la Picardie comme ailleurs en France. Au premier tour, les candidats gaullistes obtiennent 45,2% des suffrages exprimés en Picardie – soit un point en dessous de la moyenne nationale, mais 50,3% des voix dans le département de l'Oise. L'UDR, qui a enlevé 293 des 485 sièges de l'Assemblée, en rafle 10 sur 15 en Picardie, dont 4 dans l'Oise (Marcel Dassault, Edmond Nessler, René Quentier et François Bénard), le dernier siège revenant à Robert Hersant. Guy Sabatier, Edmond Bricout et Albert Catalifaud sont élus dans l'Aisne. Dans la Somme, l'UDR a également trois élus (Jean-Louis Massoubre, Charles Bignon et Emile Luciani), Fred Moore – député de 1958 à 1962 – ne réussit pas à battre René Lamps à Amiens tandis que l'indéboulonnable Max Lejeune était réélu à Abbeville.