Les aménagements du parc d'Ermenonville

29 septembre 2005
02m 49s
Réf. 00530

Notice

Résumé :

Découverte du parc Jean-Jacques Rousseau à Ermenonville, un parc dédié au philosophe et conçu par le Marquis de Girardin son propriétaire au XVIIIe siècle. Olivier Topart et Sébastien Porquier, jardiniers au conseil général de l'Oise, tentent de préserver l'esprit de ce lieu dédié à la nature et proche des idées développées par Rousseau comme le souligne Jean-Claude Curtil président de l'Office de tourisme.

Type de média :
Date de diffusion :
29 septembre 2005
Source :

Éclairage

Acquis au milieu des années 1980 par le conseil général de l'Oise, le parc Jean-Jacques Rousseau d'Ermenonville accueille annuellement environ 20 000 visiteurs. Ils peuvent, guidés par le tour du Grand Lac, suivre le parcours initiatique qui accompagne la conception d'ensemble de cette partie du parc. Ils le verront alors d'en haut, au temple de la philosophie, où ils pourront espérer comprendre la "cause des choses" et, selon le poète latin Virgile, en tirer quelque bonheur. Inspirée par Jean-Jacques Rousseau le jardin est construit par le Marquis de Girardin au terme d'un véritable chantier de travaux publics qui, achevé en 1776, venait de durer 10 ans. C'est ici que Rousseau devait mourir, en 1778. Il y reposa, dans l'île des peupliers, avant les honneurs du Panthéon.

Pas toujours très bien entretenu, le parc fait aujourd'hui l'objet d'une attention et d'une réflexion particulières. L'intérêt de ce document du 29 septembre 2005 n'est pas seulement d'insister sur le fait que la nature est d'autant plus naturelle qu'elle semble mieux travaillée, mais de valoriser les efforts fait pour restituer l'idée que Girardin s'en faisait : "c'est en Poète et en Peintre qu'il faut composer des paysages, afin d'intéresser tout à la fois l'œil et l'esprit." écrivait-il dans l'ouvrage qui accompagna son œuvre. Que reste-t-il donc d'un des premiers jardins à l'anglaise, comprenons aussi romantiques, du continent ? La végétation a bien poussé quand l'érosion a aussi fait son œuvre. Les différents usages du lieu et ses découpages successifs auront, eux aussi, bien participé à en transformer l'allure, si ce n'est le sens.

Tout l'intérêt du reportage, si ce n'est de la visite, est donc bien là. Il montre, tout à la fois, ce qu'il est possible de retrouver du passé et de l'intention du concepteur et ce qui en est définitivement évaporé. Dans cette dialectique, parfois complémentaire, parfois contradictoire, de l'historien, soucieux de retrouver, et du jardinier, soucieux de reconstituer, le promeneur ressentira l'esprit révolutionnaire du XVIIIe siècle, sans nécessairement en palper le souffle. C'est que le souci du XXIe siècle est inséparable de l'idée que ce siècle se fait du XVIIIe, mais aussi des techniques et des connaissances agronomiques qui pourront, désormais, être utilisées. De fait, seule, la confrontation des deux époques répond d'aujourd'hui du jardin.

Du reste, le parc fait désormais partie d'un ensemble d'équipements plus vaste qui, ceinturant les forêts du sud de l'Oise, offre des terrains de récréations de fins de semaine aux urbains de l'agglomération parisienne et une qualité d'espace au quotidien pour les résidents. L'abbaye de Chaalis, dans le même esprit, ou le Parc Jean-Richard, peut-être pour une autre clientèle, enrichissent un panorama local déjà bien enveloppé dans la très belle forêt d'Ermenonville. A quelques kilomètres, celle de Chantilly et son prestigieux château semble structurer le tout. De ce point de vue, le parc Jean-Jacques Rousseau fait aussi partie d'un dispositif qui sert admirablement l'image d'un département picard autant que soucieux de son image et de singularité. La nature et l'histoire sont aussi encore et toujours des enjeux, contemporains...

Olivier Lazzarotti

Transcription

Sylvain Rouil
Vous allez découvrir ce soir l’un des plus beaux parcs de Picardie, celui dédié à Jean-Jacques Rousseau. Un havre de verdure situé à Ermenonville, au sud de l’Oise, et dont l’esprit reste fidèle à l’auteur de la Nouvelle Eloïse et du Contrat social . Zora Hamdane et Stéphane Méril.
Zora Hamdam
Arpenter ce parc du XVIIIe siècle, c’est le travail quotidien de ces jardiniers. L’un et l’autre exercent ici depuis presque 5 ans. Chaque jour et toute l’année, ils veillent à entretenir et soigner arbres, plantes et cascades étalés sur 60 hectares de la partie sud du parc d’Ermenonville. Conçu par le marquis de Girardin en 1763, aujourd'hui, avec respect, ils prolongent son oeuvre.
Olivier Topart
Dans sa création, a voulu, si vous voulez, mettre beaucoup d’arbres en valeur, beaucoup de volume en valeur. Et c’est masses-là, végétales, à recréer qui sont très difficiles. Parce qu’avec le temps, tout a évolué. La nature évolue. L’homme évolue. Donc recréer un peu tout ça, ce n’est pas évident aujourd'hui, 200 ans après.
Zora Hamdam
René Louis de Girardin, propriétaire des lieux, a lu le best seller du XVIIe siècle. La Nouvelle Eloïse de Jean-Jacques rousseau. Le marquis s’inspire du jardin imaginé par l’écrivain dans son livre. Il souhaite transformer ce qui était marécage sinistre et repoussant en jardin à l’anglaise. Il souhaite, au détail près, la création d’un espace proche de la nature tel que Rousseau en rêve, contraire aux jardins à la française, trop rectilignes selon lui.
Sébastien Porquier
J’ai un rôle à jouer dans la continuité de la vie du parc, quoi. Moi, aujourd'hui, je veux apporter aussi un petit arbre qui deviendra grand pour les générations futures.
Olivier Topart
Comme je vous dis, il y a cette grande longitude, et ils ont cassé le rythme avec les grandes hauteurs des peupliers au fond qui servent à arrêter le visuel pour stopper vraiment sur le tombeau de Jean-Jacques Rousseau.
(Musique)
Zora Hamdam
Tel que Rousseau l’explique dans son livre, « la liberté de la nature est primordiale ». Après 2 ans de travaux, c’est d’abord la partie nord-ouest du parc surnommée désert qui s’achève. Le marquis laisse la nature se répandre pour que chacun puisse s’y promener sans rencontrer les traces de l’homme pour avoir le sentiment de pénétrer ici le premier.
Jean-Claude Curtil
« C’est, dit-il, sur le sommet des montagnes que l’homme est débarrassé des soucis de la vie quotidienne et peut réfléchir à la construction d’une humanité plus juste, plus humaine, plus libre ».
Zora Hamdam
12 ans plus tard, les travaux sont terminés. Rousseau est invité par le marquis. Il arrive, ici, dans ce décor proche de sa philosophie.